Genre : Comédie dramatique
Durée : 104’
Acteurs : Virginie Efira, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Mireille Perrier, Sébastien Pouderoux...
Synopsis :
Rachel a 40 ans, pas d’enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, sa fille de 4 ans. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre ?
La critique de Julien
Pour son cinquième long métrage, la cinéaste française Rebecca Zlotowski a ressenti le besoin de raconter son impuissance, soit celle d’une femme de 40 ans, sans enfants, mais qui en désire, elle qui élève ceux d’un et d’une autre, tandis que son film répare aussi un rendez-vous raté quelques années plus tôt avec Virginie Efira, décidément partout. Par ironie du soir, la réalisatrice est tombée enceinte durant la production de son film, lequel s’avère être une véritable lettre d’amour et de solidarité à ces femmes, jouant souvent un second-rôle dans la vie d’enfants qu’elles élèvent sans être les leurs, tout en leur offrant pourtant tout l’amour et l’attention d’une mère, avec le risque que la relation amoureuse avec leur père se termine un jour...
Porté par l’étincelante Virginie Efira, actuellement à l’affiche du drame "Revoir Paris" d’Alice Winocour, "Les Enfants des Autres" est un drame à la fois intime et universel, qui croque la vie à pleines dents, faisant vivre passions et déchirures à son héroïne, de laquelle Rebecca Zlotowski ne détourne jamais du regard, ou plutôt de la caméra. L’actrice y incarne ainsi une femme juive professeur de français dans un lycée parisien, elle qui va tomber amoureuse d’Ali (Roschdy Zem), rencontré à leur cours de guitare, lui qui est père et designer automobile vivant seul, depuis sa séparation avec Alice (Chiara Mastroianni), lesquels sont parents de Leila (craquante Callie Ferreira), âgée de 4 ans et demi. C’est lors de sa rencontre bouleversante de tendresse avec cette petite que Rachel va remettre en question sa vie, ses choix, ses opportunités manquées, comme celle de n’être pas encore devenue mère, alors que l’horloge biologique tourne pour elle...
La sincérité avec laquelle Rebecca Zlotowski raconte et met en scène cette histoire déchirante laisse transparaître toute la part (semi-)autobiographique du récit de cette femme, aussi banale soit-elle devenue aujourd’hui ; les familles reconstituées étant devenues monnaie courante. Sans artifice, ni fioriture, la cinéaste touche alors pas la simplicité avec laquelle est filme ces moments du quotidien, qui questionnent la position de cette femme, juive, qui partage dès lors une famille, et qui peut s’avérer n’être que de passage dans le rôle de compagne, et donc ici de mère par procuration, mais pour qui il s’agit pourtant aussi de la vie, avec donc les joies et inconvénients de cette situation. Et même si leurs personnages ne vivent ici jamais ensemble, ceux qu’incarnent Virginie Efira, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni et Callie Ferreira forment bien ici une seule et même famille, égarée puis retrouvée, sans rivalité aucune, mais toujours en quête existentielle, calme puis tempétueuse, sans laisser de portes fermées, ni de retour en arrière impossibles... Aussi, le film offre une place incommensurable au souvenir et à son importance, lui qui demeure au-delà de la fin de toute chose, comme de toute relation, de tout lien, indélébile au sein d’une vie.
"Les Enfants des Autres" fait dès lors partie de ces films arc-en-ciel, offrant une palette d’émotions toujours justes et vraies, lequel se regarde comme on écoute une mélodie, à la fois douce, puis triste, souvent mélancolique. On ressort dès lors touché en plein cœur par ce portrait de femme, aussi simple que naturel. Sans doute l’un des plus beaux films de la rentrée, que Virginie Efira étincelle à chaque instant.