Synopsis : Ondine vit à Berlin, elle est historienne et donne des conférences sur la ville. Quand l’homme qu’elle aime la quitte, le mythe ancien la rattrape : Ondine doit tuer celui qui la trahit et retourner sous les eaux…
Acteurs : Paula Beer, Franz Rogowski, Maryam Zaree, Jacob Matschenz
Après un remarquable Transit, son film précédent, sorti sur les écrans en 2018, Christian Petzold met en scène le même couple d’acteurs (pas de personnages !), à savoir Paula Beer et Franz Rogowski (en y ajoutant Jacob Matschenz et Maryam Zaree très connus pour avoir joué au cinéma et en télévision) dans un film qui se joue dans l’eau et sur la terre et dans lequel l’air est d’importance. Avec Transit, Petzold ouvrait un passage en jouant avec le temps, en se jouant de lui. Il fallait franchir des étapes dont on n’échappait pas : qu’il s’agisse de celles de la mort ou de l’enfer !
Qui aura lu le synopsis ...qui ne dévoile que le tout début de l’intrigue... sera intrigué par ce préambule dans un film contemporain. Pourquoi tuer celui qui a aimé et n’aime plus ? Sur ce terrain, les Germaniques auront beaucoup plus d’éléments que nous. C’est que le titre Undine est aussi parlant pour un Allemand que ne pourrait l’être Mélusine ou Merlin pour un francophone (ou Odin pour un Scandinave !). En effet, derrière ce nom se trouve un personnage, une sorte de sirène des lacs qui peuple l’imaginaire des contes allemands. La connaissance du mythe originel - très librement revisité par Petzold - n’est pas nécessaire pour entrer dans le film. Il n’empêche que celle-ci apportera une plus-value au spectateur (qui se sera) informé ! En effet, elle lui donnera des clés de lecture qui lui permettront de comprendre le déroulement de ce film. C’est que sans être clairement "fantastique" il en est néanmoins déconcertant pour qui aura un regard trop rationnel.
Il est un autre personnage à part entière dans le film, c’est celui de Berlin qu’Ondine fait découvrir grâce à des maquettes montrant l’évolution de l’architecture tant dans l’imaginaire soviétique d’avant le mur) qu’après la réunification, mais également par la place centrale d’un château détruit ! Si en ce domaine la mythologie classique n’est plus nécessaire à la compréhension (sauf peut-être une autre mythologie, celle qui habite la culture et les impensés des deux nations allemandes désormais réunifiées) du récit, il est probable qu’une bonne connaissance culturelle et architecturale de Berlin apportera un atout supplémentaire pour appréhender Ondine.
Mais revenons justement à celle-ci sans dévoiler l’intrigue sauf à préciser que le milieu par excellence d’Ondine, c’est l’eau tandis que celui de Christoph sera la terre, de même que pour Johannes. En effet, l’eau n’est pas leur milieu naturel et celui-ci leur sera fatal comme on le comprendra durant le film lorsque l’air vient à manquer. Bien plus, Christoph dont c’est le métier de plonger doit le faire avec un lourd scaphandre et non la traditionnelle combinaison de plongée moderne (et autonome). Il faudra au spectateur (et aux protagonistes) à faire des liens entre les eaux et un scaphandre. Il découvrira alors une double histoire d’amour dont l’issue est "programmée" dans le mythe, un nom qui se donne à connaître dans l’eau. Des esprits qui communiquent au-delà de la vie/mort pour mieux se retrouver au fond d’un lac, ou des mains qui se frôlent, l’une gantée, l’autre nue, mais que la technique cinématographique ne permet pas de visualiser comme pour un silure géant.