Genre : Comédie
Durée : 98’
Acteurs : Clovis Cornillac, Alice Pol, Lilou Fogli...
Synopsis :
Pierre, la quarantaine, a toujours vécu loin des désordres du monde, entre ses abeilles et ses hibiscus. Lorsque ses parents disparaissent, c’est tout son univers qui bascule : il découvre qu’il a été adopté et doit apprendre à survivre dans une société moderne qu’il n’a jamais connue. Déterminé à élucider le mystère de ses origines, il croise la route d’Anna qui, touchée par la bienveillance de cet homme pas comme les autres, accepte de l’aider. Mais à mesure qu’il progresse dans son enquête, Pierre se décolore comme par enchantement.
La critique de Julien
Pierre Feuillebois (Clovis Cornillac) a la quarantaine, et est passionné d’abeilles et d’hibiscus. Alors qu’il a toujours vécu "coupé du monde", dans la nature, protégé par ses parents, ses derniers décèdent accidentellement. Héritant de quarante-cinq mille euros et de leur appartement à Lyon, cette triste situation amènera l’orphelin à quitter son nid montagnard pour la ville, et surtout pour la civilisation, dont il ne connaît rien. En quête de ses origines (il n’est pas au bout de ses surprises), Pierre rencontrera Anna (Alice Pol), une femme révoltée et déçue par la vie, elle dont la garde de sa petite fille lui a été retirée. Mais elle n’a plus touché à une bouteille d’alcool depuis un an, et cherche intensivement un travail et un domicile fixe afin de la retrouver. C’est alors qu’elle croisera la route de cet homme, pas pressé, certes "spécial", mais très humaniste, lequel tendra indirectement la main à Anna, elle qui trouvera au travers de lui la force pour remonter à la surface. Cette dernière l’aidera alors dans sa quête identitaire, ainsi qu’à découvrir un monde dont il ne connaît pas les codes...
Troisième réalisation de Clovis Cornillac, "C’est Magnifique" est un petit conte qui débute comme une comédie sociale naïve et décalée, avant de migrer vers le cinéma fantastique, à mesure que son personnage principal découvrira (ou non) "qui il est". Pour mettre en scène cette quête initiatique, Clovis Cornillac a souhaité imprégner son film d’émotions de notre enfance, desquelles se dégagent ici une douce poésie, et cela, par exemple, au travers des changements de couleurs impromptus de son personnage, ce qui amènera son lot de péripéties fantasques, aux échos fantastiques. Les décors participent aussi ici à cette sensation de féerie, comme un appartement conservé dans son jus d’antan, jusqu’à une grotte fleurie perchée dans les Alpes... Et puis, cette histoire de héros à la simplicité détonante nous emmène également dans une ville de Lyon rendue fantasmée et idéalisée par son réalisateur, lui qui y est né, et y a passé ses vacances chez ses grands-parents. D’ailleurs, le cinéaste y dirige ici sa maman, Myriam Boyer, dans un rôle clef... Mais la plus belle rencontre du film reste celle qu’il partage avec Alice Pol (Anna), elle qui, pour une fois, n’en fait pas des caisses. Soulignons aussi le rôle de l’acteur franco-suisse Gilles Privat, dans la peau d’un travesti au grand cœur, arborant une perruque unique en son genre...
Tourné il y a près de trois ans (!), "C’est Magnifique" est également porté par la chanson - fil rouge - du même titre de Dario Moreno. Le bon sens enfantin de cet homme (pas comme les autres) entraînera alors, vis-à-vis de la société moderne, quelques situations et rencontres cocasses, qui rythmeront, pas toujours efficacement, l’histoire. Dommage aussi que le film n’aboutisse pas vraiment vis-à-vis de la quête initiale, et se perde même ici dans une histoire de manipulation orchestrée (ou quelque chose comme ça), dont le film n’avait absolument pas besoin, quitte à en effacer littéralement - un temps - son personnage principal. Mais heureusement, la magie revient bien vite... Finalement, "C’est Magnifique" est une comédie à la candeur extrême, mais dont l’intrigue, légère et inoffensive, pêche par son excès de bienveillance, et son manque de ton.