Synopsis : Adisu, jeune artisan-pêcheur africain, fuit les rives de son village mutilé. Frappé dans ses liens identitaires plus que dans sa chair, le jeune homme se perd dans la géologie fantasque de l’Ethiopie, son pays natal. De la frontière du Soudan jusqu’aux rives de la Mer Rouge, le film le retrouve quarante années plus tard, dans une ville portuaire du nord européen. Vieil homme, devenu chauffeur de taxi, Adisu revisite le coeur de chaque nuit en recherche d’un instant d’amour perdu...
Le film a été présenté au FIFF à Namur les 7 et 8 octobre 2014. Le site précise ceci en commentaire : "Au sein de leur compagnie Heur-Films, créée en 1999, Alain-Pascal Housiaux et Patrick Dechesne poursuivent un cheminement artistique singulier. Leur travail a été reconnu par l’Industrie Internationale du Film en 2010, Hong Kong et Taipei leur ayant offert l’or, pour les décors du film de Tsaï Ming-Liang « Face/Visage ». Ces artistes qui rêvent et construisent leurs décors, aident à préciser l’univers des films dans lesquels ils sont impliqués. Directeur artistique sur le film « Téza » du cinéaste Hailé Gérima, le travail avec les artisans éthiopiens insuffle en eux le désir d’un projet cinéma plus personnel. C’est à cette occasion qu’ils jettent sur croquis les premières ébauches de « L’Eclat Furtif de l’ombre », un premier long métrage de fiction, tourné entre l’Ethiopie et la Belgique et sélectionné au Festival de Rotterdam en janvier 2014."
L’éclat furtif de l’ombre débute pendant la période adolescente du héros pour ensuite, par un flash-forward nous le présenter quarante années plus tard, en Europe, dans un pays francophone, où il est chauffeur de taxi et sourd. En réalité, le film oscillera entre trois périodes de la vie d’Adisu : l’adolescence, ses soixante ans et son enfance. Il est très poétique, parfois très lent, avec beaucoup d’ellipses et des moments où la caméra s’attarde sur une situation, parfois banale, sans cependant la commenter. Ainsi, certains pourront être subjugués par le silence et l’absence d’explication et privilégier ainsi une traversée et un exode hors de l’Ethiopie pour accéder à l’Europe tout en y perdant probablement son identité. D’autres, comme moi, pourront s’irriter de l’absence d’explications (ainsi : pourquoi mange-t-il des cailloux avant l’explosion - de quoi - qui lui déchire les tympans et le rend sourd).
Il faut donc probablement une âme et un coeur de poète pour recevoir le film comme le cadeau d’un humain d’une autre culture à un autre qui accepte d’ouvrir les mains pour le recevoir, ainsi, par exemple, la rencontre d’Adisu avec une prostituée sur un parking dont le seul échange sera celui d’une voix qui peut s’exprimer et d’une oreille, celle d’un sourd, qui à défaut de pouvoir entendre pourra écouter !