Signe(s) particulier(s) :
– basé sur le livre autobiographique "Inside Out : Escape from Pretoria Prison" (2003) de Tim Jenkin, l’un des évadés politiques de la prison locale de Pretoria en 1979, lequel s’offre ici un caméo furtif en tant que prisonnier dans la salle d’attente de la prison.
Résumé : L’histoire vraie de l’incarcération et de l’évasion de deux activistes anti-Apartheid, Tim Jenkin et Stephen Lee, en Afrique du Sud en 1978. Incarcérés dans la prison de sécurité maximale de Pretoria, ils décident d’envoyer un message clair au gouvernement et de s’échapper !
La critique de Julien
Distribué en Belgique par Kinepolis Film Distribution, "Escape From Pretoria" marque le retour chez nous sur grand écran de Daniel Radcliffe, lui qui, au contraire de son ancienne partenaire de jeu Emma Watson, n’avait plus connu la joie (depuis un bon bout de temps) de voir l’un de ses films sortir au cinéma, en Belgique. Et pourtant, l’ex-Harry Potter n’a jamais cessé de tourner. Et autant dire d’emblée que le physique (cheveux mi-longs, grosse lunette, barbe des mauvais jours) d’un jeune homme de la fin des années septante ne lui va pas (du tout) comme un gant ! En effet, Radcliffe range définitivement ici la baguette pour... des clefs, mais tout aussi magiques ! Force est donc de constater qu’il n’a rien perdu de ses doigts ! Le voilà donc aujourd’hui dans la peau de l’ancien militant anti-Apartheid et prisonnier politique Sud-Africain Tim Jenkin, qui, avec Stephen Lee (joué par Daniel Webber) et Alex Moumbaris (ici renommé Leonard Fontaine, joué par Mark Leonard Winter) se sont échappés de la prison centrale de Pretoria en 1979, après avoir été emprisonné pour "production et distribution de brochures au nom d’organisations interdites" (y compris l’African National Congress), pendant l’ère de l’Apartheid en Afrique du Sud. Adapté des mémoires de Tim Jenkin lui-même, ce semi-biopic et thriller évasif ne rend pas tout à fait justice à l’histoire vraie de laquelle il s’inspire, ni du son contexte social et politique...
En effet, mis à part une brève introduction, quelques images et dialogues brutaux, sans oublier la présence à l’image du célèbre prisonnier et militant anti-Apartheid Denis Goldberg (campé par Ian Hart) - l’un des principaux accusés dans le procès de Rivonia, aux côtés des plus connus Nelson Mandela et Walter Sisulu, "Escape From Pretoria" ne reflète pas les conditions de vie (très) difficiles des prisonniers politiques, se concentrant essentiellement sur une évasion comme on en déjà vue par dizaines, voire même ici beaucoup trop facile, et aux retournements abusivement hasardeux, la tension s’essoufflant net. Sans le vouloir, le film de Francis Annan passe ainsi en grande partie à côté du combat mené par ces hommes (et femmes) pour abolir cette politique de développement séparé à caractères raciaux ou ethniques, bien que cette évasion soit, en soi, un acte de liberté et de position. Et puis, on regrette que "Escape From Pretoria" ne porte jamais un regard sur la population sud-africaine Noire, principale victime de l’Apartheid, entre 1948 et 1991.
En plus de cela, Francis Annan filme étonnement ses acteurs, en privilégiant, dans les moments de tensions (deux méchants gardiens rôdent dans les parages), des plans de face de leurs visages, laissant apparaître, autour d’eux, et en arrière-plan, des décors assez flous (ce qui n’est pas très agréable), lesquels sont inquiétés par des bruits de pas, alors qu’ils essaient d’ouvrir des portes avec des clefs en bois, confectionnées en cellule. Et bien que cela soit vrai, on a bien du mal à croire à l’authenticité de cette reconstitution-là des faits, malgré le fait que le principal protagoniste, Tim Jenkin, ait notamment conseillé Daniel Radcliffe sur le tournage, et chapeauté sa production. Quant à l’acteur anglais et ses compagnons de jeu, ces derniers s’en sortent avec les honneurs, transpirant leur capacité de résilience pour tenter de réparer ce qui doit être fait, même si ce n’est qu’à leur échelle, eux qui n’abandonnent jamais leur objectif, malgré les obstacles rencontrés.
Alors qu’il n’était pas né au moment des faits, Francis Annan adapte un incroyable récit d’évasion sur papier, mais duquel les enjeux politiques liés à Apartheid ne sont malheureusement pas assez montrés, ressentis. Alors certes, on sait par exemple que le traitement infligé aux prisonniers à Pretoria était moins sévère qu’à Robben Island (où Mandela fut détenu pendant près de 17 ans), mais cela n’est pas une raison pour n’en filmer majoritairement qu’un "jailbreak". Bref, pour l’Histoire, on préférera (entre autres) revoir "Mandela : un Long Chemin Vers la Liberté" (2013) de Justin Chadwick, adapté (de manière plus contextuelle) de l’autobiographie "Long Walk to Freedom" (1994) de Nelson Mandela.