Synopsis : Un papa quitte son misérable village brésilien en quête de travail. Très vite, son petit garçon part à sa recherche.
Commence alors un émouvant voyage initiatique ; il croisera tous les périls du monde adulte et les transformera, avec son regard d’enfant, en animaux machines et autres créatures étranges. Une aventure poétique bourrée de dessins aux couleurs chatoyantes et de bonne musique.
Ce film d’animation brésilien sans dialogues (mais pas sans paroles, j’y reviendrai) a été une véritable surprise et je regrette de n’avoir pas été dans les meilleures conditions pour le visionner. J’avoue m’être un peu assoupi durant la projection presse ! C’est un risque quand on visionne plusieurs films d’affilée et que l’on prend un repas pas nécessairement équilibré et trop rapidement entre deux films ! Je le regrette d’autant plus que ce film est un festival de sons et d’images.
Déjà sorti en France l’an dernier, sa sortie est prévue pour le 18 mars en Belgique... mais le temps des vacances de carnaval sera propice à le voir avant. Il a été projeté dans le cadre du festival Anima au Studio 4 le samedi 14 février à 16h00 et le mardi 17 à 10h00.
Le film commence avec des images très simples, filiformes qui deviennent de plus en plus complexes et se déploient en une multitude de déclinaisons, variations pour nous proposer de nouveaux univers visuels. Bien plus, le son ou les bruitages nous aident à entrer dans cet univers, parfois complexe. Si le film est sans dialogue, certains personnages "parlent" ! Il s’agit d’un langage inventé pour la circonstance, une sorte d’espéranto incompréhensible. Ces deux termes semblent antagonistes. Et c’est ainsi que j’ai perçu la langue du film : à la fois un universel humain (qui permet une diffusion du film dans le monde sans se soucier des traductions) et en même temps, l’antique punition de Babel (récit mythique qui nous invite à penser la dispersion et l’incompréhension de l’humanité séparée par le langage qui devrait les rassembler). Dans la même veine, les textes affichés à l’écran sont incompréhensibles et majoritairement affichés à l’envers (tout comme les chiffres). Là aussi, je perçois ces textes et chiffres avec la même grille (universalité et incompréhension) que pour la "langue" utilisée durant le film.
Ce dernier est annoncé par Anima pour les plus de six ans. Certes, mais le film gagnera beaucoup a être vu aussi (et même d’abord et avant tout) par les adultes. Il nous invite à une réflexion sur le monde, l’exode rural, l’industrialisation et la mécanisation, la déforestation, la déshumanisation... Et pour ceux qui n’auraient pas saisi, il y a même une vingtaine de secondes d’images du monde "réel" qui viennent nous confronter à une double cruauté : celle "naturelle" du monde (voir à ce sujet ma critique du film de Jean-Jacques Annaud : Le dernier loup (Wolf Totem), mais aussi et surtout, celle, ajoutée, de l’homme vis-à-vis de lui-même et de la Nature.
Le seul "reproche" que l’on pourrait faire à ce film (d’une durée de 80 minutes) serait justement l’appui parfois trop forcé sur certaines thématiques au risque d’être manichéen (les oiseaux coloré et noir qui s’affrontent) et de manquer de subtilité. Le spectateur ainsi averti pourra alors comprendre cette accentuation par la probable volonté du réalisateur et/ou de son équipe de faire comprendre l’urgence des changements de comportement qu’il faut adopter face à une mondialisation aux conséquences dramatiques !