Synopsis : L’histoire d’Anne, très jeune femme qui décide d’avorter afin de finir ses études et d’échapper au destin social de sa famille prolétaire. L’histoire de la France en 1963, d’une société qui condamne le désir des femmes, et le sexe en général. Une histoire simple et dure retraçant le chemin de qui décide d’agir contre la loi. Anne a peu de temps devant elle, les examens approchent, son ventre s’arrondit...
Acteurs : Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet Klein, Luàna Bajrami, Louise Orry-Diquéro, Louise Chevillotte, Sandrine Bonnaire, Pio Marmaï
Pour son deuxième film, Audrey Diwan plonge une deuxième fois dans le réel, après Mais vous êtes fous en 2019, avec Pio Marmaï et Céline Sallette. La réalisatrice retrouve Pio Marmaï (mais plus dans un rôle-titre) pour un film qui adapte une nouvelle fois une histoire vraie, mais, cette fois-ci, par la médiation du roman homonyme publié par Annie Ernaux en 2000. Elle y racontait son difficile parcours pour avorter alors que c’était strictement interdit et que la loi punissait ces femmes, les médecins, soignants et autres personnes ayant participé ou aidés à l’avortement de près ou de loin. Son film a été primé à la Mostra de Venise 2021 où il a obtenu le Lion d’or et le prix FIPRESCI de la critique internationale, tandis qu’au Festival du film de Sarlat 2021, l’actrice Anamaria Vartolomei a obtenu le prix d’interprétation. Elle jouait déjà un des rôles principaux dans L’échange des princesses où elle jouait déjà aux côtés de... Kacey Mottet Klein !
Visionner le film - qui se déroule de semaine en semaine suivant l’évolution qui semble inéluctable de la grossesse - est loin d’être un parcours agréable. L’on y découvre un parcours semé d’embûches pour cette femme et c’est d’autant plus douloureux que l’on sait qu’il s’agit de l’histoire véritable de Annie Ernaux dont on sait qu’elle a finalement pu avorter et, dans la foulée poursuivre ses études. L’on songe, aux marges de son histoire personnelle à ces (jeunes) femmes qui furent confrontées aux mêmes réalités, souvent sordides. Abandonnées par ceux qui ont refusé leur rôle de géniteur. Des femmes nombreuses qui périrent de septicémie. Nous sommes très loin d’un plaidoyer proavortement. Certes, il s’agit bien d’un avortement qui a "réussi" et dont la protagoniste a pu, près de quarante ans plus tard, rendre compte par la médiation de l’écriture. Il y a des moments difficiles et sordides dans ce film dont on ne sort pas indemne. Le film n’est pas non plus un réquisitoire contre l’avortement. Il tente de rendre compte de la fragilité de notre humanité, la rigueur des institutions, des "mâles" qui "engrossent" des femmes en ne prenant en compte que leur propre plaisir d’un soir, d’un coup, d’une drague abusive ! Le film ne juge pas, mais oblige à découvrir cette vérité-là qui résonne encore aujourd’hui dans certains pays, telle la Pologne, certains Etats des USA e d’autres encore. A chacun de se faire son opinion, sa "religion" d’une certaine façon ! Découvrir qu’il serait trop facile de condamner d’un jugement ou d’un argument moral ou religieux. Qu’il y a d’abord à prendre en compte la détresse immense. Que ce choix fait par des femmes n’est pas une partie de plaisir et qu’elles peuvent être à bout, poussées dans leurs derniers retranchements comme le cerf aux abois poursuivi par une meute de chiens. L’on sort KO et nauséeux de la vision de ce film qu’il est impossible de coter parce que c’est plus que du cinéma. C’est une expérience humaine éprouvante qu’il faut voir dans cet "événement" avant de juger !