Synopsis : Raf et Julie, un couple au bord de la rupture, se retrouvent dans un service d’Urgences proche de l’asphyxie le soir d’une manifestation parisienne des Gilets jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l’extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue...
Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Aissatou Diallo Sagna, Pio Marmaï, Jean-Louis Coulloc’h
De Catherine Corsini, nous avions beaucoup apprécié La belle saison où Cécile de France et Izïa Higelin transcendaient une ode à l’amour. En revanche, impossible d’accrocher à Un amour impossible, un désastre insupportablement long, un film en forme de règlement de comptes. Une histoire vraie certes, mais une autobiographie qui en arrivait à devenir invraisemblable ! C’est échaudé que nous avons vu le film et nous n’avons pas de regret de l’avoir visionné. C’est que le film (qui n’est pas sans failles, sans fractures !) déborde d’énergie, lui qui se déploie dans une unité de temps (et de lieu en grande partie).
La fracture c’est d’abord à entendre au plan médical, celle de Raf (Valeria Bruni Tedeschi) qui se brise le coude un soir de manifestation de gilets jaunes alors qu’elle en énième phase de rupture avec sa compagne Julie (Marina Foïs). Mais c’est aussi la fracture sociale qui se manifeste triplement. D’abord dans la rencontre avec Yann (Pio Marmaï), chauffeur routier venu manifester sa révolte (et sa solidarité) avec d’autres gilets jaunes ; ensuite, celle sociale, des gilets jaunes en tension avec le gouvernement (et en tension avec le Président de la République) ; enfin, celle récurrente du personnel hospitalier confronté à la réalité de la faiblesse des moyens qui sont accordés au secteur de la santé. Autant dire que la densité est présente et que la coupe est pleine. Doublement : d’une part, dans l’intrigue elle-même qui condensera ces multiples fractures en d’innombrables tensions durant les 108 minutes du film et, d’autre part, dans le trop-plein de questions abordées durant celui-ci. Qui trop embrasse mal étreint ! Le film qui aurait pu être une sorte de documentaire, n’est plus alors qu’une comédie, certes dramatique, mais comédie quand même, au risque, pas totalement évité d’en faire trop et de virer dans un comique de situation !
Il y a donc de l’énergie à revendre dans le film et trop de sujets abordés sans qu’aucun ne soit vraiment poussé à son terme. Il y a donc parfois un côté "too much" dans les situations abordées qui nuit au propos. Quel est le focus du film ? S’agit-il d’un film politique ou à messages : les gilets jaunes, la difficulté de travailler en hôpital, le manque de moyens ? S’agit-il d’un film sur la crise d’un couple ? Car celle-là phagocyte le film au point que la banalité de celle-ci étouffe le reste du film. Et cela d’autant plus que Valeria Bruni Tedeschi en fait des tonnes. Certains diront ’comme souvent’. Sa façon d’habiter son personnage de bobo exaspérante, égoïste, mono-maniaque, insensible à tout ce qui n’est pas sa relation avec Julie, rend son personnage détestable (et son interprète par la même occasion). Au final on aura plus ri que réfléchi et l’on oubliera peut-être un peu trop vite les questions soulevées par le film sur le monde qui est le nôtre.