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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Malcolm D. Lee
Space Jam : Nouvelle Ere
Sortie du film le 14 juillet 2021
Article mis en ligne le 15 juillet 2021

par Julien Brnl

Genre : Familial, comédie

Durée : 115’

Acteurs : LeBron James, Don Cheadle, Sonequa Martin-Green, Zendaya...

Synopsis :
Alors que le basketteur LeBron James visite les studios Warner avec son fils Bronny, ils se retrouvent accidentellement piégés dans une dimension parallèle où tout l’univers Warner Bros est contrôlé par le tout puissant AI G, une intelligence artificielle. Avec l’aide des Looney Tunes, la star de la NBA va tout tenter pour retrouver son fils disparu et battre l’équipe de Goons de l’IA, composé des meilleurs basketteurs du monde.

La critique de Julien

C’est au début de l’année 1997 qu’est sorti sur nos écrans un certain "Space Jam", réalisé par Joe Pytka, en tant que premier long métrage produit par Warner Bros. Animation, surfant alors sur le succès du film de Robert Zemeckis "Qui veut la Peau de Roger Rabbit ?" (1988). Michael Jordan était enrôlé dans le monde des Looney Tunes afin de les aider à gagner un match de basket contre un groupe d’extraterrestres ayant l’intention de les asservir comme attractions pour leur parc à thème. Considéré par certains, avec le temps, comme un classique du genre ayant bercé une partie de l’enfance de toute une génération, mais aussi (et surtout) comme une œuvre opportuniste, force est de constater que le projet a plutôt bien fonctionné, avec pas moins de 250 millions de dollars de recette dans le monde, pour un budget de production trois fois moindre. Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que cette rencontre improbable entre Michael Jordan et Bugs Bunny est née de deux publicités pour Nike Compagny, "Hare Jordan" et "Aerospace Jordan", réalisées donc par Joe Pytka, et diffusées à la télévision en 1992 et 1993, lesquelles mettaient alors en vedette le célèbre basketteur à la retraite de la NBA, et le personnage emblématique des Looney Tunes, en train de partager un match de basket-ball. Succès commercial, cette rencontre fut alors une aubaine pour Warners Bros. Studios, pour la célèbre marque de baskets, ainsi que pour l’agent de Michael Jordan, étant donné que c’est lui qui a eu l’idée de les associer dans un long métrage, alors que la première publicité se terminait par les paroles plutôt prémonitoires de Bugs Bunny, disant ainsi que leur rencontre pourrait être le début d’une belle amitié...

On ne parlera pas plus ici de "Space Jam" premier du nom, mais bien de "Space Jam : Nouvelle Ere", fausse suite à sortir 25 ans après son aîné, laquelle ne fait ici que quelques références au film de Joe Pytka. Exit donc Michael Jordan (58 ans aujourd’hui aujourd’hui, et donc trop âgé pour ces bêtises), et bonjour LeBron James, joueur professionnel américain de basket-ball, évoluant encore aux Lakers de Los Angeles, et considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA. Double champion olympique avec son équipe (2008 et 2012), et surnommé notamment "King James", ce dernier, dans une version romancée de lui-même, se retrouvera alors propulsé avec son fils fictif (Cedric Joe) dans le Warner 3000 Server-Verse, l’espace numérique multivers partagé de Warner Bros. Pictures, alors dirigé par l’intelligence artificielle et tyrannique Al-G Rhythm (Don Cheadle), rêvant de montrer aux yeux du monde qu’elle existe... LeBron, s’il souhaite quitter cet endroit avec son fils, devra alors disputer un match de basket-ball en faisant équipe avec "les losers", c’est-à-dire les Looney Tunes, et cela contre la Goon Squad, une équipe d’avatars virtuellement numérisés et remastérisées de champions du basket-ball professionnel...

Que penser d’autre de "Space Jam : Nouvelle Ere" si ce n’est qu’il ne s’agit là que d’un abusif et écœurant produit marketing ? Difficile de trouver là en effet de quoi se nourrir, alors que le film ne plaira ni pleinement aux enfants, étant donné une humeur très premier degré et très balourd, ni aux adultes, vu le scénario assez insipide, LeBron devant accepter ici que son fils ne suive pas ses pas dans la vie, mais bien les siens, c’est-à-dire ceux de devenir un développeur de jeux vidéo. Et puis, c’est triste d’en arriver à une quasi-parfaite redite du premier film, 25 ans après, certes actualisée en fonction de l’évolution de la technologie, mais à quoi bon s’il n’y a pas d’histoire à raconter ? Quant aux Looney Tunes, ceux-ci ne sont ici relégués qu’au poste de figurines, n’enchaînant alors que des pitreries inscrites dans leur ADN, surtout pendant le match final, beaucoup trop long d’ailleurs pour l’occasion. C’est-à-dire que les Looney Tunes en série de courts métrages télévisuels, c’est très sympa, et c’est surtout inscrit dans le patrimoine visuel d’animation, mais durant deux heures, au cinéma, c’est lourd. Heureusement pour nous, LeBron James s’en sort mieux que Michael Jordan au niveau de son jeu. C’est déjà ça...

Mêlant prise de vues réelles, animation dite traditionnelle dessinée à la main, et animation 3D CGI, "Space Jam : Nouvelle Ere" s’amuse pourtant avec son catalogue, étant donné que ses personnages principaux se retrouvent dans ce que l’on pourrait appeler communément le disque dur du studio. Les clins d’œil sont alors nombreux, notamment lorsque Lebron James traverse cet espace numérique, et donc les mondes qui habitent le serveur de Warner Bros. Pictures, tels que celui de "Harry Potter", "Mad Max", "Matrix", etc., ainsi que lors de la rencontre finale, où le public du match est composé de figures bien connues du catalogue, tels que King Kong, les Gremlins, le Masque, Grippe-Sou, l’Agent Smith, ou encore Voldemort. Mais une fois de plus, c’est drôle un certain temps, mais c’est surtout inutile au récit. Qu’on se le dise, tous ces personnages ne sont là que pour faire de la pub pour le studio, lequel entend bien d’ailleurs relancer des franchises, alors que, à titre d’exemple, le prochain "Matrix" sortira en fin d’année sur nos écrans. Dans un autre style, Steven Spielberg s’était lui aussi amusé, mais intelligemment, avec son "Ready Player One", vivifié par une pop-culture parfaitement introduite et utile au scénario (on n’est d’ailleurs toujours pas prêt d’oublier la scène qui revisite le "Shining" de Stanley Kubrick). Mais "Space Jam : Nouvelle Ere" n’en a pas l’ambition...



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