Genre : Comédie dramatique
Durée : 94’
Acteurs : Catherine Frot, Olivia Côte, Vincent Dedienne, Fatsah Bouyahmed, Melan Omerta...
Synopsis :
Eve Vernet a été la plus grande créatrice de roses. Aujourd’hui, elle est au bord de la faillite, sur le point d’être rachetée par un concurrent puissant. Véra, sa fidèle secrétaire, croit trouver une solution en engageant trois employés en insertion sans aucune compétence horticole... Alors que quasiment tout les sépare, ils se lancent ensemble dans une aventure des plus singulières pour sauver la petite exploitation artisanale.
La critique de Julien
Alors qu’il nous rappelle le léger et délicat film de Grégory Magne "Les Parfums", sorti l’été passé, "La Fine Fleur", labelisé "Festival de l’Alpe d’Huez 2021", est certes un voyage à l’apprentissage de la création de la rose, mais surtout d’une seconde vie, et de la beauté qui sommeille en elle(s), en nous, et cela en compagnie de Eve Vernet, jouée par Catherine Frot, fidèle à l’entreprise héritée de son père, mais au bord de la faillite. Aidée par sa secrétaire (Olivia Côte), dévouée comme jamais, cette dernière recrutera alors trois employés en insertion pour l’aider (pas possible de payer des personnes qualifiées), alors qu’un créateur industriel de roses (Vincent Dedienne) tente de profiter des difficultés pour racheter l’exploitation familiale et artisanale Vernet...
Quelle agréable surprise que cette comédie sociale et dramatique qui sent bon la rose, créée avec amour, et passion. D’une part, son réalisateur Pierre Pinaud nous invente à découvrir le monde méconnu et pourtant passionnant des créateurs de roses, eux qui ne sont qu’une quarantaine à travers le monde, principalement installés dans la région lyonnaise. On y découvre alors les différentes étapes du processus de création, ainsi que l’amour et l’abnégation que cela exige à ces artisans d’un autre temps, face notamment aux grandes sociétés concurrentielles, ainsi qu’à la privatisation et à la marchandisation exclusive des variétés de plantes. Sans entrer dans les détails, ni en dire suffisamment pour s’y connaître en profondeur dans le domaine, "La Fine Fleur" parvient tout de même à éveiller notre curiosité sur la création de roses.
D’autre part, le scénario nous propose une histoire de partage et de filiation plutôt touchante, menée par une Catherine Frot parfaite dans son rôle. Elle y incarne alors une artisane têtue et réfractaire aux techniques modernes, très attachée à ses valeurs morales, et marquée par le souvenir de son père, laquelle arbore d’ailleurs une allure plus masculine que féminine, elle qui va alors devoir s’ouvrir au monde pour sauver son entreprise, c’est-à-dire à des personnes n’ayant pas eu la chance de naître "du bon côté", et d’autant plus ignorants dans le domaine de l’horticulture. Sans en faire de trop, et avec une touche de justesse admirable dans l’émotion, l’actrice donne beaucoup d’épaisseur à son personnage, et une belle âme. Eve tendra en effet ses mains à un jeune petit caïd rejeté par sa famille, en lui offrant une perspective d’avenir, soit une renaissance en quelque sorte. Dans ce rôle, on retrouve un (quasi) inconnu, à savoir Melan Omerta, lequel crève l’écran, lui qui vient du monde du rap. Leur relation est alors au cœur du film, elle qui naît, puis évolue devant nos yeux, au fur et à mesure que leur création prend de la graine, pour devenir rose, avant que ses pétales s’envolent...
"La Fine Fleur" dresse alors un triple portrait, soit celui d’une profession en difficulté, d’une femme attachée et attachante malgré ses airs obstinés, ainsi que d’une population en quête de second souffle, de rédemption, et de droit chemin. Ensemble, par solidarité, ces deux derniers réussiront alors à se réinventer, et cela avec autant de beauté que celle qui est un peu à l’image de la beauté éternelle : la rose. On ressort alors touché par cette douce et sincère hybridation scénaristique, d’autant plus emballée dans un bouquet de décors charmants, qui sentent bon les parfums de saison.