Signe(s) particulier(s) :
– premier long-métrage live de Pierre Coré après quatre courts métrages et le film d’animation "Sahara" (2017), inédit chez nous ;
– adapté librement de la bande-dessinée "Le Temps des Marguerite" (2009) de Robin et Vincent Cuvellier.
Résumé : Marguerite et Margot ont toutes les deux douze ans, avec chacune sa famille, ses copains, ses problèmes... Et son époque. Car l’une vit en 1942 et l’autre en 2018. Mais c’est sans compter sur une mystérieuse malle magique qui les transporte chacune dans l’époque de l’autre. Margot et Marguerite ont un autre point commun : leur père n’est plus là, disparu en pleine 2ème Guerre Mondiale ou n’habitant plus à la maison. À 70 ans d’écart, elles se lancent dans une grande aventure pour retrouver leurs présents, explorant l’Histoire, mais aussi la mémoire de leurs familles.
La critique de Julien
Pour son premier film "live", Pierre Coré adapte librement la bande-dessinée "Le Temps des Marguerite" (2009) de Robin et Vincent Cuvellier. Conte fantastique abordant en filigrane la mémoire des aïeux, la transmission, le statut de la femme, ainsi et surtout que la figure paternelle, "L’Aventure des Marguerite" est l’occasion de découvrir deux Lila Gueneau pour le prix d’une. La première, Marguerite, vit alors en 1942, et la seconde, Margot, de nos jours, lesquelles ont un point commun, soit l’absent d’un père (le premier est porté disparu, et le second a quitté le foyer familial sans donner plus de nouvelles). En se glissant dans une malle dite "magique", Marguerite échangera alors sa place avec Margot, faisant des deux héroïnes de petites anthropologues parachutées dans une époque qu’elles ne connaissent pas, et cela pour une bonne raison : retrouver le père de l’autre, afin de leur permettre de retrouver leur présent. Alice (Alice Pol), la tante peu futée de Marguerite, aidera alors Margot dans son périple en pleine Seconde Guerre mondiale, tandis que le meilleur ami (et plus si affinités) de Margot, Nathan (Nils Othenin-Girard), aidera quant à lui Marguerite, en 2020, tandis que le beaux-père de Margot, Laurent (Clovis Cornillac) ne comprendra rien à la situation, d’autant plus avec une belle-fille qu’il ne reconnaît pas...
Alors que la bande dessinée destinée aux huit à douze ans s’articule autour de deux promenades dans des capsules-temps différentes, dont l’une durant la Belle Epoque, en 1910, et l’autre en 2010, Pierre Coré et son co-scénariste Stéphane Kazandjian ont souhaité apporter plus de dramaturgie aux antagonistes de cette histoire, et dès lors davantage de rencontres, et donc d’aventure. Voilà donc pourquoi "L’Aventure des Marguerite" se situe d’une part en 1942, face à la guerre, et d’autre part en 2020, face à sa technologie. Pourtant, on ne peut pas vraiment dire que leur périple respectif soit surmonter d’obstacles insurmontables, le tout étant bien trop inoffensif, notamment pour soulever une quelconque tension. Car on est bien là face à une comédie, rappelée plus d’une fois par des seconds-rôles adultes finalement bien plus dépassés par les événements que les Marguerite en question ! Dommage aussi que ces derniers passent la majorité de leurs temps à surjouer, et ainsi à exagérer leurs traits, alors que les enfants, eux, s’en sortent plutôt bien.
On appréciera en tous cas les ruptures de ton entre les époques au sein du montage, effréné, Pierre Coré traitant la mémoire et le (passé) familial alors que Robin et Vincent Cuvellier, eux, s’amusaient à comparer le monde d’aujourd’hui et celui d’hier. Par contre, nous ne sommes pas très convaincus par ses anachronismes assumés, ainsi que des choix d’écriture peu cohérents entre les faits et dialogues, notamment lorsque Margot retrouve son passé dans le présent actuel...
Destinée à un public pré-adolescent, et pourquoi pas à leurs parents, "L’Aventure des Marguerite" est une adaptation légère de la bande-dessinée de laquelle elle s’inspire, elle qui aurait ainsi pu s’avérer plus subtile et instructive dans sa reconstitution et le respect de l’Histoire, en effet bien plus compliquée que cela. Mais le(s) voyage(s), empruntant à la fable, n’en demeure(nt) pas moins charmant(s), sans temps mort, et parcouru(s) de thèmes aussi intergénérationnels qu’actuels.