Genre : Comédie
Durée : 92’
Acteurs : Pierre Richard, Eddy Mitchell, Bernard Le Coq, Alice Pol, Claire Nadeau...
Synopsis :
Pour venir en aide à des migrants qu’il cachait à Paris, Pierrot les conduit dans le Sud- Ouest chez Antoine qui lui-même accueille déjà Mimile, en pleine reconquête amoureuse de Berthe. S’attendant à trouver à la campagne calme et volupté, les six réfugiés goûteront surtout à la légendaire hospitalité d’un village français. L’occasion rêvée de secouer les peurs et les préjugés pour Sophie et nos trois Vieux Fourneaux, promus consultants inattendus d’une campagne électorale que Larquebuse, le maire de Montcoeur, n’est pas prêt d’oublier.
La critique de Julien
Quatre ans après leur première aventure cinématographique, Pierrot, Mimile et Antoine, les trois vieux lascars et amis d’enfance du troisième âge (bien avancé) issus de la bande-dessinée française "Les Vieux Fourneaux", sont de retour au cinéma ! Co-scénarisé une nouvelle fois avec Wilfrid Lupano, lui-même auteur des BD, "Bons Pour l’Asile" s’inspire - pour mieux s’en éloigner - du cinquième tome du même nom, paru quelques mois après la sortie du premier film, déjà mis en scène par Christophe Duthuron. Dans cette suite, Pierre Richard (Pierrot), Eddy Mitchell (Emile) et Alice Pol (Sophie) reprennent leurs rôles respectifs, tout comme Myriam Boyer (Berthe), alors que Roland Giraud (Antoine) a laissé sa place à Bernard Le Coq pour raison de santé.
Des "Vieux Fourneaux", on garde une aventure réalisée avec panache et fidélité, touchante, entre nostalgie et humanité, qui a plus ou moins plue aux fans de la bande-dessinée, bien que dispersée, et à l’humour moins pétillant que dans l’œuvre originale. Toujours dans le même esprit, cette suite nous permet de retrouver ces trois vieillards, très expressifs, plutôt anarchistes, et véritables grandes gueules, à la rencontre cette fois-ci des migrants. Et étonnement, ce ne sont pas les fourneaux qui vont devoir travailler sur eux-mêmes, mais bien eux qui vont inviter les habitants d’un village en perdition, en pleine compagne électorale, et reclus sur lui-même, à tendre justement la main aux "étrangers", et ainsi briser leurs a priori...
Sincère, "Les Vieux Fourneaux 2" ne prétend pas secouer les mentalités, mais apporte sa pierre à l’édifice quant à la question de la tolérance, la dignité, et l’ouverture d’esprit, tandis qu’il met aussi en scène le dépeuplement progressif du milieu rural, pour lesquels de rares assidus persistent et se battent encore, vainement. Ce second épisode n’a donc pas à rougir de son aîné, même s’il cabotine davantage en termes d’humour, où Pierre Richard, un brin poussif, est fidèle à lui-même lequel, opéré de la rotule avant le tournage, se déplace ici avec une béquille. Mais c’est mal connaître l’acteur de croire qu’il s’agit-là d’une béquille classique, laquelle a été ici customisée, tel un couteau suisse, bourré de gadgets.
De bonnes intentions et une vraie sympathique se dégagent du film de Christophe Duthuron. Sauf que ce dernier ne décolle jamais vraiment, tandis que le scénario, un peu trop sage et qui ne se résume qu’à son synopsis, laisse manifestement de côté certains personnages, pas très utiles au déroulé de l’histoire, comme Mimile, qui répète tous les matins le même rituel, ou encore Sophie (Alice Pol), perdue dans un héritage. Par contre, nouveau dans l’équipe, le personnage de Bernard Le Cocq est prépondérant, lui qui s’en sort plutôt bien, au même titre d’ailleurs que Claire Nadeau (la grande mère de la famille Tuche), dans la peau d’une dame décalée qui, si elle semble ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, a bien la tête sur les épaules. C’est d’ailleurs par son biais que "Bons pour l’Asile" tire l’une de ses meilleures et fortes scènes.
Dans l’absolu, "Les Vieux Fourneaux 2" ne tombe donc pas dans le piège de la suite mécanique n’existant que pour remplir le tiroir-caisse. Cette comédie à bon cœur, et évite la caricature, autour du thème pourtant casse-pipe des demandeurs d’asile. C’est à la fois un film léger, qui ne se moque jamais, ni même gentiment, de ce qu’il défend, tout en restant dans l’univers et le ton de la bande-dessinée de laquelle il s’inspire...