Genre : Thriller
Durée : 90’
Acteurs : Tom Hardy, Woody Harrelson, Michelle Williams, Naomie Harris, Stephen Graham, Reid Scott...
Synopsis :
Environ un an après avoir affronté Riot, Eddie Brock « cohabite » toujours avec le symbiote Venom. Eddie tente de relancer sa carrière de journaliste d’investigation. Il se rend alors en prison pour interviewer le tueur en série Cletus Kasady. Il ignore que ce dernier est lui aussi l’hôte d’un symbiote, Carnage.
La critique de Julien
Il y a trois années, le journaliste Eddie Brock (Tom Hardy) rencontrait Cletus Kassady (Woody Harrelson) à la mi-générique de "Venom" (2018), premier film d’un univers partagé et basé sur des personnages édités par Marvel Comics, et associés au personnage de Spider-Man. Massacré par la critique, loin d’être fidèle aux comics books, "Venom" fut pourtant un énorme succès commercial mondial. Une suite était donc inévitable. Nous voilà donc un an après les événements du premier film, où Brock cohabite toujours avec Venom, tout en ayant du mal à s’adapter à sa vie en tant qu’hôte de l’extraterrestre, lui qui contrôle son corps et son esprit. En parallèle, et dans le but de relancer sa carrière de journaliste d’investigation, il acceptera de se rendre en prison afin d’interviewer le tueur en série Cletus Kasady. Sauf que ce dernier a des idées plein la tête...
Nonante minutes, top chrono. C’est (heureusement) la courte durée de cette suite, censée pourtant présenter le plus grand ennemi de Venom (non, ce n’est pas l’homme-araignée). "Let There Be Carnage" débute alors par un flashback, au travers duquel on suit un jeune Cletus Kasady, en 1996, regardant, impuissant, son amour, Frances Barrison/Shriek, être emmenée de l’orphelinat pour enfants indésirés de St. Estes Home jusqu’à l’Institut Ravencroft, pour les criminels aliénés, elle qui est jouée par Naomie Harris, dans une copie physique conforme de Calypso, son personnage dans la saga "Pirates des Caraïbes". On retrouvera évidemment plus tard les deux tourtereaux torturés, face au symbiote mangeur de têtes humaines, après sa réconciliation avec Eddie. C’est-à-dire que Venom, faute de liberté, doit notamment se satisfaire de volaille, ou de chocolat, ce qui ne lui suffit évidemment pas, et représente l’une des sources de disputes répétées au sein de ce couple impair, lui qui lui reproche également de ne pas prendre ses responsabilités, notamment amoureuse (Michelle Williams, réduite à un accessoire de transaction). Entre humour symbiotique douteux, lourd, et règlements de comptes, la première moitié du film, poussive, tente également d’approfondir la relation qu’entretiennent Venom et son hôte, eux qui se chamaillent sans arrêt comme des enfants. Certes, c’est parfois amusant, et bon enfant, mais c’est surtout bébête. Et puis, comme un cheveu dans la soupe, le film bascule illico presto dans une débauche continue de scènes d’action et d’effets spéciaux assez dégueulasses, cachant évidemment des enjeux scénaristiques aux abonnés absents, tandis que le montage du film, très serré, ne permet dès lors aucune montée de tension, de puissance. C’est ce qu’on appelle donc du divertissement pour du divertissement, manifestement réalisé sans cervelle.
Fort de son expérience de travail avec les effets numériques et la technologie de capture de mouvement, c’est Andy Serkis qui a été choisi pour mettre en scène - sans idées - cette suite, elle qui repose donc énormément sur ces effets, au centre de l’existence même de ce film. Et si certains sont réussis, ils n’en demeurent pas moins extrêmement laids. Mais le gros problème de cette suite, qui n’a rien appris de la qualité de son aîné, c’est l’existence même de ce personnage au cinéma, loin d’être initialement le psychiatre et blagueur agaçant parlant sans cesse ici à Eddie Brock. Et puis, "Let There Be Carnage" est une nouvelle fois un film classé PG-13 aux Etats-Unis, c’est-à-dire déconseillé aux moins de 13 ans, faisant ainsi l’impasse sur la violence du personnage dans les comics books. C’est donc là tout l’ADN de Venom qui est bafoué, au service d’une stupide promenade de santé destinée à remplir le tire-caisse de Sony Pictures, et bientôt celui du MCU... Enfin, voir le talentueux Woody Harrelson cabotiner dans la peau d’un personnage écrit comme une coquille vide fait mal au cœur, tandis que le costume numérique de Carnage ne l’aide à gagner en profondeur, et encore moins nos cœurs. Et que dire de Tom Hardy, donnant la réplique à un vide intersidéral, relégué à une voix-off d’outre-tombe. On imagine la frustration qu’il doit ressentir, lui qui donne pourtant la sensation de s’amuser... Si tel est le cas, alors il en est bien le seul.