Genre : Comédie dramatique
Durée : 113’
Acteurs : Nicolas Gob, Alban Lenoir, Bilal El Atreby, Michaël Abiteboul, David Baiot, Romain Lancry, Roland Menou, Geoffrey Couët...
Synopsis :
Alors qu’elles sont en route pour les Gay Games de Tokyo, les Crevettes Pailletées ratent leur correspondance et se retrouvent coincées au fin fond de la Russie, dans une région particulièrement homophobe...
La critique de Julien
Les Crevettes Pailletées sont de retour ! Cédric Le Gallo et Maxime Govare remettent le couvert avec une aventure encore plus folle que la précédente ! Cela fait maintenant trois années que "Les Crevettes Pailletées" est sorti au cinéma, lui qui, s’il ne creusait pas énormément ses enjeux, explosait par sa sympathie, ses punchlines, tout en assumant totalement son côté kitsch, avec fraîcheur et dynamisme. Ode à la tolérance qui avait aussi le mérite de pointer du doigt un sujet tabou en milieu sportif, mais surtout de rassembler, et de détruire les préjugés par l’humour, cette comédie avait su fédérer un large public, elle qui était inspirée de l’histoire vraie d’une équipe de water-polo gay participant aux Gay Games, et de laquelle le coréalisateur Cédric Le Gallo fait toujours partie. Après les Gay Games en Croatie, place donc aujourd’hui à la cérémonie d’ouverture de ces mêmes jeux, mais à Tokyo. Sauf que l’équipe se retrouvera embarquée dans une mésaventure en Russie, eux qui n’étaient pourtant censés y rester que le temps d’attente de leur correspondance...
Tandis qu’ils l’ont tourné en Ukraine pour les scènes se déroulant en Russie, Cédric Le Gallo, Maxime Govare et leur co-scénariste Romain Choay ont eu le feu vert d’Universal pour écrire absolument tout ce qu’on voulait, et donc donner davantage de visibilité aux personnes LGBTQIA+. Après avoir traité de l’homophobie dans le milieu sportif, cette suite traite alors de l’homophobie en banlieue, au travers du (nouveau) personnage de Selim (joué par Bilal El Atreby), ainsi que de guet-apens homophobes, et surtout des ignobles thérapies de conversion pour homosexuels, ayant pour objectif de modifier leur orientation ou leur identité sexuelle. C’est en tout cas dans ce type de lieu fallacieux, qui renforce les préjugés homophobes et pouvant affecter durement la santé physique et psychologique des personnes qui y sont sujet, qu’une partie des Crevettes se retrouvera, pendant qu’une autre cherchera à les en faire sortir. Aussi, il sera question de quelques secrets mis à mal entre membres de cette équipe, tout comme du deuil de la disparition de Jean (Alban Lenoir), décédé à l’issue du premier film.
Dans le même esprit que son prédécesseur, "La Revanche des Crevettes Pailletées" se révèle pourtant plus sombre et encore plus militant vis-à-vis de la condition des homosexuels en Europe. Dommage cependant que son écriture soit si forcée et, pour le coup, loin d’être naturelle, dans le sens où il n’y avait, par exemple, qu’un seul pays où les Crevettes pouvaient rester coincer (soit l’un des moins tolérants au monde). On regrette aussi que les Crevettes ne mouillent quasiment plus ici leur maillot, outre que lors des génériques, en chanson. Pourtant, on aimait voir ces acteurs se trémousser sans complexe, laissant ainsi leur virilité au placard. Aussi, on ne comprend pas pourquoi certains dialogues russes ne sont pas traduits, notamment lors de la longue confrontation embarrassante entre des forces de l’autorité russe et le mari politique d’une des Crevettes. Mais ces écarts ne gâchent en rien le plaisir de retrouver cette team pas comme les autres, qui déconstruit les clichés pour s’en amuser, et qui défend une minorité qui en a(ura toujours) besoin. De plus, un spectre se dégage de la comédie de Cédric Le Gallo et Maxime Govare, à savoir la guerre en Ukraine, quand on sait que plusieurs acteurs et techniciens ukrainiens du film ont rejoint l’armée depuis l’invasion de leur pays par la Russie. Derrière cette fiction, se cache dès lors une double réalité, qui inquiète et qui fait mal, et qui touche instantanément.
Si leur retour n’était, sur papier, pas indispensable, les Crevettes Pailletées invitent une nouvelle fois à une bonne dose de tolérance, en pointant de plus l’absurdité de notre époque vis-à-vis de la question de l’homosexualité, que des gouvernements essaient toujours de bafouer ou de mettre sous silence, dont en Russie, où la propagande LGBTQIA+ est interdite sur la voie publique (mais pas que), tandis que des idées réactionnaires et d’extrême-droite font leur retour dans le monde, comme en Hongrie ou en Pologne, où la notion d’homophobie n’existe d’ailleurs juridiquement pas, tandis que le parti nationaliste Droit et justice (PiS), au pouvoir depuis 2015, vient d’y créer des zones garanties sans personnes LGBT ; des zones « libres d’idéologie LGBT ». Tout cela pour relever l’importance d’un tel film, malgré ses défauts apparents.