Synopsis : Au dix-huitième siècle, à la veille de la Révolution française, un cuisinier limogé par son maître trouve le courage, au contact d’une jeune femme étonnante, de se libérer de sa condition de domestique et de proposer son savoir-faire directement au public en créant le premier restaurant.
Acteurs : Grégory Gadebois, Isabelle Carré, Benjamin Lavernhe, Patrick Chesnais, Guillaume De Tonquédec
Associer un pays à ses repas, fait appel à notre mémoire cinématographique :
- Ainsi, pour l’Italie, l’injustement oublié des salles (et hélas pas disponible en DVD sous-titré en français mais disponible en location ou vente sur AppleTV et GooglePlay !) The Trip to Italy, de Michael Winterbottom (2014) où la nourriture est associée au voyage et où les protagonistes, critiques gastronomiques (Rob Brydon, Steve Coogan) parcourent l’Italie, de la Lugurie, Toscane, Amalfi, en passant par Capri... en dissertant sur la poésie...
- Ou, à l’autre bout du monde, à Hong Kong, avec In the Mood for Love (2000) qui sort vingt ans plus tard en une remarquable version restaurée en 4K, qui nous fait découvrir un homme et une femme, tous deux trompés, dans une très émouvante historie d’amours impossibles, sur fond de repas et de nouilles (dont tous le sens paraitra bien plus parlant aux férus de culture et de nourriture asiatique...
- Ou encore, un autre film asiatique, Ramen Teh d’Eric Khoo (2018) - recherche d’impossibles racines entre Japon et Singapour, où la caméra virevolte entre les plats pour nous faire saliver (et n’oublions pas non plus Le festin de Babette)...
Ce sont d’ailleurs l’analogie des plans inauguraux de Ramen Teh et de Délicieux qui nous ont touché.
Une caméra qui s’attarde sur les plats, les mains qui pétrissent, mélangent, préparent et cuisent dans ce film qui parle de l’invention du restaurant, à l’orée de 1789. Et tout ce go, il faut préciser ici qu’Eric Besnard (dont nous avions beaucoup apprécié Le goût des merveilles et L’Esprit de famille !) INVENTE une histoire. Le restaurant, tel que nous le connaissons aujourd’hui, avec un menu, des tables, des chaises, une nappe... c’est plus tôt et plutôt parisien et cela s’est déroulé sur plusieurs années.
Mais peu importe, l’essentiel est ailleurs, à la jonction d’un ancien monde, d’un ancien régime pour un nouveau ou tout reste à construire, où il y a place au rêve et à tous les espoirs. Les acteurs sont en pleine forme pour donner corps à ce film, ainsi Grégory Gadebois (presque méconnaissable après l’avoir vu dans le rôle de François, un ancien président de la République, le dernier film d’Anne Fontaine) et Benjamin Lavernhe (également tout aussi méconnaissable après l’avoir vu dans Le Discours ! et qui avait le rôle-titre dans Le goût des merveilles), antagoniste du premier et dont on rêve que sa tête, telle celle de Jean-Baptiste, se retrouve sur un plat que l’on pourrait servir à ses nobles amis, y compris un cardinal ! A leurs côtés Isabelle Carré et Guillaume De Tonquédec dont nous découvrions avec bonheur l’évolution de leurs personnages.
Que voilà une belle et bonne comédie française dont on vous laisse découvrir toutes les subtilités et la finesse à l’écran. Voilà un film qui vous mettra l’eau à la bouche et vous donnerait presque envie d’être de ceux qui prirent la Bastille. C’est bon, c’est beau, bien construit avec tendresse et humour. Sans se prendre au sérieux ce film est un bon cru pour la rentrée.