Synopsis : Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie...
Acteurs : Mark Ruffalo, Anne Hathaway, Tim Robbins, Bill Pullman, William Jackson Harper, Victor Garber, Mare Winningham, Bill Camp.
Pour son huitième long métrage, Todd Haynes prend à bras le corps une histoire vraie, un combat à la Erin Brockovich. Mais alors que le film de Steven Soderbergh traitait d’une histoire de pollution d’eaux potables "seulement" dans la région d’Hinkley en Californie (en), Todd Haynes s’intéresse à une affaire qui a des répercussions aujourd’hui encore pour chaque humain (et pas que !).
Mark Ruffalo (tout comme Julia Roberts) excelle ici dans son rôle de défenseur de ceux qui sont sans voix, dans un combat qui tient à coeur cet acteur, tout comme il le faisait dans Spotlight ou encore le téléfilm The Normal Heart sur les débuts de la crise du SIDA.
Le film est de facture très classique, sans en faire de trop sur un combat à la "David contre Goliath" qui débuta au milieu des années 80. L’intrigue est sans surprise et conforme aux faits qui sont développé sur une page Wikipedia. C’est l’histoire d’un avocat d’entreprise qui va changer de camp lorsqu’il est contacté par un fermier qui connait sa grand-mère. Il a perdu près de deux cents têtes de bétail suite à un empoisonnement probablement causé par les rejets de produits toxiques d’une usine toute proche. Une enquête et un combat qui dureront plus de vint ans. La ténacité de Rob Elliot (Mark Ruffalo) est bien décrite, ainsi lorsque la firme DuPont est contrainte de fournir des documents le noiera sous un ensemble de centaines de caisses non classées. Il va faire un travail de bénédictin et découvrir un acronyme PFOA et apprendre plus tard qu’il s’agit de l’acide perfluorooctanoïque "un acide carboxylique perfluoré et un tensioactif fluoré synthétique (il n’existe pas dans la nature) et très stable et pour cette raison extrêmement persistant (quasi-indéfiniment) dans l’environnement" (source). Aux côtés de Mark Ruffalo, Anne Hathaway et surtout Victor Garber dans le rôle d’un inquiétant chef d’entreprise !
Les réactions des uns et des autres et, en particulier, des personnes atteintes dans leur santé mais qui dépendent de l’entreprise DuPont feront penser au documentaire belge Ademloos (Breathless) sur l’amiante. Ici, point d’amiante, mais un produit qui a révolutionné le monde, le Téflon. Un produit de rêve mais extrêmement polluant, en particulier dans sa fabrication. L’on ne sort pas indemne, littéralement, de ces eaux sombres. En effet, la molécule PFOA a contaminé 99% des humains, la totalité de la planète, des sols, des eaux. Elle n’est pas biodégradable et s’accumule dans les organismes et est cancérigène comme le montre une véritable enquête médicale sur plus de septante mille personnes !
Un film à voir absolument même si l’on en sort totalement pessimiste, et inquiet sur le rôle destructeurs de l’humain sur la nature, mais aussi des firmes pour lesquelles les profits doivent être maximum, sans aucune contrainte morale, sanitaire ou environnementale ! Un film dont le thème et le propos transcendent tout considération cinématographique.