Synopsis : L’ex-petite amie du détective privé Doc Sportello surgit un beau jour, en lui racontant qu’elle est tombée amoureuse d’un promoteur immobilier milliardaire : elle craint que l’épouse de ce dernier et son amant ne conspirent tous les deux pour faire interner le milliardaire… Mais ce n’est pas si simple…
C’est la toute fin des psychédéliques années 60, et la paranoïa règne en maître. Doc sait bien que, tout comme "trip" ou "démentiel", "amour" est l’un de ces mots galvaudés à force d’être utilisés – sauf que celui-là n’attire que les ennuis.
Acteurs : Joaquin Phoenix, Jena Malone, Josh Brolin, Reese Witherspoon, Owen Wilson, Benicio del Toro...
Paul Thomas Anderson, "PTA", adapte un roman du même nom, que Thomas Pynchon a publié en 2009 (traduit en français par "Vice caché"). Voici le résumé de ce livre :
Los Angeles, 1970. Doc Sportello est un détective privé d’un genre particulier : il vit sur une des plages de la ville, est un adepte du joint bien roulé, et, à l’occasion, du trip intersidéral à l’acide. Avec son meilleur ennemi, le flic Bigfoot, il enquête sur l’étrange disparition du milliardaire et homme d’affaires Mickey Wolfmann. Tous deux ont de bonnes raisons de tirer au clair cette intrigue, d’en avoir peur, de se perdre en route pour mieux rebondir à grand renfort de bananes glacées ou de marie-jeanne colombienne. Il faut dire que quelques coups de massue donnés par l’Histoire en marche ont fini de détraquer la Californie et de torpiller le rêve hippie : les émeutes du quartier de Watts à Los Angeles, en 1965, ont crispé les esprits et les tensions raciales se sont exacerbées, les assassinats commandités par Charles Manson ont créé un profond traumatisme, sans compter la guerre du Vietnam qui a ramené en ville une jeunesse paranoïaque et détruite.
L’éditeur précise : Ce polar détourné, aux rebondissements rocambolesques, s’appuie sur une multitude de personnages déjantés avec, comme toujours, un fond musical au son du ukulélé. Pynchon nous offre une nouvelle fois un roman jubilatoire avec un art très aigu du dialogue et des digressions dans l’intrigue.
Je n’ai pas lu ce roman, mais sachez que c’est à une expérience proprement hallucinante que j’ai participé en visionnant le dernier film de PTA, son septième. J’apprécie beaucoup ce réalisateur dont j’ai vu quasiment tous les films (sauf le premier). Même si j’avais été désarçonné par The Master, j’attendais beaucoup de son dernier, au casting de haut vol.
Je n’ai pas donné de cotation pour ce film, non qu’il soit mauvais - je crois, au contraire, qu’il est excellent -, mais parce que je ne suis pas arrivé à prendre le train pour le voyage auquel le film me conviait.
Autant le dire tout de suite : vous qui entrerez dans la salle, abandonnez de suite toute velléité de cartésianisme ! C’est une sorte de trip sous acide auquel nous sommes conviés. Le récit est tarabiscoté à souhait, les situations plus déjantées les unes que les autres, les personnages sont improbables et l’on peut même se demander s’ils existent réellement où s’ils ne sont que le fruits de l’utilisation de cocaïne par Larry « Doc » Sportello (Joaquin Phoenix, avec d’incroyables rouflaquettes). De même la voix de Penny est-elle réelle ou bien s’agit-il d’une vue de l’esprit (enfin, vue s’agissant d’audition ne convient pas !), d’autant qu’il me semble qu’elle se nomme Sortilège dans le film ! N’en est-il pas de même des sacs de drogues dans son appartement ?
Qu’en est-il de cette maison où l’on vous propose des cunilingus (enfin les expressions - et les sous-titres - sont beaucoup plus crus et explicites dans le long métrage)... dont vous ne serez pas partie prenante... mais seulement regardante. Qu’en est-il de ce policier, Bigfoot Bjornsen (Josh Brolin) qui mange des bananes glacées et enrobées de chocolat.... de façon si explicite que le réalisateur fait durer le plaisir (!) de son acteur et du spectateur pendant plusieurs minutes, sans compter la sidération de Doc !
J’ai songé à plusieurs reprises à des romans de Bret Easton Ellis (ne sachant pas encore que PTA adaptait Pynchon). Il faut en tout cas s’abandonner au film, le laisser vous submerger pour en jouir pleinement. Dans le cas contraire, vous courrez le risque, comme moi, de rester au bord de la route. Ce serait dommage. Le voyage est long, éblouissant et fascinant et est aussi insensé. Il faut donc vivre chaque instant présent du film pour lui-même et abandonner toute logique, toute prétention à une lecture rationnelle.
Un participant d’un forum cinéma écrit ainsi : "Quelque part entre The Big Lebowski et The Long Goodbye, PTA nous raconte le désenchantement californien, la mort d’un idéal, dans une intrigue à tiroirs qui garantira un bon mal de tête à de nombreux spectateurs."
Un film à voir ou revoir, en toute connaissance de cause et à savourer, comme une banane glacée et enrobée de chocolat ! Lentement, très lentement !