Synopsis : Le film retrace la vie de Grace, choquée d’apprendre que son mari la quitte pour une autre après 29 ans de mariage. Nous suivons les conséquences émotionnelles que cette décision a sur leur vie et celle de leur fils Jamie. À travers des étapes de choc, d’incrédulité et de colère, tout le monde essaie de suivre un nouveau chemin... le chemin de l’espoir.
Acteurs : Annette Bening, Bill Nighy, Josh O’Connor, Aiysha Hart, Nicholas Burns
Hope Gape est un drame, voire un mélodrame romantique porté par un formidable trio d’acteurs. Toute l’intrigue se tient dans le synopsis et le fil nous montre un couple sans histoire qui va se déchirer après 29 ans de vie commune. Il pose de nombreuses questions sur la vie de couple, sur l’amour que l’on se porte, le regard que l’on a sur l’autre, l’image de soi que l’on a donnée à l’autre. Aussi, peut-être l’image que l’autre attendait de nous et à laquelle l’on s’est conformé, niant ainsi ce que l’on est. Est-ce que le mariage donne des droits sur l’autre ? Quel est donc ce lien ? Social ? Amoureux. Et si l’on change au fil des années. Si l’on découvre l’amour ailleurs. L’amour est-il pour la vie ? Faut-il comme Dieu, prendre pitié de l’autre (cette demande, comme le dira Grace que l’on formule au moins onze fois durant la messe) ?
L’on peut écrire que Annette Bening et Bill Nighy incarnent à merveille ce couple qui se déchire (même si l’acteur a neuf ans de plus que sa partenaire, leurs rôles sont crédibles). Annette arrive même (est-ce voulu, est-nous qui avons pris position ?) à rendre son personnage irritant, à tel point que l’on a l’impression que les torts sont de son côté, alors que c’est lui qui rompt le pacte qui les unis.
Mais ce qui lie aussi ce couple qui se délie et se délite, c’est leur fils Jamie, célibataire sans véritable âme soeur, interprété de façon remarquable par Josh O’Connor que nous avions découvert dans The Riot Club et surtout dans le remarquable et pas assez connu God’s Own Country (Seule la terre), ou encore dans Only You.
Même si Annette Beining est américaine, le film est "so british", tant l’actrice se fond dans cette ambiance britannique avec ses partenaires anglais à l’écran, sous la direction de William Nicholson, britannique, qui en est ici à son deuxième long-métrage, lui qui est plus connu comme scénariste (Breathe, Everest, Mandela : Long Walk to Freedom, Les Misérables... et Hope Gap bien sûr). Il y a quelque chose de terriblement émouvant dans cette rupture et le divorce qui s’ensuit, avec les rosseries que la situation engendre (ainsi Grace qui adopte un chien et le nomme Edward, comme son mari ou, devant l’avocat, fait valoir qu’elle gagnerait plus si son mari mourrait).
Si le film donne à voir un couple mari et femme qui se sépare, se déchire, il est aussi un film sur la relation entre un fils, une père et une mère. Ce triangle-là montre l’importance justement du fils comme passerelle entre ses parents mais également comme oreille attentive, comme accompagnant lucide (mais maman, papa l’aime !) alors que lui-même ne sait pas où il en est. Certains sont sur un chemin de crête, au bord d’une falaise de laquelle on risque de tomber, voire de sauter, tandis qu’un autre se trouve ailleurs, à un endroit que le coeur habitait depuis longtemps déjà.