Signe(s) particulier(s) :
– premier long métrage de l’acteur français Mathias Mlekuz, qui dirige d’ailleurs ici son fils aîné Josef Mlekuz, dans le rôle de Kevin, un jeune dealer attachant.
– prix du public au Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez 2020.
Résumé : Dans une région qui fut le fleuron de l’industrie minière, deux chômeurs de longue durée ont l’idée de construire un parc d’attraction "artisanal" sur une ancienne mine de charbon désaffectée. En sauvant la mine et sa mémoire, ils vont retrouver force et dignité.
La critique de Julien
Bienvenue à Loos-en-Gohelle, commune française située dans le département du Pas-de-Calais en région Hauts-de-France. C’est là que l’acteur Mathias Mlekuz a majoritairement décidé d’installer sa caméra pour filmer l’action principale de « Mine de Rien », son premier film en tant que réalisateur, lui qui est également accrédité ici comme co-scénariste. Ce lieu n’a évidemment pas été choisi au hasard, étant donné qu’il fait référence à son histoire familiale, lui qui est né à Lens, et a vécu dans les corons. D’ailleurs, son grand-père, immigré yougoslave arrivé dans la région en 1923, y est devenu mineur de fond, tandis que les propres cendres de son père sont dispersées sur les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle, une ancienne mine de charbon transformée depuis en théâtre, et inscrite depuis le 30 juin 2012 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Mais contrairement à ses aînés, Mathias Mlekuz n’est jamais descendu dans la mine, bien qu’il ait toujours été attiré par tous ces petits wagonnets et trains, d’où l’idée d’en faire quelque chose, tout en rendant hommage à l’histoire et la lutte des mineurs.
Dans cette comédie sociale attachante, il est ainsi question d’une petite commune du Nord où l’ancienne mine est sur le point d’être détruite, ce qui n’est évidemment pas de l’avis de dizaines de personnes, décidant de tenir un siège devant l’usine, dont Arnault (Arnaud Ducret) et Di Lello (Philippe Rebbot), que l’on peut communément appeler des losers. En effet, le premier est déprimé, père de deux adolescents qui préfèrent ainsi largement passer du temps avec leur beau-père avocat plutôt qu’avec leur père, revenu quant à lui chez sa mère, malade, tandis qu’il vient de perdre aussi son père. Bref, sans perspectives professionnelles, Arnault n’aura d’autre choix que d’adhérer à un stage qu’on lui proposera, tout comme son ami Di Lello, un don juan menteur et infidèle, cependant avec plus de facilités qu’Arnault, étant donné qu’il est en couple avec une femme qui ramène de l’argent au foyer. Avec Stella (Mélanie Bernier), responsable d’un bar, ils auront alors l’idée, face à l’ultimatum de la maire qui menace de les exproprier, de transformer l’ancienne mine en un parc d’attractions…
« Mine de Rien » met en scène la survie d’oubliés de la société qui, pour retrouver un semblant de dignité, vont alors se mettre à tenter de sauver leur mine de charbon désaffectée. En choisissant de parsemer son récit de situations tragi-comiques, Mathias Mlekuz côtoie aussi (tant) bien (que mal) l’émotion que l’humour, dans un film qui, s’il est cinématographiquement dispensable, a le mérite d’exister dans le paysage de la comédie française actuelle, malgré quelques clichés, tout en ancrant le spectateur dans le passé ouvrier d’un bassin minier pour la perpétuité, quant à elle indispensable, de son histoire.
Bienveillance, solidarité et devoir de mémoire sont donc au cœur de cette comédie sociale utopique mais qui fait du bien, et qui nous montre donc combien il est bon de se serrer les coudes, pour ne pas dire les mains, étant donné que cela est actuellement proscris...
➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux