Synopsis : Dans le West End des années 50 à Londres, la préparation de l’adaptation cinématographique d’une pièce à succès est brutalement interrompue par le meurtre de son réalisateur hollywoodien. En charge de l’enquête, l’inspecteur Stoppard - blasé et revenu de tout - et l’agent Stalker - une jeune recrue du genre zélée - se retrouvent plongés au cœur d’une enquête dans les coulisses à la fois glamour et sordides du théâtre. A leurs risques et périls, ils vont tenter d’élucider ce crime bien mystérieux...
Avec : Sam Rockwell, Saoirse Ronan, Adrien Brody, Ruth Wilson, Reece Shearsmith, Harris Dickinson, David Oyelowo, Shirley Henderson
Sans être la comédie policière du siècle, ce premier long métrage du réalisateur britannique Tom George (habitué jusqu’à présent aux séries télévisées) se laisse voir avec gourmandise, d’autant plus que Sam Rockwell et Saoirse Ronan se conjuguent bien au reste du casting pour offrir un film que l’on peut recommander tant aux fans d’Agatha Christie qu’à ceux qui aiment les mises en abime ! En effet, bien plus que le très, voire trop classique whodunit qui ne surprendra pas les amateurs du genre, car celui-ci est très, voire trop classique, c’est cette mise en abime qui nous a séduit. Il faut pour cela connaitre l’histoire de la représentation de la pièce La souricière d’Agatha Christie, toujours jouée à Londres depuis sa création avec son adresse finale aux spectateurs de ne pas divulguer la résolution de l’énigme, à savoir qui est le tueur ou la tueuse, en particulier qu’elle ne pourra être adaptée au cinéma qu’après n’avoir plus été jouée depuis au moins six mois.
Et justement, l’intrigue raconte à la fois la représentation de cette pièce et les enjeux posés par l’adaptation au cinéma, espérée alors que la centième représentation au théâtre a lieu et que l’on espère que ce sera la dernière, surtout à la suite d’un meurtre "inaugural" (il y en aura d’autres). Et tout le jeu du film est de passer de la scène à l’adaptation souhaitée, d’une part et, d’autre part, de cette pièce qui, d’une certaine façon, se joue dans la "vie réelle" avec l’arrivée de l’inspecteur Stoppard (blasé et revenu de tout) et l’agent Stalker, beaucoup trop zélée (et qui sont eux-mêmes d’une certaine façon des personnages de la pièce La souricière !). Et dont on vous laisse découvrir l’issue (que l’on taira bien sûr, conformément à l’instruction qui est donnée aux spectateurs en brisant le quatrième mur).
Mais ce qui nous a séduit le plus, au-delà d’une intrigue somme toute convenue et sans véritable surprise "policière", c’est le rapport du film avec l’interdiction de produire "La souricière" au cinéma. En effet, le réalisateur arrive à contourner, détourner, obvier cette interdiction, non pas en faisant un film qui adapte la pièce, mais en inscrivant au cœur même de l’intrigue cette interdiction, en s’en jouant pour la déjouer. Et là, ce fut jubilatoire pour nous !