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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Clio Barnard
Ali & Ava
Date de sortie : 23/03/2022
Article mis en ligne le 30 janvier 2022

par Charles De Clercq

Synopsis : Pour des raisons différentes, Ali et Ava se sentent chacun seuls. Ils vont se rencontrer grâce à leur affection commune pour la fille des locataires slovaques d’Ali, Sofia (6 ans), dont Ava est l’assistante scolaire. La chaleur et la gentillesse d’Ava réconfortent Ali tandis qu’elle apprécie son humour et sa complexité. D’une nouvelle lune à l’autre naît un lien profond, puis une passion qui les enflamme. Mais les séquelles de la précédente relation d’Ava et le désarroi émotionnel d’Ali assombrissent ce nouvel amour.

Acteurs : Adeel Akhtar, Claire Rushbrook, Shaun Thomas

C’est une petite perle que nous propose la réalisatrice britannique Clio Barnard, après ses deux premiers longs métrages de fiction, The Selfish Giant (Le Géant égoïste) en 2013 et Dark River en 2017. Ali & Ava a été présenté à la quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2021. Elle se lance cette fois-ci dans la comédie romantique tout en n’abandonnant pas son regard social sur la réalité de son pays et de ceux qui y résident. Elle nous conte l’histoire de deux êtres que tout oppose et qui ne devraient jamais se rencontrer. Ils sont entourés, mais fondamentalement seuls.

Ava (Claire Rushbrook) est veuve, mère de cinq enfants (dont on ne voit pas la majorité qui ont grandi) et vit avec l’un d’eux, la compagne de celui-ci et leur enfant. L’on apprendra au cours du film que son mari était violent, la battait, mais que son fils, très protecteur, n’en sait rien et adule son père dont il porte régulièrement les bottes (celles-là mêmes avec lesquelles il manifestait sa violence sur Ava). Ali (Adeel Akhtar, fabuleux), lui est britannique, d’origine pakistanaise et il est propriétaire. Il va voir ses locataires, non pour vendre des roses, mais pour récolter des loyers. Et il le fait avec bonne humeur. Il n’y a pas là un drame social d’exploitation humaine. Il vit avec son épouse ou plutôt il cohabite avec elle (qui loge dans une autre pièce de la maison). Ils se sont séparés (sans que l’intrigue nous dise beaucoup sur les raisons sinon que l’on sent encore de l’affection entre les anciens époux), mais ont tu la chose pour leur entourage et leurs proches. Ainsi posés, ces personnages aux nombreuses cicatrices au passé douloureux, en détresse sentimentale et affective, pourraient donner un film lourd, triste, austère et noir. Il n’en sera rien.

C’est grâce à un jeune enfant d’un des locataires d’Ali qu’il va rencontrer Ava qui en est une des éducatrices. C’est cette rencontre, avec son évolution (parfois même avec des situations dangereuses quand le fils d’Ava surgit tel Zorro - on n’en dira pas plus !) ses doutes, ses rapprochements qu’il nous est donné de découvrir tout au long du film, qui est d’abord une histoire d’amour plus qu’un drame social. Il y aura des hauts et des bas dans cette relation filmée et évoquée de façon subtile, sans en faire de trop, laissant place aux émotions, à la déception, au chagrin, aux questions de ces êtres fragiles et blessés qui arrivent à dépasser leurs vulnérabilités pour une issue que l’on vous laisse découvrir à l’écran. Ajoutons que la musique diégétique joue un rôle important, car lui compose, une musique qui n’est pas celle que préfère Ava... qui lui en fera découvrir d’autres.



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