Signe(s) particulier(s) :
– remake du film "36 Quai des Orfèvres" (2005) d’Olivier Marchal ;
– troisième long métrage du cinéaste sud-coréen Jeong-Ho Lee, après "Bestseller" (2010) et Broken (2014).
Résumé : Le corps d’une jeune fille est retrouvé, amputé de ses membres. Han-su et Min-tae, deux détectives autrefois rivaux, se retrouvent en charge de l’affaire. Celle-ci semble rapidement résolue lorsque Han-su arrête le suspect. Mais l’enquête se complique peu à peu, Min-tae ayant des soupçons sur la culpabilité du suspect arrêté. Han-su rencontre alors un informateur qui affirme savoir qui est le vrai coupable. L’informateur tue un dealer devant les yeux d’Han-su et lui propose un deal secret. Pour Han-su, c’est l’heure de choisir.
La critique de Julien
Dans le catalogue des films à découvrir dès à présent en VoD Premium, "The Beast" en est l’un des petits nouveaux, lui qui n’est autre que le remake sud-coréen du drame policier noir "36 Quai des Orfèvres" d’Olivier Marchal, sorti en 2005, dans lequel Daniel Auteuil et Gérard Depardieu incarnaient deux patrons de brigade en concurrence, et pourtant anciens amis. Or, à la suite d’attaques armées violentes, les deux hommes useront de moyens parfois illégaux pour réussir à arrêter le gang responsable, étant donné la promesse de récompense faite par la Direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris...
Tout en restant assez fidèle au matériau de départ (déjà bien noir comme il faut), Jeong-Ho Lee a beaucoup misé ici sur la tension de ce récit pour le mettre en scène, emmenée à la fois par la rivalité entre les deux détectives, ainsi que par son atmosphère pesante. Utilisant des variétés de couleurs et d’espaces lumineux, et tourné avec des lentilles anamorphiques, créant ainsi aspect et sensation uniques dans les tons bleus, cette adaptation se regarde comme un film percutant, sur le qui-vive, étant donné les revirements de situation en tous genres, tels que des coups-bas et trahisons, en milieu policier (avec tout ce qu’il appelle comme thèmes habituels), dont vont être victime ses personnages. Mais étant donné les côtés secrets de son intrigue, reposant sur des plusieurs épaisseurs et personnages secondaires mal identifiés, le cinéaste nous embrouille quelque peu. Il faut dire que le film n’est pas non plus l’un des plus entraînants qu’on ait vue dans le paysage du film de genre sud-coréen, car sombre, sale, tortueux, et violent. "The Beast" n’est dès lors pas un film des plus lumineux, mais plutôt poisseux, au travers duquel les sentiments humains sont mis à rudes épreuves, traqués, poussés parfois à agir à l’extrême, à l’instinct, pour s’en sortir, coûte que coûte, et remporter le gain...
Avec ses séquences d’action percutantes, et même émotionnelles, le film offre une palette de jeu incroyable à ses acteurs, à l’instar du détective Han-su (Lee Sung-min, pour sa troisième collaboration avec le réalisateur), lequel reçoit par exemple un conseil essentiel qui le mènera sur la piste du tueur, tandis qu’il aura dû pour cela couvrir un meurtre. Possédé par son rôle, ce dernier illustre ainsi toute la volonté d’intensité recherchée par le réalisateur afin de retranscrire cette histoire déjà vue, mais jusque-là pas encore à la sauce coréenne, ce qui est maintenant chose faite. Si le résultat est froid et transcendant, il n’en demeure guère passionnant, car un peu trop démonstratif.
Âpre et bestial, "The Beast" pose une nouvelle fois ici la question de la nécessité du remake, bien que profitant ici de la culture cinématographique sud-coréenne de son réalisateur, offrant ainsi une autre perception de cette histoire, co-écrite par Olivier Marchal, et basée sur l’affaire du « gang des ripoux », laquelle ébranla la police judiciaire parisienne en 1985...