Premier film de Mike Leigh que je vois. Une découverte qui m’a beaucoup touché. Il m’arrive, en célébrant des funérailles, de dire que lorsque nous faisons le bilan de nos existences, il n’en reste, bien souvent qu’une majorité de jours banals, que nous avons terminés en se disant "mais qu’ai-je donc bien pu faire de ma journée ?". Oserais-je écrire, plagiant Genèse, qu’au centre, il y a un jardin qui vit et meurt au rythme des saisons ? Dans ce jardin, un homme et une femme, Tom et Gerri (sic). Autour d’eux, comme autant d’électrons à la course incertaine, des hommes et des femmes, paumés, humains, très humains, qui se raccrochent à presque rien, à des illusions sur l’amour, l’amitié, la vie et son sens. Le couple, au centre paraît le plus stable et, tant bien que mal, accueille ceux qui échouent (à tous les sens du terme) dans leur foyer mais il ne peut tout donner. Me vient à l’esprit une parabole dans l’évangile attribué à Luc (quel que soit le crédit que l’on accorde à ces vieux textes et je ne veux ici faire aucune propagande) : « Si l’un de vous a un ami, et qu’il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : Ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir... ». Autrement dit, aujourd’hui, son frigo serait vide ! N’est-ce pas une expérience commune, d’avoir notre frigo vide et de ne pas pouvoir satisfaire nos demandes et celles de nos amis ? Certes, Tom et Gerri apporteront de l’aide tant que faire se peut, mais à l’impossible...
Une mention toute spéciale à Lesley Manville, dans le rôle de la quinquagénaire Mary.
A la fin du film mes sentiments étaient analogues (sentiment, pas les films) à ceux que j’avais après avoir vu "Gens de Dublin", le sentiment du temps qui passe, inexorablement, des kairos manqués, de la mort inéluctable...