Synopsis : Isolés dans une luxueuse demeure sans aucun contact possible avec l’extérieur, neuf traducteurs sont rassemblés pour traduire le dernier tome d’un des plus grands succès de la littérature mondiale. Mais lorsque les dix premières pages du roman sont publiées sur internet et qu’un pirate menace de dévoiler la suite si on ne lui verse pas une rançon colossale, une question devient obsédante : d’où vient la fuite ?
Acteurs : Lambert Wilson, Olga Kurylenko, Riccardo Scamarcio, Sidse Babett Knudsen, Eduardo Noriega, Frédéric Chau, Manolis Mavromatakis, Sara Giraudeau.
Huit ans après son très populaire premier long métrage Populaire avec, en vedette, une machine à écrire, Romain Duris et Déborah François, Régis Roinsard revient avec un thriller où la vedette sera un roman, Lambert Wilson et neuf acteurs qui interprètent autant de traducteurs. Difficile d’en dévoiler plus que le synopsis pour ce film, huis clos en partie, sinon le point de départ du thème du film. Régis Roinsard précise qu’il est "tombé sur plusieurs articles autour de la traduction du livre de Dan Brown, Inferno. Douze traducteurs internationaux avaient été enfermés dans un bunker en Italie pour traduire son dernier roman." Il précise : "Ce qui m’a interpellé et fasciné, c’est qu’un produit culturel nécessite qu’on le protège comme s’il s’agissait de pierres précieuses. A partir de là m’est venu le célèbre « Et si… », propre à la genèse de toute fiction : « Et si le livre était volé, piraté malgré toutes les précautions prises ? Et si on demandait une rançon pour ne pas le publier sur le Net ? » J’avais mon sujet !"
A l’arrivée, c’est un sujet en or. Un film qui débute par des flammes qui ravagent une bibliothèque que l’on oublie très vite et dont on ne comprendra le sens que dans la dernière partie du film. Il y a un classique "mystère de la chambre close". Car le premier crime qui est commis est littéraire. Alors que tout accès extérieur est fermé, qu’il n’y a aucun moyen de communiquer par voie électronique ou autre (aucun accès internet, par exemple), les dix premières pages d’un roman à traduire sont publiées sur la Toile (avec une demande de rançon à la clé). Mais comment cela s’est-il fait ? Car l’éditeur (Lambert Wilson, en inquiétant et fascinant pervers narcissique) donne les pages au compte-gouttes et les reprend le soir. Il n’y a qu’un seul exemplaire du roman et Eric Angstrom les garde constamment avec lui dans sa mallette.
Si une partie du film se déroule dans ce bunker fermé, sous le contrôle de gardiens russes peu amènes et sans aucun sentiment pour ceux qui sont véritablement prisonniers de leur hôte, une autre sera consacrée à des flashbacks qui apporteront des éléments nouveaux à l’intrigue. Et chaque fois que le spectateur pensera en savoir plus, il se verra remis en question par un développement intelligent du scénario, mais également par certains cadrages (ainsi un face-à-face dans une prison dont on n’écrira rien de plus).
De rebondissement en rebondissement, le film va se clôturer de façon éblouissante. Même si des spectateurs auront découvert le rôle de certains, voire le "coupable", la surprise sera totale jusque la conclusion d’un film qui surfe sur la notion de propriété. Qui est, finalement, le propriétaire d’une oeuvre et quels sont ses droits ?
Le film ne serait rien sans ses interprètes, notamment Lambert Wilson et Patrick Bauchau, l’auteur du troisième volet du roman Dedalus, "L’Homme qui ne voulait pas mourir". Mais pas que. En effet, les interprètes des traducteurs campent autant de personnages complexes, mystérieux aux personnalités dissemblables, venant de diverses régions du monde. Car ce sont des acteurs réputés qui endossent ces rôles : Olga Kurylenko, Riccardo Scamarcio, Sidse Babett Knudsen, Eduardo Noriega... On retrouve aussi Frédéric Chau et surtout Alex Lawther. Son interprétation est bluffante et certains se demanderont où ils l’on vu à l’écran. Il a joué notamment le jeune Alan Turing dans Imitation Game, Isaac Cooper dans Le Monde de Nathan, le jeune Christopher Robin dans Goodbye Christopher Robin mais surtout James, le jeune psychopathe, dans les trois saisons de la remarquable série The End of the F***ing World sur Netflix. Chacun de ces acteurs apporte une densité à ce récit et devrait donner envie de revoir le film avec un autre regard : en en connaissant les tenants et aboutissants, il y aura un nouveau plaisir à découvrir le déploiement de l’intrigue et les failles des uns et des autres qui mèneront à un dénouement inattendu.