Synopsis bref : L’histoire hypnotique et hallucinatoire de deux gardiens de phare sur une île mystérieuse et reculée de Nouvelle-Angleterre dans les années 1890.
Avec : Robert Pattinson, Willem Dafoe, Valeriia Karaman
Il faut le préciser d’emblée : a priori le film n’est pas vraiment grand public et il faut saluer ici Universal de proposer aux cinéphiles un film âpre et difficile réalisé par Robert Eggers et co-écrit avec son frère Max. Ceux qui auront vu The Witch, son premier film, catalogué dans le genre épouvante, penseront que le réalisateur poursuit dans la même veine. De fait, The Lighthouse est souvent présenté comme film d’horreur. Ce serait cependant une erreur de l’y cantonner. Plus que d’horreur, il s’agirait d’épouvante, voire même d’un thriller psychologique. Si cela ravira les fans du genre, il n’empêche que le film est en noir et blanc et au format "carré"... autant dire qu’il n’a rien pour attirer les foules. Par ailleurs, déjà sorti depuis l’automne 2019 et présenté dans plusieurs festivals, il n’y a pas vraiment eu de sortie belge, hormis au Festival de Gand (et confidentielle actuellement à Bruxelles au Kinograph et au Cinéma Aventure) et en streaming sur iTunes, le tout combiné aux mesures de confinement fait que beaucoup n’auront pu voir ce petit bijou cinématographique. Occasion donc de se rattraper puisqu’il sort en Blu-Ray et DVD en cette mi-juillet 2020.
Nous n’en dirons pas plus sur le film que le synopsis long ci-dessus, car il faut prendre la mer et grimper dans le phare du film pour découvrir l’étrange relation de ces deux hommes, un jeune et un ainé, et l’évolution de celle-ci. Retenons cependant un "jeu" maître/esclave, une dimension érotique, avec un accent homoérotique, dont parlent d’ailleurs le réalisateur et les acteurs lors d’interviews (à lire ici, par exemple) lié également à la dimension phallique du phare. De là à en faire un film queer ... la question reste posée. Car l’attrait du film tient surtout dans tout ce qu’il n’a pas pour séduire de premier abord, à savoir son format et sa couleur, ou plutôt son absence de couleur. Le format est 1.19 (plus carré donc que le classique 1.37 !). Il convient particulièrement bien pour placer la largeur du phare dans le cadre de l’image. Pas sa hauteur bien sûr ce qui amènera de nombreux plans avec un travelling vertical propre à faire découvrir le phare jusqu’à son point haut, lumineux et fascinant. Ensuite le "noir et blanc" qui n’est pas "classique". En effet, le chef opérateur a utilisé une pellicule noir et blanc orthochromatique. En gros, c’est un noir et blanc très contrasté, car la pellicule ne capte pas le rouge (et cela est accentué par des filtres placés devant des optiques particulières datant des années 30). Cela donne une image bluffante de contraste dans la majorité des images (en effet, ce ne sera pas le cas de certains plans extérieurs qui sont en gris sale, informe, et qui accentuent l’ambiance angoissante). L’utilisation d’une telle pellicule va accentuer les défauts de la peau et produire des gros plans sublimes des visages. Autant dire qu’il s’agit d’un film de toute beauté, réservé aux plus de seize ans qui découvriront un duo d’acteurs qui sortent de leur zone de confort pour occuper l’espace, l’écran, le phare durant une centaine de minutes.
Le Blu-Ray a été testé sur plusieurs installations (pour les détails techniques l’on vous renvoie à la recension du Blu-Ray Universal de The Invisible Man) et en particulier en vidéoprojection sur un écran de 3,5 m.
Le menu reprend la nouvelle présentation Universal avec en image de fond le visage des deux protagonistes. Les remarques sont identiques à celles faites pour The Invisible Man. L’image est de toute beauté, avec le grain de la pellicule, accentué par son caractère orthochromatique. Le son vous fera redécouvrir vos enceintes par son caractère immersif et angoissant, accentué par un cor de brume qui est souvent présent en arrière plan sonore. Ajoutons, pour être complet, que la bande son rend hommage au travail remarquable fait sur les accents pour rendre compte avec beaucoup de réalisme (la marque de fabrique du réalisateur qui à une expérience dans le milieu théâtral) de l’ambiance (et) de l’époque !
Les bonus sont eux aussi a mettre en avant. Tout d’abord un module d’une trentaine de minutes en trois parties (en couleur et au format 1.85) "A Dark & Stormy Tale" vous en apprendra beaucoup sur les conditions de tournage, la construction du phare et des décors (interviews, notamment, des acteurs, du réalisateur, costumière, chef opérateur...) et que l’on vous conseille de voir après le film ! Outre les traditionnelles "delete scenes", l’on ne peut que vous inviter à revoir le film avec le commentaire audio du réalisateur et il faut également remercier Universal d’en proposer le sous-titrage en français.
Comme signalé le film est réservé aux plus de 16 ans, comme le rappellent les indications de la nouvelle signalétique visuelle au verso du média.