Synopsis : Mai 1940. La guerre s’intensifie, l’armée française s’effondre, les Allemands seront bientôt à Paris. La panique gagne le gouvernement qui envisage d’accepter la défaite. Un homme, Charles de Gaulle, fraîchement promu général, veut infléchir le cours de l’Histoire. Sa femme, Yvonne de Gaulle, est son premier soutien, mais très vite les évènements les séparent. Yvonne et ses enfants se lancent sur les routes de l’exode. Charles rejoint Londres. Il veut faire entendre une autre voix : celle de la Résistance.
Acteurs : Lambert Wilson, Isabelle Carré, Olivier Gourmet, Catherine Mouchet, Sophie Quinton, Laurent Stocker, Gilles Cohen
Voici le troisième film de ces dernières années à situer son action aux alentours du mois de mai 1940. Après Dunkirk de Christopher Nolan (2017) qui traitait de l’Opération Dynamo nous avons découvert, de l’autre côté de la Manche Darkest Hour de Joe Wright, film consacré à Chruchill (2018). Cette année nous offre un portrait d’une autre homme politique, Charles De Gaulle. C’est le documentariste (essentiellement) Gabriel Le Bomin, qui s’y attaque. En 2017, il avait proposé Nos patriotes qui se débutait peu après l’été 40 et racontait une histoire vraie, profondément humaine qui parlait au cœur. Un film centré sur quelques années de la vie d’un "terroriste" ! Noir, guinéen, peul ! Et si les guillemets sont placés autour du mot ’terroriste’, ils devront être placés aussi autour du mot traître à la patrie pour De Gaulle, considéré comme tel par les autorités françaises réunies autour du maréchal Pétain après "l’appel du 18 juin".
En effet, ce sont d’autres heures sombres dont il sera question dans le film sobrement intitulé "De Gaulle". Ces heures qui vont se déployer sur un mois environ, de fin juin jusqu’au fameux appel depuis Londres et les jours qui suivront. Il fallait un acteur de talent pour incarner l’homme prestigieux que l’on découvre passer du statut de colonel à celui de général durant le film. C’est Lambert Wilson qui incarne le grand homme. L’on pourra polémiquer à l’envi sur son interprétation ? Est-il l’acteur qu’il fallait ? Et, même un autre acteur aurait-il pu incarner ce personnage. Autant Gary Oldman ne semblait pas poser de problème (pour un public francophone au moins) autant Wilson pose question. Nous avions apprécié l’acteur dans Les traducteurs tandis qu’ici, nous sommes dubitatif. Non pas que l’acteur ne s’efface pas devant son personnage, mais que celui-ci est si complexe, du moins dans la mémoire collective que nous en avons (et peut-être plus encore pour un public de Français), que la tâche semble impossible. Fort heureusement Wilson ne joue pas à l’imitation vocale. Il restera à chacun de juger.
Si le film est intéressant pour faire découvrir la France et son rapport à l’invasion allemande de fin mai à juin 1940, le gouvernement de la 4e République (avec Olivier Gourmet en Président du Conseil), le Maréchal Pétain, grande figure de la Première Guerre Mondiale - ce qui lui confère une aura prestigieuse - et son souci de faire la paix avec l’envahisseur allemand, car il estimait la bataille impossible à gagner (et c’est aussi une des attentes des détracteurs de Churchill dans Darkest Hour, les rencontres avec Churchill, il devient plus bancal dans son souci de montrer le côté familial de De Gaulle, son épouse, sa fille trisomique, son fils Philippe et sa famille en général. C’est que cette juxtaposition entre moments intenses de la vie "professionnelle" du très catholique De Gaulle et sa vie familiale brise la cohérence du propos.
Faut-il pour autant bouder ce film ? Probablement pas, d’autant que malgré ses faiblesses il permettra aux Belges (et peut-être aux Français plus jeunes) de découvrir, outre le général, la France sous la 4e République.