Synopsis : A partir du mois de septembre l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi. Tout de lui m’a été précieux, ses yeux, sa bouche, son sexe, ses souvenirs d’enfant, sa voix...
Acteurs : Laetitia Dosch, Sergueï Polounine, Caroline Ducey, Grégoire Colin, Slimane Dazi, Tibo Vandenborre
Près de trente ans après la sortie du livre Passion simple d’Annie Ernaux (en 1992), Danielle Arbid en propose une adaptation pour le cinéma... et le résultat est décevant ! Pourquoi adapter ce récit autobiographique d’une soixantaine de pages (si l’on ne compte que celles où il y a du texte) ou Annie Ernaux tente de traduire une passion en mots, dans un récit sans dialogue et où l’autre (un homme d’affaires marié, étranger originaire des pays de l’Est) est seulement nommé "A." Cette lettre A, anonyme en quelque sorte, mais aussi cette lettre d’amour avec le lecteur pour seul interlocuteur semblait bien difficile à rendre à l’image. En effet, le film quitte la singularité de la confession, du seul personnage à s’exprimer, qui soliloque en quelque sorte, pour en faire une banale histoire d’une relation amoureuse, un amour peut-être intense, mais passager (comme dans l’histoire réelle) et dont la fin a dû justifier l’écriture par Annie Ernaux. Et c’est toute l’incandescence de ce récit, de ce cri à la première personne qui disparait à l’écran.
Celle qui incarne Hélène Auguste (Annie Ernaux donc) est Laetitia Dosch, la quarantaine et si madame Ernaux a cinquante ans quand elle écrit, l’on peut supposer qu’elle en avait quarante au moment de sa rencontre avec "A." qui lui avait 38 ans dans le roman ! Et déjà ici, le bât blesse en mettant en scène dans le rôle de cet amant, Sergei Polunin, danseur de ballet ukrainien, ancien danseur du Royal Ballet, ayant pris la nationalité russe en 2018, fan de Poutine (qu’il a même tatoué sur son corps), la trentaine au moment du tournage, qui interprète Aleksandr Svitsin ("A." donc).
Il faut reconnaitre à la réalisatrice qu’elle sait mettre les corps en valeur, avec la caméra au plus près de la peau, en particulier lors des relations sexuelles, ou dans leur nudité (parfois frontale). Alors l’on suppose qu’il s’agit de sexe simulé même si cela parait bien réel à l’image (et c’est probablement voulu). Et tant Laetitia Dosch que Sergueï Polounine sont beaux à voir, chacun dans leur genre. Mais l’on est quand même dans un genre proche du porno soft ; et dans la foulée, pourquoi ne pas aller à plus explicite, comme a tenté de le faire Philippe Diaz dans son film américain Now & Later ?!
Mais à part cette mise des corps en images (mais si chirurgicale que cela paraît froid, sans âme, sans véritable érotisme, de nouveau nous pensons "porno soft"), le film semble bien vide, sans que quelque chose vienne "lier" la sauce (et les amants), sans que le film finisse par irriter.
Et le comble de l’irritation vient du choix de l’acteur principal par la réalisatrice libanaise. Pourquoi une femme choisit-elle un homme qui ne cache pas son sexisme, son racisme, son homophobie, sa grossophobie ? La beauté du corps ne cache pas la noirceur de l’âme, même si l’on est arrivé à cacher à l’écran le tatouage de Poutine.