Synopsis : Dans les jours qui suivent les attentats du 11 septembre 2001, l’avocat Kenneth Feinberg est désigné pour gérer le "Victim Compensation Fund". Feinberg doit accomplir l’impossible tâche d’évaluer la vie de quelque 5000 victimes. Durant trois ans, il va jouer le rôle d’intermédiaire pour les proches mais également subir la douleur et les frustrations des familles car aucun chèque ne peut atténuer la peine liée à la perte d’un être cher.
Acteurs : Michael Keaton, Stanley Tucci, Amy Ryan, Tate Donovan, Laura Benanti, Talia Balsam
Vingt ans après les attentats du 11 septembre, qui ont condensé l’événement en cette seule date mais ont entrainé des conséquences en cascade, dont l’évacuation de Kaboul dans les circonstances que l’on sait est un des épisodes qui risque de n’être pas le dernier ! Faire mémoire d’un événement tel que celui-là risquait de donner un film avec tous les excès de ce genre d’hommage "à l’américaine" ! Et, fort heureusement, c’est un film d’une grande sobriété et très pudique que nous offre Sara Colangelo (à qui l’on doit « Little Accidents » et « The Kindergarten Teacher ». Si Worth sort dans les salles belges, il est en revanche disponible sur la plateforme Netflix (notamment aux USA, mais pas chez nous évidemment). Par ailleurs, le film a été accueilli très positivement lors du Festival Sundance en 2020.
Worth est présenté comme s’inspirant d’une histoire vraie, celle de Kenneth Feinberg (Michael Keaton), démocrate, chargé par l’administration républicaine (Busch) de l’indemnisation des victimes pour autant qu’elles abandonnent tout recours devant les tribunaux (notamment, mais pas que, contre les compagnies aériennes). Ils est impératif d’avoir l’approbation d’au moins 80% des victimes (ou de leurs ayants-droits) avant une date ultime fixée à trois ans après le 11/9 ! Toute la question, posée durant tout le film qui se déroule sur trois, à partir du 11/9 (même si le film débute avant en montrant Kenneth Feinberg dans son travail, notamment lorsqu’il enseigne à des étudiants en droit comme l’on estime (et négocie) la "valeur" "marchande" d’une victime !
C’est cet exercice combien périlleux que le film nous donne à voir. Que vaut une victime ? Est-ce que toutes les vies sont égales ? Est-ce qu’un courtier en Bourse ne vaut pas plus qu’un balayeur dans les Tours ? Et ceux qui ont apporté leur aide et en sont morts : les pompiers par exemple ? Ou encore, les séquelles d’après l’effondrement ? Ainsi les dommages causés par l’amiante... quand on clôture les "effets" secondaires à trois jours après le 11/9 ! Que vaut la vie d’un mari et père aimant ? Et qu’en est-il si un père a une maîtresse et des enfants ailleurs ? Et lorsqu’un couple gay vit ensemble et que l’Etat dans lequel ils habitent ne reconnait pas leur style de vie et que les parents du défunts ne reconnaissent pas l’homosexualité de leur fils et voient son compagnon comme un "colocataire" (mais, comme "ces gens-là" s’est fait des idées sur leur fils et veulent s’enrichir sur son dos)... Et ainsi de temps de "cas" singuliers ! Dans l’équipe de Kenneth Feinberg, il y a Camille Biros (interprétée par Amy Ryan). Il y a aussi un "antagoniste" de Kenneth Feinberg (enfin, Charles Wolf, qui a perdu sa femme et veut fédérer les victimes et/ou leurs ayants-droits interprété par Stanley Tucci. Ce personnage semble avoir été créé pour la dramaturgie. Il est donné à entendre plusieurs récits de victimes, poignants et où l’on découvre les acteurs très impliqués. Le cabinet de Kenneth Feinberg sera chargé dans les décennies qui suivront à traiter de l’indemnisation d’autres victimes comme l’apprend un panneau avant le générique final.
Bande-annonce (VO)