Genre : Comédie
Durée : 86’
Acteurs : Anaïs Demoustier, Philippe Katerine, Josiane Balasko, William Lebghil, Sergi López, Philippe Duquesne, Olivier Broche...
Synopsis : :
Paul Château-Têtard, vieux garçon de 45 ans et pur produit du 16e arrondissement de Paris, prend le métro pour la première fois de sa vie et tombe amoureux d’une jeune guichetière, Ava. Leur mariage n’est pas du goût de « maman », Adélaïde Château-Têtard, qu’on appelle aussi la Reine Mère. Pourtant cette dernière s’en accommode : un héritier serait le bienvenu. Mais le bébé tarde à venir... Une guerre sans pitié s’engage entre les deux femmes, la Reine-mère étant persuadée qu’Ava trompe son fils. Il doit bien y avoir un amant quelque part...
La critique de Julien
Auteur d’une dizaine de courts-métrages et de deux longs ("La Fille du 14 juillet" et "La Loi de la Jungle"), Antonin Peretjatko revient au cinéma avec "La Pièce Rapportée", inspiré par la courte nouvelle de huit pages "Il faut un Héritier" de Noëlle Renaude, paru dans les années 80, ainsi que de celle de Tchékhov, "Le Roman de la Contrebasse" (1886). Dans ce vaudeville qui traite notamment du rapport des classes, Philippe Katherine se retrouve dans la peau de Paul Château Têtard, un homme de 48 ans célibataire, lequel rencontrera alors Ava, jouée par Anaïs Demoustier, une jeune guichetière de métro, laquelle va alors chercher à trouver sa place dans sa famille. Mais quelle famille ! Car leur relation ne plaira bien évidemment pas à la mère de ce dernier, Adélaïde Château-Têtard, dite "Reine Mère", interprétée par Josiane Balasko, opposée au mariage de son fils, car persuadée qu’il est cocu. Cette dernière engagera alors un détective privé pour vérifier tout cela, laquelle tombera alors dans son propre piège...
Utilisant à la fois une voix-off guidant le récit et rapportant les pensées de ses personnages, ainsi que des flash-back (pas forcément utiles), "La Pièce Rapportée" est un ovni de la comédie française, d’une part tout d’abord la férocité débridée des thèmes qu’il défend en sous-texte. Et cela notamment ici vis-à-vis de l’histoire de la richesse de la famille aisée Château Têtard, qui se fonde sur une absence totale de scrupules, où l’origine de l’argent n’a d’importance, tant qu’elle rentre, même si cela se (s’est) fait au service de dictateurs (un ascenseur pour chaise roulante porte d’ailleurs ici un nom particulier)... Aussi, le film traite, avec un humour à prendre au énième degré, du rapport de pouvoir et de domination à différents échelons de la société, et cela par le biais du personnage de Josiane Balasko (en roue libre, dans la caricature d’elle-même) au regard de sa relation avec sa belle-fille, sa bonne, son chauffeur, etc.
En mettant donc en scène des ultra-riches déconnectés de la réalité, le film d’Antonin Peretjatko est donc moins bête (dans son fond) qu’il en a l’air, lui qui traite ainsi d’une réalité référencée, que l’on entend ou constate ici, telle que lorsque la Rolls familiale passe devant un campement de tentes au nord de Paris, ou encore lorsque la famille Château Têtard apprend la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune en France (remplacé depuis 2018 par l’impôt sur la fortune immobilière). Qu’à cela ne tienne, l’ensemble risque de déconcerter bon nombre de spectateurs, étant donné l’aspect totalement absurde de sa mise en scène, faisant jeu de couleurs appuyées, d’une bande-son très "Soupe aux Choux" de Raymond Lefèvre, du surjeu appuyé de ses acteurs, ainsi que de situations surréalistes. Certes, cette comédie d’un autre temps dans la forme - mais pourtant bien actuelle dans les faits - n’est donc pas dénuée de charme et de fraîcheur, mais son humour satirique, téléphoné, burlesque, mais assumé, ne pourra que diviser le spectateur lambda.