Synopsis : Un foreur de pétrole débarque à Marseille du fin fond de l’Oklahoma, pour soutenir sa fille qu’il connait à peine mais qui purge une peine de prison, accusée d’un crime qu’elle nie avoir commis. Confronté au barrage de la langue, aux différences culturelles et à un système juridique complexe, Bill met un point d’honneur à innocenter sa fille. Au cours de ce cheminement intime, il va se lier d’amitié avec une jeune femme du coin et sa petite fille tout en développant une conscience élargie de son appartenance au monde.
Acteurs : Matt Damon, Camille Cottin, Abigail Breslin, Deanna Dunagan, Anne Le Ny, Moussa Maaskri, Naidra Ayadi, William Nadylam
Tom McCarthy, le réalisateur et scénariste de Spotlight adapte une nouvelle fois une histoire vraie, mais à... vrai dire, de façon bien plus libre et bien moins rigoureuse que l’enquête du Boston Globe sur les scandales de pédophilie dans l’Eglise catholique romaine. Avec Stillwater, il navigue en quelque sorte sur des eaux plus dormantes, plus calme car il ne s’agit pas ici d’une institution mais d’une relation entre une fille et son père qui tente de trouver une solution pour possiblement la sortir de prison, elle qui clame son innocence. A la base, il y a l’histoire d’Amanda Knox[en], auteure, militante et journaliste américaine. Elle est emprisonnée pendant près de quatre ans en Italie à la suite de sa condamnation en 2007 pour le meurtre de sa colocataire [1]. Très libre adaptation et sans l’accord de l’intéressée qui ne se reconnait pas dans le film et, en particulier, sur la conclusion de celui-ci.
Il y a de fait un certain glissement de l’intrigue que nous ne dévoilerons donc pas, vous laissant le soin de découvrir celle-ci en visionnant ce film qui aurait mérité d’être plus court. L’on retrouve donc Matt Damon (Bill) en américain "typique", quasi redneck, "quasi" car ce serait caricatural de cataloguer ainsi ce père aimant mais qui s’y prend bien mal pour manifester son amour pour sa fille et pour la défendre à n’importe quel prix. Un "américain" (typique ?), fier d’avoir deux guns, qui reconnait n’avoir pas voté Trump... non pas qu’il serait démocrate, loin de là (et pour autant qu’il saisisse alors tous les enjeux de la question qui lui est posée) mais "parce qu’il n’a pas voté" (ne pouvant le faire comme ex taulard !).
Bill ne parle pas vraiment le français et la langue constituera un obstacle à la compréhension de la situation, à ses échanges qui nécessiteront d’avoir recours à une traduction. Ici, l’on retrouvera Camille Cottin (dans un rôle bien différent de Connasse, princesse des coeurs !!!) qui servira d’interface entre Bill et ses interlocuteurs. Notons aussi Abigail Breslin dans le rôle de sa fille Allison et dont la situation dans laquelle elle se trouve est possiblement liée à un problème d’interprétation d’une demande faite à un ami, Akim, jouée par Idir Azougli que l’on avait vraiment découvert en Ryad dans Shéhérazade. Bill va courir de petits boulots en petits boulots (comme il le faisait aux USA) pendant son séjour en France où il va tout tenter, jusqu’à transgresser les frontières de la légalité pour innocenter sa fille ou, du moins, tenter de le faire.
Il y a aussi quelques seconds rôles français qui s’en sortent avec plus ou moins de bonheur dans leur anglais de ce film bilingue qui joue non seulement sur l’intime d’un père et de sa fille, sur la mécompréhension des uns et des autres, sur les risques de vouloir bien faire et de se tromper en croyant avoir tout compris. Ajoutons-y une pointe de suspens quand policiers ou détective veulent en savoir plus ou quand une petite fille est prise en otage (d’une autre qui requiert son silence), sans oublier une romance potentielle et qui ne tient qu’à la vérité, vérité qui est un des enjeux du film qui renvoient à la question : "qu’est-ce que la vérité (judiciaire mais pas que) ?".