Signe(s) particulier(s) :
– réalisé par le réalisateur, storyboardeur, scénariste et animateur Dan Scanlon, lequel a notamment réalisé "Monstres Academy" (2013) pour Disney/Pixar en 2013, lui qui s’est notamment inspiré de sa propre vie privée pour coécrire cette histoire, étant donné que son père est mort alors que lui et son frère n’avaient respectivement qu’un et trois ans ;
– le film a été interdit dans les pays arabes du Koweït, d’Oman, du Qatar et d’Arabie saoudite étant donné qu’un personnage et officier de police féminine cyclope insinue brièvement être homosexuelle lors d’une scène, tandis qu’en Russie, où la loi sur la propagande gay criminalise officiellement la diffusion de contenus liés aux LGBT aux mineurs de moins de 18 ans, le doublage russe a modifié les répliques où cette référence est dite.
Résumé : Dans la banlieue d’un univers imaginaire, deux frères elfes se lancent dans une quête extraordinaire pour découvrir s’il reste encore un peu de magie dans le monde.
La critique de Julien
Les studios Pixar, toujours en co-production avec Walt Disney depuis qu’ils en sont devenus une filiale en 2006 après son rachat, sortent le grand jeu cette année-ci, en nous livrant non pas un, mais bien deux films originaux, dont "Soul", fin juin prochain, lequel sera dirigé par Pete Docter, le réalisateur de "Vice-Versa" (2015) et de "Monstres et Cie" (2001). En attendant, Dan Scanlon, à qui l’on doit justement "Monstres Academy" (2013), le prequel du film de Pete Docter, nous offre le premier des deux. Coïncidence ? On n’en est pas sûr. Magie ? Peut-être un peu plus, elle qui est justement au cœur de ce vingt-deuxième film d’animation des studios, intitulé "En Avant".
Le pitch de départ de cette aventure fantaisy nous emmène à une époque moderne dans la ville de New Mushroomton, peuplée de créatures fantastiques (trolls, lutins ou encore licornes), où vivent avec leur mère deux elfes adolescents : Iandore "Ian" Lightfoot, manquant de confiance en soi faute de figure paternelle, et Barley Lightfoot, son frère aîné de quelques mois, un fanatique d’histoire imaginaire et de jeux de magie. Or, la magie était justement monnaie courante à l’époque dans ce monde, avant que sa maîtrise ne devienne difficile, et que les progrès technologiques en amoindrissent son utilisation. C’est alors le jour de leurs seize ans partagés que le défunt Wilden a décidé d’offrir à leur fils un bâton magique, des mains de leur propre mère (laquelle ignorait tout de ce cadeau), accompagné d’une lettre et d’un rare joyau de phénix, ainsi que d’un guide pour la réalisation d’un seul et unique sort, qui pourrait bien ainsi ressusciter leur père le temps d’une journée...
Tel que son titre l’insinue, "En Avant" nous embarque dans un voyage initiatique trépidant, et en l’occurrence celui de deux frères, alors en route de retrouver un semblant de magie dans leur vie, avec l’opportunité à l’issue de revoir leur père.
Avec son univers singulier, aussi actuel que féerique, ce film fait ainsi la part belle à des thèmes aussi universels que qu’intimes, tels que l’absence d’un père liée à une quête identitaire, l’entraide et le soutien fraternels, mais également de société, tels que notre dépendante à la technologie de là à perdre nos instincts naturels, ainsi que notre tendance à détruire notre passé historique et de ne pas prendre le temps de regarder autour de nous le monde qui nous entoure, dont nous ignorons encore tant de choses, qu’elles soient insoupçonnées ou inaccessibles. Rythmé et intrépide dans l’âme, ce dessin-animé se vit alors à hauteur d’enfant, et davantage du point de vue de son jeune héros Ian (et sa liste d’objectifs de vie à réaliser, écrits dans son calepin), qu’il ne quitte pas du regard, même s’il offre, avec finesse, autant de place et de chance à son frère, en témoigne le final, entre retenue et émotion palpable.
Comme à son habitude, chez Pixar, une jolie galerie de personnages secondaires vient saupoudrer d’humour, de bravoure et courage ces histoires, tels ici qu’une exceptionnelle manticore (inspirée de la créature légendaire d’origine persane), mais également un hilarant demi-corps (vous avez bien lu !), un centaure en guise de beau-père, sans oublier une horde de fées routardes à ne pas énerver, et un magnifique van nommé Guinevere ! Tout ce beau monde rend donc d’autant plus vivant cette aventure, visuellement belle avec ses tons violets, bien qu’elle n’invite pas la poudre à canon au niveau du contenu de son univers.
Sans être le meilleur des Pixar, "En Avant" est un récit relationnel et d’apprentissage suffisamment humble et évocateur dans ses intentions pour mériter dignement de faire partie de son écurie, lui qui fait également des choix volontaires et respectueux au cours de sa narration. D’ailleurs, le divertissement qu’il partage au public est indéniable, et plaira ainsi à toute la famille, de là à lui faire peut-être monter les larmes jusqu’aux yeux. Dès lors, pourquoi s’en priver ?
➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes