Synopsis : A la suite d’une crise financière, une famille italienne se retrouve déclassée socialement. La mère, Mariagrazia, est une veuve sans scrupule. Elle a un amant, Leo, qui est de plus en plus attiré par la fille, Carla. Le jeune homme compte bien profiter de cette avantageuse situation qui se présente à lui.
Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Edoardo Pesce, Beatrice Grannò
Disponible sur : VOO, Proximus Picks, Cinechezvous.be, Sooner
Le réalisateur italien Leonardo Guerra Seràgnoli adapte une oeuvre magistrale, le premier roman d’Alberto Moravia, publié en 1929 (il avait 22 ans à l’époque) et s’inscrivant dans le contexte de la montée du fascisme. il s’agit de la troisième adaptation du roman Gli Indifferenti, après un film au même nom, titré en français Les Deux Rivales en 1964, réalisé par Francesco Maselli. Il y eut également une adaptation pour la télévision (titre français Les Indifférents) sous forme de mini-série (deux épisodes de 100 minutes) réalisée en 1988 par Mauro Bolognini pour une chaîne de télévision opposée à Berlusconi (faisant partie du groupe Reteitalia).
Leonardo Guerra Seràgnoli quitte l’ancrage historique du roman pour le situer dans la période contemporaine, sous fond de tremblement de terre. Celui-ci ne semble pas catastrophique mais sous-tend l’intrigue en arrière-plan comme s’il symbolisait l’effondrement d’une famille (et possiblement de la société dans laquelle elle s’insère). L’intrigue se résume aux interactions entre les différents personnages et l’essentiel est présenté dans le synopsis. Ce ne sera donc pas celle-ci qui sera essentielle durant le film mais plutôt les rapports de domination ou de soumission dans une famille que la crise a désargenté et mis aux abois. Au centre donc, la mère, interprétée par Valeria Bruni Tedeschi qui arrive à rendre son personnage exaspérant, à la fois aveugle à la réalité de sa déchéance financière (ou du moins refusant de la reconnaître) et continuant à faire comme si rien n’avait changé. Face à elle Léo (Edoardo Pesce) qui veut profiter de la situation (pour gérer la sienne du même coup) en rachetant à vil prix la maison de Maria, tout en faisant miroiter l’amour qu’il a pour elle (et en lui concédant de temps en temps des relations sexuelles). Dans le même temps, Maria se sent jalouse de sa meilleure amie Lisa (Giovanna Mezzogiorno), qui fut celle de Léo, alors que celui-ci est attiré par Carla (Beatrice Grannò) la fille de Maria, tout en faisant passer ses sentiments pour de l’affection paternelle. Mais ce qu’il en adviendra se dévoilera au spectateur lors de la vision du film. Et autre interaction avec Léo, celle de Michele (Vincenzo Crea) qui va tenter de tenir tête à Léo et de faire entendre raison à sa mère. Mais tous et toutes semblent bien aveugles à la réalité comme on pourra le comprendre à la fin du film.
Celui-ci est intéressant, en particulier pour ceux et celles qui apprécient les acteurs et actrices (même si Valeria Bruni Tedeschi surjoue parfois) et, en particulier Vincenzo Crea qui rend compte, avec son personnage, d’un jeune homme lucide sur la réalité et en même temps sur la futilité des actions possibles). Le film n’atteint pas l’incandescence du roman de Moravia, mais s’il donne envie à quelques-uns de se plonger dans celui-ci, il aura fait œuvre utile !