Synopsis : Aharon a consacré sa vie à élever son fils Uri. Ils vivent ensemble dans une routine coupée du monde réel. Mais Uri, autiste, est à présent un jeune adulte et il serait peut-être temps pour lui d’aller vivre dans une institution spécialisée. Alors qu’ils sont en route vers le nouveau lieu de vie d’Uri, Aharon décide de s’enfuir avec son fils, pensant qu’il n’est pas prêt pour cette séparation. Et si, en réalité, c’était le père qui n’était pas prêt ?
Acteurs : Shai Avivi, Noam Imber, Smadi Wolfman
Si nous n’avons pas été confronté personnellement à une personne autiste, il faut reconnaître l’aspect authentique, "vécu" de la situation d’Uri (Noam Imber). Ce film qui faisait déjà partie de la sélection de Cannes 2020 et qui sort sur les écrans belges en janvier 2022 nous a touché et bouleversé. Il y a un triangle relationnel entre Uri le jeune adulte... qui pense et raisonne en enfant, hors du monde et de la réalité, son père (Shai Avivi) Aharon, qui a tout laissé tomber pour s’occuper de son fils et qui est séparé de son épouse qui veille à ce que son fils puisse rejoindre une institution spécialisée pour l’accueillir. Uri vit comme un enfant, avec une âme d’enfant dans un monde dont il ne perçoit pas les enjeux adultes !
Assez paradoxalement, l’on pourra prendre fait et cause avec le père, sa cavale, son comportement "infantile ?" (miroir de celui d’Uri ?) en rejetant l’attitude censée, logique de la mère. Tout au long du film, l’on sera baladé sur cette fugue d’un père qui ne peut renoncer à son fils, alors qu’il a renoncé à tout pour lui. Un père "artiste" qui s’est étonné un jour qu’un acheteur anonyme ait acquis une de ses oeuvres pour mille dollars (oeuvre qu’il découvrira de façon singulière rangée comme dans un placard lors d’une rencontre familiale).
L’on découvrira peu à peu que cette fuite du monde, de la réalité, des responsabilités est vaine et qu’elle ne fait que retarder une échéance, celle de trouver un point d’arrêt de cette course insensée et un refuge pour Uri. Il faudra, à un moment, se dire que la mère avait raison. Ce qu’on vous laisse découvrir à l’écran.
Si le jeu de Shai Avivi et de Smadi Wolfman dans les rôles des pères et mères nous permettent d’être en empathie (ou pas) avec leurs personnages, il faut surtout relever celui, extraordinaire, du jeune Noam Imber que nous avions vraiment découvert dans Me’ever Laharim Vehagvaot (Beyond the Mountains and Hills) d’Eran Kolirin (2017) et qui est ici totalement bluffant dans le rôle d’un enfant autiste dans le corps d’un jeune adulte !