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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Johannes Roberts
Resident Evil : Bienvenue à Racoon City
Sortie du film le 08 décembre 2021
Article mis en ligne le 27 décembre 2021

par Julien Brnl

Genre : Horreur, action

Durée : 107’

Acteurs : Kaya Scodelario, Hannah John-Kamen, Avan Jogia, Tom Hopper, Donal Logue, Robbie Amell, Neal McDonough...

Synopsis :
Autrefois le siège en plein essor du géant pharmaceutique Umbrella Corporation, Raccoon City est aujourd’hui une ville à l’agonie. L’exode de la société a laissé la ville en friche, et un grand mal se prépare sous la surface. Lorsque celui-ci se déchaîne, un petit groupe de survivants doit découvrir la vérité sur Umbrella et survivre à la nuit.

La critique de Julien

Alors que la série d’animation "Resident Evil : Infinite Darkness" est sortie l’été dernier sur Netflix, c’est au cinéma que célèbre jeu vidéo de la société japonaise Capcom connaît une renaissance, ou plutôt un reboot, après la saga très prolifique de six films, initiée en 2002 par Paul W.S. Anderson, dans laquelle son épouse, Milla Jovovich, tenait alors le haut de l’affiche, dans un combat musclé avec Umbrella Corporation, dont les armes biologiques avaient déclenché une apocalypse zombie. Alors que James Wan avait exprimé en premier son intérêt pour relancer la saga zombiesque en tant que producteur, suivi par le président de Constantin Film, Martin Moszkowicz, c’est Johannes Roberts ("47 Meters Down") qui a été choisi pour réaliser et scénariser cet épisode, souhaité comme plus fidèle au jeu vidéo, et expérimentant la terreur viscérale s’en dégageant. Tandis qu’il propose une bonne dose de fan-service, "Resident Evil : Bienvenue à Racoon City" reprend ainsi les éléments principaux de l’intrigue des deux premiers jeux, à savoir le manoir Spencer, et commissariat de Police de Racoon City.

Attendu (ou non) par les fans de la franchise vidéoludique à succès, on n’est cependant pas certain que ce reboot engendra plus d’adhésion de leur part qu’envers les précédents films... On apprécie d’une part le volonté de son réalisateur d’être revenu aux vraies sources du matériau originel, tout comme celle d’avoir créé les décors d’une petite ville américaine mourante, alors que l’intrigue, elle, se situe en 1998, après une scène d’introduction se déroulant, quant à elle, des années plus tôt, alors que Claire et son frère aîné Chris vivent à l’orphelinat de Raccoon City, supervisé par le Dr William Birkin (Neal McDonough), un employé d’Umbrella Corporation, lequel expérimente ses propres recherches sur des enfants. "Bienvenue à Racoon City" met alors en scène des passages cultes rencontrés dans lesdits jeux vidéo, pour notre plus grand plaisir, tandis que l’atmosphère poisseuse et sombre qui les caractérise est bien reconstituée - ou du moins dans sa première partie - tandis qu’on y retrouve également les personnages clefs, tels que de Chris Redfield (Robbie Amell), Claire Redfield (Kaya Scodelario), Jill Valentine (Hannah John-Kamen), Albert Wesker (Tom Hopper) ou encore Leon S. Kenned (Avan Jogia). On s’amuse alors des nombreux easter eggs glissés ici et là, tandis que les chœurs de la musique Mark Korven résonnent avec effroi dans nos oreilles, à la manière de ceux qu’il a utilisés dans l’excellent "The Lighthouse" de Robert Eggers. Et puis, le cinéaste joue beaucoup sur le champ-contrechamp ainsi que sur les zones d’ombre - principalement de dos - pour les apparitions de ses zombies, créant dès lors le petit frisson attendu, mais dès lors de manière prévisible. Et malgré toutes ces bonnes volontés, ce reboot est un piètre gâchis, qui sent le travail bâclé.

Malgré des présentations soignées et un premier acte qui installe ses personnages et les décors, le film de Johannes Roberts s’enlise rapidement dans une mise en scène qui passage d’un lieu à l’autre, sans même nous laisser le temps de nous en imprégner, et encore moins du danger qui y rôde. L’intrigue ne prend alors jamais le temps d’expliquer les choses, de creuser ses enjeux, se limitant alors à courir après le temps, alors que l’intrigue se déroule entièrement sur une nuit, tandis qu’une timeline - mécanique - apparaîtrait à l’écran afin de rythmer les péripéties des personnages, quant à eux assez vides. "Bienvenue à Racoon City" souffre également d’incohérences monstres, comme celle qui voit affluer tous les derniers habitants de la ville devant le poste de Police, dont les symptômes de leur contamination semblent apparaître tous en même temps (!), ainsi que le nombre trop élevé de policiers encore en service en même dans une ville pratiquement vide. Et puis, que dire d’un tir de bazooka à l’intérieur d’un train en mouvement, visant un monstre situé à moins d’un mètre d’un des héros, survivant quant à lui comme par miracle à l’impact et à la déflagration ? C’est là que l’on se dit que "Bienvenue à Racoon City" a préféré jouer la carte de la démesure, quitte à y fourrer tout, et finalement rien, étant donné le traitement qu’il occasionne maladroitement à l’ensemble, dépourvu d’ambition, d’efficacité, de mordant, de... cervelle !

Visuellement, ce reboot souffre également d’effets spéciaux très laids, même si certains maquillages de zombies sont sympathiques, et de gros plans illisibles. Ainsi, les différents monstres qu’on y croise sentent le CGI à plein nez, et arrivent dans l’intrigue comme des cheveux dans la soupe, ce qui agrémente une fois de plus un sentiment de manque de considération, et finalement d’hommage honnête à l’univers du jeu vidéo "Resident Evil". Pour notre part, "Resident Evil : Bienvenue à Racoon City" est donc un reboot à oublier. Certes, sa fidélité et sa reconstitution sont à saluer, mais les six précédents films jouaient quant à eux sur une image de nanars assumés, alors que ce reboot, lui, est trop occupé à courir après le temps, et l’argent, qu’il n’aura cependant jamais, étant donné son four commercial, tristement mérité...



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