Signe(s) particulier(s) :
– troisième film de Michaël Youn en tant que réalisateur après "Fatal" (2010) et "Vive la France" (2013) ;
– Grand Prix du Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez 2020.
Résumé : Après 5 ans de mariage, Ben est toujours aussi éperdument amoureux. Jusqu’au jour où il découvre en public que sa femme le trompe : humilié et plaqué dans la foulée ! Abattu et lâché par ses proches, Ben peine à remonter la pente jusqu’à ce qu’il croise le chemin de Patrick, un ancien ami lui aussi divorcé qui lui propose d’emménager chez lui. Patrick, au contraire de Ben, entend bien profiter de son célibat retrouvé et de tous les plaisirs auxquels il avait renoncé durant son mariage. Bientôt rejoints par d’autres divorcés, les fêtards quarantenaires ébauchent les premières règles du " Divorce Club "…
La critique de Julien
"La principale cause du divorce, c’est le mariage !". Bienvenue au "Divorce Club" ! Michaël Youn revient en forme derrière (et devant) la caméra pour cette comédie ovationnée au dernier Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez. Mais le "Divorce Club", c’est quoi au juste ? Et bien c’est très simple, puisqu’il s’agit d’un club où vivent des quadra divorcés, et cela afin de se serrer les coudes, et surtout profiter de ce que leur vie de couple ne leur a pas apportée... Sous l’influence de son pote Patrick (François-Xavier Demaison), plus sombre qu’il en a l’air, et qui a fait fortune avec une application de livraison de papier-toilette, Ben (Arnaud Ducret), agent immobilier, fan des Kool & the Gang, acceptera de vivre dans sa superbe villa, tels des ados en colocation, avant de créer ensemble ledit club, se persuadant alors qu’il n’y a que les manchots sur Terre qui sont monogames...
Et si le divorce était la meilleure chose qui pourrait arriver dans la vie ? En tout cas, ce dernier semble inspirer Michaël Youn, et les scénaristes qui l’ont aidé dans la tâche, tant cette comédie, bienveillante, tout en frôlant les limites, se révèle plus drôle qu’attendue. Certes, il n’y a absolument rien ici de nouveau dans l’image stéréotypée de la sexualité libre, mais aussi du couple qui se sépare, loin de l’art et la manière, ou encore du gars toujours éperdument amoureux qui (n’)essaie (pas) de se reconstruire, mais "Divorce Club" ne campe pas sur ces positions archi-éculée dans la comédie française populaire, et offre véritablement une seconde chance à son personnage principal. Ou plutôt, devrait-on dire, de nouveaux ennuis !
C’est que l’on rigole ici des (pires) humiliations répétées que va vivre Ben, joué par un Arnaud Ducret, qu’on n’avait rarement vu aussi bon dans la comédie et l’émotion, et des situations embarrassantes dans lesquelles il va se retrouver. Et puis, l’autre force de cette comédie, c’est l’écriture plus que suffisante, et même truculente de ses nombreux personnages secondaires, dont Albane (Audrey Fleurot en femme un peu trop à l’aise avec sa sexualité), Helmut (Youssef Hajdi, assistant personnel à la "Mary Poppins", lequel était avant cela dans la Légion, surnommé "cuisinier"...), Didier (Grégoire Bonnet, irrésistible en adulescent en plein crise), mais également Sarah (Frédérique Bel, une conquête d’un soir psychopathe), Marion (Caroline Anglade, femme divorcée moderne, sincère et indépendante, qui s’accomplit en montant sa salle de sport dans un ancien sex-shop) et sa meilleure pote, Gisèle (Charlotte Gabris, en amie "bobo" bio un peu trop protectrice et coincée).
Sans en faire de trop, ces derniers pimentent l’action et les répliques salées de cette comédie souvent marrante, et donnent du fil à retordre à cet homme dans le pétrin. On oubliera pas non plus de citer quelques scènes croustillantes et barrées, notamment celle de la cuite mémorable, au volant d’une Ferrari 250GTO, et toutes celles avec Michel, un lémurien (!), qui ne semble pas trop apprécier Ben !
Une chose est certaine, on ressent le plaisir certain qui a du régner le plateau de tournage, alors que certains acteurs n’ont pas eu peur de se dévoiler dans leur plus simple appareil (beaucoup de nudité, d’embrasses avec la langue dans des bouches béantes, d’alcool et de drogues, d’où l’interdiction potentiellement préjudiciable jusqu’à 16 ans). Pourtant, "Divorce Club" joue alors la carte de la comédie jamais malveillante, ni trop trash, qui conviendra parfaitement à son public venu chercher du rire après une période assez compliquée à vivre. Et par rapport à tout ce que l’on peut voir actuellement dans la comédie française, on peut dire que Michaël Youn a plutôt réussi son pari, tout en ne partant pas de bases faciles, desquelles il arrive finalement à s’extirper, avec la folie foutraque et bon-enfant qu’on lui connaît. Maintenant, reste à savoir si le public répondra présent. Mais si tel est le cas, sachez que chacun a déjà envie de se replonger dans son personnage, à l’occasion d’un l’enterrement de vie de garçon, dans une magnifique villa dans la Palmeraie de Marrakech...
Déjanté, délicieusement excessif, et drôle, "Divorce Club" est sans doute la comédie la plus mature et maîtrisée de Michaël Youn, lequel s’est amusé sur toute la ligne avec cette histoire de prime abord assez clichée, mais envers laquelle on ne pique pourtant pas du nez, elle qui est emmenée par de nombreux gags, et une belle bande de comédiens en totale confiance.