Signe(s) particulier(s) :
– basé sur la franchise de jeux vidéo "Sonic the Hedgehog" éditée par SEGA ;
– première réalisation pour Jeff Fowler, lui qui avait notamment réalisé avant cela le court-métrage d’animation "Gopher Broke" (2004), nommé aux Oscar ;
– initialement prévu aux États-Unis pour le 8 novembre 2019, le film a vu sa sortie largement repoussée après une réaction extrêmement négative vis-à-vis du physique du personnage principal dévoilé dans la première diffusion de la première bande-annonce en mai 2019, suite à laquelle le design original du hérisson supersonique a entièrement renouvelée par Jeff Fowler et son équipe, tandis que le studio Paramount a injecté cinq millions de dollars de plus afin d’assurer ces changements ;
– plus gros week-end d’ouverture de tous les temps en Amérique du Nord au box-office pour un film basé sur un jeu vidéo, avec 58 millions de dollars de recette en trois jours, coiffant ainsi au poteau le récent "Pokémon : Détective Pikachu" (2019) de Rob Letterman.
Résumé : L’histoire du hérisson bleu le plus rapide du monde qui arrive sur Terre, sa nouvelle maison. Sonic et son nouveau meilleur ami Tom font équipe pour sauver la planète du diabolique Dr. Robotnik, bien déterminé à régner sur le monde entier.
La critique de Julien
Les adaptations cinématographiques de jeux vidéo sont légion dans le paysage actuel des sorties cinéma. Après les plus ou moins récents "Prince of Persia : les sables du temps" (2010) de Mike Newell, "Warcraft : le Commencement" (2016) de Duncan Jones, "Assasin’s Creed" (2016) de Justin Kurzel, "Rampage : Hors de contrôle" (2018) de Brad Peyton, "Tomb Raider" (2018) de Roar Uthaug, ou encore notamment "Pokémon Détective Pikachu" (2019) de Rob Letterman, et avant "Monster Hunter" (2020) de Paul W.S. Anderson, "Mortal Kombat" (2021) de Simon McQuoid ou encore de "Uncharted" (2020), place à celle attendue (ou non) depuis longtemps par les fans de la mascotte de SEGA, soit "Sonic le Hérisson", lequel s’offre ici son propre film. Après avoir épongé des critiques assassines pour son visuel, et donc subi quelques modifications supersoniques ayant poussé à reculer sa date de sortie, voilà que le film pointe enfin le bout de son nez dans les salles. Et bien que l’on s’attendait au pire, on peut souffler un bon coup, et constater que le résultat n’est pas la catastrophe annoncée.
Tout le monde connaît (au moins) de nom Sonic, ce hérisson anthropomorphe bleu et extraterrestre capable de courir à des vitesses supersoniques, et ayant fait la joie de SEGA depuis sa création en 1991 par Yuji Naka pour un jeu de console. Dans cette adaptation pour le cinéma, Sonic (Malik Bentalha au doublage) évoluera pourtant loin de son propre monde, lequel devra, après un prologue, quitter ses plaines sauvages afin d’échapper à une tribu d’autres échidnés, cherchant ainsi à exploiter son pouvoir de super-vitesse. Son tuteur, Longclaw the Owl, l’encouragera alors à cacher ses pouvoirs, lui offrant un sac d’anneaux capables d’ouvrir des portails vers d’autres planètes. Direction donc la Terre, comme nouvelle résidence, sur laquelle il parviendra à se cacher durant dix longues années, avant de souffrir de solitude. Le voilà alors à Green Hills, dans le Montana, où il aspire à se faire des amis et à réaliser une "to-do list", lui qui observe ses habitants au jour le jour, et idolâtre tout particulièrement le shérif local, Tom Wachowski (James Marsden), surnommé le "seigneur des donuts", et son épouse vétérinaire, Maddie (Tika Sumpter), "madame yoga", ignorant que ce couple envisage de déménager à San Francisco. Mais bouleversé par sa solitude, et alors qu’il simule seul une partie de baseball, Sonic déclenchera malgré lui une impulsion électromagnétique avec sa vitesse supersonique, coupant instantanément le courant à travers tout le Pacifique Nord-Ouest. Le département de la Défense des États-Unis engagera alors le terrible et tyrannique Docteur Robotnik (Jim Carrey) afin de découvrir la source de la panne, tandis que le hérisson perdra aussi ses anneaux suite à sa première rencontre - disons tranquillisante - avec Tom, envoyant malencontreusement son sac de bagues par un portail à San Francisco...
Sur papier, le scénario de cette adaptation ne tient malheureusement pas la route, étant donné que Sonic n’a théoriquement nul besoin d’un humain pour se déplacer à vitesse V V prime pour parcourir de longues distances, et sur un temps très court, et ainsi se rendre à San Francisco pour récupérer ses précieux anneaux. Maintenant, ce buddy-movie en pilotage automatique se justifie plus par la volonté du personnage à vouloir se faire un meilleur ami, et dès lors ne plus vivre seul. Car outre la course-poursuite dont il est question afin d’échapper aux mains de Robotnik et à sa technologie de pointe, il est véritablement question ici d’une histoire d’amitié au premier degré, tandis que Sonic le décrit lui et Tom comme des rebelles agissant selon leurs propres règles, ce qui ne les empêche pas d’avoir des sentiments l’un pour l’autre... Bref, c’est mignon et attendrissant, et ça devrait assurément plaire aux enfants.
"Sonic le Film" assure également ses arrières et enchaîne de nombreuses références aux jeux vidéo, tandis qu’il emploie un vocabulaire résolument jeune qui parlera instantanément au public ciblé. De plus, quelques scènes d’action ponctuent le film, malgré l’un d’elles pompée dans "X-Men : Apocalypse" (2016) de Bryan Singer (lorsque QuickSilver sauve tous ses camarades du célèbre manoir des mutants). Mais il y a suffisamment d’action, d’humour et de gadgets pour divertir la galerie. Mais le film peut grandement remercier la présence au casting de Jim Carrey. En l’occurrence, cela fait beaucoup de bien de revoir l’acteur dans une partition un peu loufoque du méchant caricatural et impitoyable qu’est Robotnik, lequel s’adonne ainsi à quelques grimaces bien caractéristiques du personnage, mais également à une sympathique scène de danse, au son du "Where Evil Grows" de The Poppy Family, sans parler du clin d’œil bien senti au film "Le Masque" (1994). D’ailleurs, des bruits de couloirs circulent comme quoi une suite au film de Chuck Russell pourrait voir le jour... On attend de voir ça !
Inoffensive et balisée, cette adaptation offre à son public le minimum syndical en termes d’inventivité scénaristique au regard des pouvoirs de son héros tout bleu, ainsi que des enjeux relationnels trop faciles. Mais elle surfe sur un second degré agréable, référencé, et une mécanique bien roulée, entre animation et prises de vues réelles, plus réussie qu’attendue. C’est déjà ça, en attendant (pas impatiemment) la suite…