Synopsis : Une immersion fascinante dans la vie d‘une truie et de ses petits, entourés par des vaches et des poules. En les filmant comme des êtres à part entière, Victor Kossakovsky porte un regard nouveau sur l’animal et offre une expérience humaniste, visionnaire, transcendante.
Le documentariste Victor Kossakovski offre une œuvre très singulière avec Gunda, un film produit par Joaquin Phoenix. Il se centre essentiellement sur l’histoire d’une truie (Gunda) dans l’environnement de la ferme. Il filme en un très beau noir & blanc. Le film sans musique et sans commentaire échappe ainsi à la critique d’y voir un plaidoyer pour une cause qu’il défend ou défendrait ou qui, du moins, orienterait le spectateur vers un choix à faire, le végétarisme en l’occurrence. Rien ne vient appuyer les émotions pour forcer le spectateur à choisir cette voie. Le film est tout en sobriété, d’autant que le récit est simplement celui du temps qui passe, à hauteur des animaux : la truie, ses petits, les gallinacés dans la basse-cour et les bovins dans la prairie.
Même si rien n’est dit ou exprimé en ce sens, nous savons, par notre raison, quelle sera la fin de ces animaux (même si on ne la montre pas et, pour l’anecdote, suite au succès du film, le fermier aurait décidé de ne pas mener la truie à l’abattoir et de la laisser vivre jusqu’à la fin).
Le réalisateur ne tombe pas dans le piège qui viserait à déifier le monde animal où il y aurait une sorte de pureté originelle. C’est la loi cruelle de la nature. Et malheur au petit porcelet qui n’arrivera pas au pis de sa mère (c’est un combat que les petits doivent mener entre eux) ou lorsque le petit trop chétif est tué par sa mère (parce que dans la nature il ne survivra pas). Les bovins eux-mêmes envahis par les mouches (certaines trouvent une "parade" en se plaçant tête-bêche pour chasser avec leur queue les mouches qui se trouvent sur l’autre) sont confrontés à la "nature", celle qui est le lieu d’un combat permanent.
Le temps du film est lent, très lent et nous sommes dans le bain, dès le début, avec un très long plan, caméra immobile (nous n’oserions parler de plan séquence) où l’on voit la tête d’une truie pendant de longues minutes jusqu’à ce que les petits commencent à naître. Nous sommes toujours à hauteur des animaux. Cela paraitra probablement d’un ennui abyssal à certains puisqu’il ne se passe rien, hormis la banalité du quotidien et nous supposons qu’avant le montage final il y a eu de nombreux jours de tournage pour obtenir ces images depuis la naissance jusqu’à la fin du récit qu’il nous est donné à voir.
Nous ne voyons pas la ferme, pas les humains non plus. Seulement à la fin où l’on arrive avec un véhicule dans lequel on fait entrer les porcelets et il n’et pas besoin d’explication pour découvrir que c’est pour se retrouver à l’abattoir et ensuite dans nos assiettes. Lorsque le véhicule sera parti, la caméra s’attarde longuement sur la truie qui cherche ses petits. Il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures. Il s’agit d’un animal, mais nous sentons cette détresse, non pas humaine, certes, cependant bien présente.
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