Genre : Comédie
Durée : 100’
Acteurs : Jean Dujardin, Grégory Gadebois, Doria Tillier, Pascale Arbillot, Jean-Charles Clichet, Pierre Lottin, Denis Podalydès, Jean-Michel Lahmi...
Synopsis :
Nicolas, un ancien Président de la République, supporte mal l’arrêt de sa vie politique. Les circonstances lui permettent d’espérer un retour sur le devant de la scène. Mais il lui faut un allié. Nicolas va donc partir en Corrèze, pour convaincre François, un autre ancien Président (qui, lui, coule une retraite heureuse à la campagne) de faire équipe avec lui. François se pique au jeu, tandis que Nicolas découvre que le bonheur n’est peut-être pas là où il croyait... Et leurs compagnes respectives, elles, vont bientôt se mettre de la partie.
La critique de Julien
Et si un confinement était bien une période propice de création ? En tout cas, pour la cinéaste Anne Fontaine, ça l’a été ! Écrit pendant le premier confinement, et tourné au début du second, "Président(s)" met en scène deux personnages que l’on n’attendait pas de sitôt, et encore moins à l’écran, soit deux anciens Présidents de la République, et ex-ennemis, ce qui est donc assez rare pour le souligner ! Intéressée depuis longtemps par la question de l’après-pouvoir, Anne Fontaine nous dévoile ici une comédie de pouvoir, politique, avec laquelle elle s’amuse, en jouant sur les mots, tout en s’inspirant, pour ses deux personnages principaux, des personnalités et parcours de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, lesquels vont ici s’adopter et parfois se défier dans leur association pour tenter de revenir au pouvoir...
Reposant en grande partie sur la performance de ses formidables acteurs possédant tout le décalage et l’ironie nécessaires pour incarner leur rôle, "Président(s)" nous présente d’abord un certain Nicolas, joué par Jean Dujardin, soit un homme esseulé, à la limite de la dépression, lequel, montrant dès lors son humanité, se raccroche à des choses banales pour garder un sens à son existence, tel que son aspirateur, ou encore son chien. Comparé à son premier partenaire de jeu, Dujardin campe un ex-Président donnant son point de vue au film, en construisant son jeu par rapport au corps, au langage, ou encore aux expressions, mimiques… S’il ne lui ressemble pas davantage que cela d’un point de vue physique, on y reconnaît bien là toute la gestuelle du personnage qu’il joue, et cela avec énormément d’implication, sans jamais tomber dans l’imitation ou la parodie. Dujardin est dès lors très convaincant dans son rôle à contre-emploi, et prend davantage le pas sur Grégory Gadebois, François, qu’il va décider de rencontrer suite à une illumination politique, alors que François, lui, est parfaitement bien installé dans sa nouvelle vie, au fin fond de la Corrèze, entouré de vaches, alors qu’il a définitivement tourné la page de la politique.
Plus ressemblant physiquement avec ses lunettes, sa coiffure, mais dès lors plus discret dans sa façon d’être, malgré son coffre et son style plus "enseignant", Grégory Gadebois, moins à l’aise dans l’exercice de la comédie, patine un brin face à Dujardin. Qu’importe, le duo fonctionne à merveille, et leurs joutes verbales nous tiennent suffisamment en haleine malgré le manque de mise en scène. On aurait par contre tort de ne pas parler des deux personnages féminins, épouse et compagne de Nicolas et François, respectivement jouées par Doria Tillier et Pascale Arbillot, inspirées tout en étant éloignées de la réalité. En effet, Natalie est une chanteuse lyrique, tandis que Isabelle est une vétérinaire, ce qui aura eu l’art de fait rire François Hollande lors de la première du film... Or, la position des deux femmes va permettre au film d’aborder le débat politique masculin/féminin, elles qu’on n’avait d’ailleurs pas vues venir dans la course...
Tourné en équipe réduite, de manière directe, et parsemé de textes au cordeau pour des scènes de dialogue parfois longues de plusieurs minutes, "Président(s)" est davantage un film de théâtre plutôt que de cinéma, dans le sens où la mise en scène d’Anne Fontaine manque cruellement d’entrain, d’action, de rebondissements que pour entraîner alors l’adhésion de tous. Par contre, les férus de politiques y trouveront leur compte, étant donné le soin apporté d’une part à l’écriture, et d’autre part aux interprétations. En effet, Dujardin et Gadebois amusent en hommes fragiles, cherchant chacun un nouvel idéal de vie, et un regain de popularité, envers laquelle ils n’ont pas vraiment raccrochée, au fond d’eux...