Genre : Film d’animation, familial
Durée : 100’
Acteurs : Sam Rockwell, Craig Robinson, Awkwafina, Anthony Ramos, Richard Ayoade, Zazie Beetz, Alex Borstein...
Synopsis :
Une adaptation de la célèbre série littéraire racontant les aventures de M. Loup, M. Requin, M. Serpent, M. Piranha et Mme Tarentule, lassés d’être des méchants.
La critique de Julien
Produit par DreamWorks Animation et distribué par Universal Pictures, "Les Bad Guys" est le premier long métrage d’animation réalisé par le cinéaste lyonnais Pierre Perifel, déjà à l’œuvre sur les courts métrages primés "Bilby" (2018) et "Le Building" (2005), lui qui avait auparavant travaillé comme animateur chez DreamWorks Animation, notamment sur la franchise "Kung Fu Panda", ou encore "Shrek 4 : Il était une fin" (2010). Vaguement basé sur la série de livres australiens pour enfants du même nom d’Aaron Blabey, ce film d’animation nous emmène à la rencontre des cinq redoutables criminels de haut vol les plus recherchés au monde, lesquels s’apprêtent à commettre un nouveau casse : celui de voler un trophée en or destiné à un bienfaiteur. Sauf qu’en réalité, par plusieurs concours de circonstances (telle que la découverte de l’agréable sensation de reconnaissance d’autrui), le méfait le plus improbable qu’ils s’apprêtent à commettre est bien celui de devenir des citoyens respectables...
Il y a tout d’abord le chef de la bande, M. Loup, un fringant et gentleman pickpocket, puis M. Serpent, sarcastique commandant en second et meilleur ami de M. Loup, lequel est un expert en ouverture de coffres-forts. La troupe est complétée par M. Requin, maître en camouflage, au sang très froid malgré son côté enfantin et sensible, ainsi que par M. Piranha, le petit costaud de la bande au caractère très soupe-au-lait, et enfin Mme Tarentule, le cerveau de la bande et exceptionnelle pirate informatique. Mais derrière ce gang en déclin se cachent bien évidemment des méchants pas vraiment méchants, lesquels n’ont en effet jamais eu la moindre chance d’agir différemment, eux qui accusent ainsi un sacré vide affectif, et donc une bonté cachée. D’ailleurs, c’est leur rencontre avec ledit bienfaiteur, le professeur Rupert Marmalade IV, un cochon d’Inde philanthrope arrogant, qui proposera à la troupe de se racheter, après avoir essayé de le voler. Mais le marché conclu avec ce dernier et les forces de l’ordre de Los Angeles – qu’ils pensaient au départ ne pas honorer – les fera bifurquer un à un vers une destination insoupçonnée : le chemin de la rédemption...
Puisant ses décors dans les grands quartiers de Los Angeles, "Les Bad Guys" profite d’une riche animation texturée cartoonesque, entre 2D et 3D, inhabituelle donc, et que l’on sent également inspirée de livres, baignant dans des tons gris-ocres singuliers. Fondamentalement prévisible et pas cohérente pour un sou, voire également pompée sur le "Zootopie" de Disney, cette histoire réserve pourtant son lot de petites surprises, venant ainsi relever le niveau d’une écriture que l’on pensait au départ toute tracée, sans oublier quelques clins d’œil bien placés à de classiques films de casses, et réservés donc aux adultes. L’aventure en question, un brin longuette et délurée, nous offre alors plusieurs niveaux de lecture intéressants, à partager avec les enfants, notamment sur l’amitié, la confiance, le pardon, ainsi que sur la nécessité de creuser une personnalité, et donc de ne pas s’arrêter aux apparences. Avec son montage épileptique, "Les Bad Guys" met ainsi en scène d’effrayants et méprisables monstres qui ne le sont évidemment pas, au contraire d’un essaim de cochons d’Inde, alors possédés par quelqu’un d’encore plus malintentionné que ces soi-disant méchants. M. Loup (excellemment doublé par Pierre Niney) et ses amis découvriront ainsi leur vraie nature, en changeant dès lors de perspective de vie, pour le bien. Bref, un retournement de situation finalement assez convenu...
Avec un humour qui joue de la surenchère, et une caractérisation de personnages très premier degré, "Les Bad Guys" plaira sans doute davantage aux enfants qu’à toute la famille, lui qui manque d’émotions et de réalisme, mais au profit de valeurs humaines qui ne sont toutefois pas dénuées d’intérêt ni de charme. Les plus jeunes y trouveront ainsi leur compte, l’intrigue ne lésinant pas non plus sur des scènes d’action impressionnantes, dont des courses-poursuites rocambolesques. Et puis, qu’est-ce que cette troupe de personnages est sympathique. Le comble pour des méchants... gentils !"
