Signe(s) particulier(s) :
– Tracee Ellis Ross, qui campe ici le rôle de la superstar Grace Davis, n’est autre que la fille de la chanteuse mythique Diana Ross et du producteur musical Robert Ellis Silberstein, laquelle est considérée comme une icône de la mode aux États-Unis.
Résumé : Grace Davis est une superstar de la musique à l’ego surdimensionné mais proportionnel à son talent. Son assistante personnelle, Maggie, s’affaire à des tâches ingrates alors qu’elle rêve depuis qu’elle est enfant de devenir productrice de musique. Lorsque le manager de Grace lui fait une proposition qui pourrait transformer sa carrière, elle et Grace élaborent un plan qui pourrait changer leur vie pour toujours.
La critique de Julien
Clap cinquième pour la réalisatrice, scénariste, productrice et actrice canado-américaine d’origine indien Nisha Ganatra. En octobre dernier, la cinéaste nous dévoilait les dessous croustillants, mais pas très égaux du petit écran, et en particulier des émissions phares de fin de soirée aux Etats-Unis, dans la comédie "Late Night", dans laquelle Emma Thompson interprétait une célèbre présentatrice sur le déclin, et Mindy Kaling, sa nouvelle auteur, d’après son propre scénario, elle qui fut à l’époque stagiaire dans un célèbre talk-show, et dans son cas la seule femme (issue d’une minorité) à travailler au sein d’un groupe composé exclusivement d’hommes. Plébiscitée à Sundance pour ce film, Ganatra a alors été approché pour diriger "La Voix du Succès", scénarisé cette fois par Flora Greeson, laquelle a également puisé dans son vécu, elle qui a entamé sa carrière comme assistante auprès d’un cadre d’Universal Music à New York. Et décidément, le dessous du monde du show-biz semble intéresser la cinéaste, laquelle met en scène l’envers du décor de la vie d’une artiste féminine à l’aube d’une nouvelle étape dans sa carrière, ainsi que de celui du métier de producteur...
Dans "La Voix du Succès", Dakota Johnson (la trilogie "Cinquante Nuances") interprète Maggie Sherwoode, l’assistante personnelle un peu trop intrusive de la légendaire chanteuse excentrique de R&B Grace Davis (Tracee Ellis Ross), elle qui vit depuis une dizaine d’années de grandes de tournées réussies, alors qu’elle n’a plus sorti de nouvel album depuis. Alors que Maggie rêve de devenir une productrice de musique, remixant en cachette les chansons de Grace pendant son temps libre, le manager et ami de Grace, Jack Robertson (Ice Cube), pense que l’artiste a fait son temps, et qu’elle devrait ainsi accepter une résidence à Las Vegas, et ainsi continuer à sortir des albums live, plutôt que d’enregistrer de nouveaux morceaux, elle qui serait soi-disant trop âgée maintenant pour être de nouveau numéro un, au risque ainsi de connaître un échec, ce que contestera Maggie, prête à tout pour la dissuader de cette idée préconçue, et impersonnelle. En parallèle, cette dernière repairera un jeune musicien (Kelvin Harrison Jr.), qu’elle espéra pouvoir propulser sur le devant de la scène internationale...
On aurait aimé adorer "La Voix du Succès", mais malheureusement, le film tente maladroitement de trouver la voie pour traiter du monde de l’élite musicale, à Los Angeles, pourtant un sujet très intéressant, tout en étant commercial, et finalement assez peu exploité au cinéma. Mais en choisissant de raconter son histoire sur fond de comédie dramatico-romantique à l’eau de rose, le film ne fait qu’effleurer ses sujets principaux, comme la question de la non-pérennité des artistes dans la musique, ainsi que celle de l’atteinte à leur vie privée, ou encore de la solitude qui peut les atteindre. En effet, l’écriture se referme sur elle-même une fois ses thèmes abordés, pour alors se reposer entièrement sur ses personnages, quelque peu stéréotypés (l’artiste impénétrable, le jeune artiste incertain, la coloc sotte), et peu agiles dans leurs idées, et principalement sur celui joué par Dakota Johnson, en assistance idéaliste, pourtant totalement transparente, et ne disant finalement pas grand-chose du métier de producteur. Reste alors quelques dialogues ciselés, un univers superficiel de paillettes et de strass plaisant à suivre, ainsi qu’une bande-originale efficace, écrite et enregistrée en amont du tournage, et faisant la part belle aux productions de Rodney Jerkins, alias Darkchild, lequel a notamment collaboré avec Beyoncé, Jennifer Lopez, Lady Gaga, ou encore Janet Jackson. Par rapport à cela, on regrettera que les artistes et leur musique, cités ici et là dans le film, ne sont que des artistes américains...
Malgré ses intentions, "La Voix du Succès" ne trouve pas le ton juste pour nous parler des dessous de la lourde industrie musicale américaine, lequel s’attable plutôt à un feel-good movie girly jamais désagréable, posé sur son petit nuage.