Genre : Drame, biographie
Durée : 111’
Acteurs : Kristen Stewart, Sean Harris, Sally Hawkins, Timothy Spall, Jack Farthing, Richard Sammel...
Synopsis :
Au début des années 90, durant la période de Noël, la princesse Diana conclut que son mariage sans amour avec le prince Charles ne fonctionne pas. Elle va alors devoir s’écarter de la voie qui lui était tracée en tant que future reine.
La critique de Julien
Après avoir notamment filmé Natalie Portman dans la peau de Jacqueline Bouvier Kennedy durant les quelques jours ayant suivi l’assassinat de John F. Kennedy dans le film "Jackie" (2017), le réalisateur chilien Pablo Larrain s’intéresse aujourd’hui à une autre figure féminine ayant hérité d’un haut pouvoir et de grandes responsabilités par union du mariage, à savoir ici Diana, princesse de Galles, icône d’activisme et de glamour, que Kristen Stewart interprète avec beaucoup mimétisme. Sobrement intitulé "Spencer", le film se concentre alors sur trois journées vécues par la First Lady, tant apprécie du public et admirée, alors que la famille royale britannique s’apprête à passer les vacances de Noël au domaine Sandringham à Norfolk, en décembre 1991, tandis que son mariage avec le prince Charles (Jack Farthing) est devenu tendu en raison de sa liaison avec Camilla Parker Bowles (Emma Darwall-Smith). Et c’est durant ces quelques jours que la princesse va définitivement conclure que son mariage ne fonctionne plus, d’autant plus qu’elle rejette les responsabilités qu’il lui incombe...
Entourée de ses enfants, Diana croisera durant son séjour le chef cuisinier royal Darren McGrady (Sean Harris), lui rappelant qu’elle est attendue (tandis qu’elle lui dira que le domaine voisin abandonné depuis longtemps, Park House, était sa maison d’enfance), mais également l’écuyer major Alistair Gregory (Timothy Spall), qui tentera quant à lui de la conformer aux pressions de la vie royale en lui rappelant que les soldats de l’armée britannique meurent en tentant de protéger les intérêts de la Couronne (et donc par extension les siens !), ainsi que la commode royale Maggie (Sally Hawkins), qui l’encourage à combattre à la fois la famille royale et à remplir les obligations qu’on attend elle. Hantée par la vision d’Anne Boleyn (dont elle trouvera un livre dans sa chambre assignée), en sa qualité d’épouse royale abandonnée, Diana erra dès lors dans la propriété, en quête de réponse, tout en étant la plus immobile possible dans ses attitudes vis-à-vis de sa belle-famille et l’image qu’elle doit renvoyer, elle qui répondra à son fils William (Jack Nielen) qu’elle sera sa mère lorsque ce dernier lui demandera si elle veut devenir reine...
Tout comme son film consacré à Jackie Kennedy, "Spencer" ne jette ici qu’un regard contemplatif sur un épisode crucial de la vie de sa protagoniste Diana, le tout filmé dans des décors brumeux, froids et majestueux du château de Nordkirchen, en Allemagne, alors sublimés par la photographie de Claire Mathon (ayant notamment travaillé sur le film "Portrait de la Jeune Fille en feu" de Céline Sciamma). Alors que le réalisateur se focalise sur le jeu de regards et la tenue des corps, le scénario de Steven Knight joue quant à lui sur des dialogues purs, non-équivoques, ciselés, et finalement peu nombreux, eux qui laissent transparaître tout le mal-être de la Princesse, qui n’était tout simplement pas (plus là) à sa place, dans cette "maison" où "il n’y avait pas d’avenir", et où "le passé et le présent étaient identiques". Elle se devait de jouer un rôle dans l’intérêt du pays, elle qui aimait pourtant les choses simples, ordinaires. Bref, les vraies choses. Servi également par la musique rigide baroque et jazzy de Jonny Greenwood, "Spencer" ressemble alors à un long fleuve tranquille, qui bouillonne pourtant de l’intérieur, mais devant lequel le spectateur est aussi passif que Lady Di, avant qu’elle ne prenne son envol, sa liberté...