Genre : Comédie dramatique
Durée : 109’
Acteurs : Alban Ivanov, Sabrina Ouazani, Michèle Bernier, Bérengère Krief, Moussa Maaskri, Guy Marchand...
Synopsis :
David, jeune paysan du Cantal, vient d’avoir une idée : pour sauver son exploitation de la faillite, il va monter un cabaret à la ferme. Le spectacle sera sur scène et dans l’assiette, avec les bons produits du coin. Il en est sûr, ça ne peut que marcher ! Ses proches, sa mère et surtout son grand-père, sont plus sceptiques.
La critique de Julien
Après avoir dirigé Benoit Poelvoorde dans "Profession du Père" (2020), Jean-Pierre Améris s’est inspiré de l’histoire vraie de David Caumette pour "Les Folies Fermières". Dernier éleveur du village de sa commune de Garrigues dans le Tarn, c’est en 2007, pour sauver la ferme familiale de ses parents, qu’il a décidé de démissionner de son poste de directeur d’exploitation en lycée agricole pour reprendre l’exploitation. Il y a alors ouvert une boucherie-charcuterie, laquelle a évoluée en une boutique de producteurs locaux, puis, à partir de 2015, en un restaurant à la ferme, où les clients pouvaient ainsi manger les produits du terroir, tel un "spectacle dans l’assiette". Mais quitte à parler de "spectacle", autant sortir le grand jeu ! C’est ainsi que, sous l’impulsion de son épouse, l’artiste-paysan a décidé d’y ouvrir un cabaret, en parallèle du service en table, en plein milieu de sa ferme. Et le succès fut au rendez-vous, et l’est toujours, pour l’exploitant agricole, lequel a même créé une quinze d’emplois au fil des années. C’est donc cette incroyable histoire, racontée sur le ton de l’humour et de la bienveillance, cachant pourtant une dure réalité, que le cinéaste français a décidé de mettre librement en scène.
Le constat est clair : depuis 2010, vingt-sept fermes disparaissent chaque jour en France, dont un tiers en élevage, tandis que plus de 350 agriculteurs se suicident chaque année. Touché par la façon fantaisiste dont David Caumette a répondu à sa situation difficile, Jean-Pierre Améris, Lyonnais parisien, n’a donc eu d’autre choix que de s’immerger, comme toute son équipe, dans la (dure) réalité du milieu paysan pour adapter cette histoire burlesque, mais sans en oublier son contexte social. Tourné en Auvergne, dans le Cantal, plutôt que dans le Tarn, "Les Folies Fermières" lui permet de diriger pour l’occasion Alban Ivanov dans le rôle-titre, face à Sabrina Ouazani, lesquels avaient déjà joué ensemble dans la comédie footballistique "Une Belle Équipe" (2018) de Mohamed Hamidi. Le premier campe ainsi un ledit paysan, ayant plus d’un tour dans son sac pour sauver la ferme familiale, malgré le scepticisme de ses proches, dont celui de sa mère (Michèle Bernier, à contre-emploi), et surtout son grand-père traditionnelle (Guy Marchand). Ivanov, très prolifique ces temps-ci au cinéma (on le retrouve actuellement à l’affiche du "Médecin Imaginaire" d’Ahmed Hamidi et des "SEGPA" d’Ali et Hakim Bougheraba), est alors irrésistible dans la peau de cet homme authentique, persévérant, attendrissant et touchant, tandis que Sabrina Ouazani, moins agressive qu’à l’accoutumée, montre une autre facette de son jeu, en danseuse de pole-dance tout en bagout, recrutée pour diriger le futur cabaret de David. "Les Folies Fermières", c’est donc aussi l’histoire d’une rencontre entre deux individus totalement opposés, que le destin va alors (ré)unir dans une même - et improbable - aventure. Dommage que les seconds-rôles soient ici sous-exploités, eux auraient mérité plus de place (dont les artistes du spectacle), sans parler du format très téléfilm de ces "Folies Fermières", qui en manquent, justement, de folie, tout comme de surprise.