Synopsis : Depuis la mort de sa femme, John Wick, un ancien tueur à gage, passe ses journées à retaper sa Mustang, avec pour seule compagnie sa chienne Daisy. Il mène une vie sans histoire jusqu’à ce qu’un malfrat sadique, Iosef Tarasof, remarque sa voiture. John refuse de la lui vendre et Iosef n’acceptant pas qu’on lui résiste, s’introduit chez lui pour voler la voiture et tue sauvagement Daisy. C’est à ce moment que les instincts meurtriers de John Wick vont refaire surface.
Acteurs : Keanu Reeves, Willem Dafoe, Adrianne Palicki, Jason Isaacs, Bridget Moynahan, Alfie Allen, Lance Reddick.
En résumé : Un film de série B qui ne se prend pas au sérieux, totalement jouissif et amoral, mais délicieusement cathartique dans sa vengeance parfaitement assumée et revendiquée.
Ne lisez donc la suite que si vous avez du temps à perdre !
Un film avec Keanu Reeves ne pouvait que susciter des interrogations, voire des sourires moqueurs chez les critiques cinéma. Plusieurs se demandant même quel était son meilleur film depuis ? Depuis Matrix ? Etait-ce même un bon ? A-t-il d’ailleurs bien joué ? Son dernier (47 Ronins) était considéré par plusieurs comme un chef d’oeuvre d’absence d’expression (de mon côté j’avais aimé le film !) ! Que pouvait-il sortir de bon d’un film avec Reeves ? Autant dire que la critique était déjà antécédente à toute critique. Je l’écris ici avec un peu d’autodérision... mais n’empêche il y a quand même là un fond de vérité et de lucidité : Keanu Reeves... c’est Keanu Reeves !
C’est donc avec beaucoup d’a priori négatifs que nous avons abordé ce film. Finalement, même si, objectivement, c’est un film de série B, totalement dispensable, qui n’apporte rien de nouveau au cinéma, l’expérience fut jubilatoire pour moi !
Imaginez : un chien mort, une voiture volée, un visage inexpressif : on pouvait songer à un parallèle avec The Rover... mais non, ce n’est pas du tout cela. Certes, il ne fallait pas tuer le chien, il ne fallait pas piquer la voiture. Non pas tant pour le chien ou pour la voiture mais parce que c’est John Wick ! Vous ne connaissez pas ? Moi non plus... Mais l’on devine très vite que John est ancien criminel retiré des affaires et qui était hypercompétent. C’est le mec qu’il ne faut pas toucher et pour l’atteindre, ce sont des dizaines de très mauvais qu’il faudra lâcher et qui ne pourront rien contre lui.
Il tire, il tire, il tire, il remet un chargeur, il virevolte (plus aussi bien que dans Matrix), tire, tire, etc. Tout cela pour un chien... mais pas n’importe lequel : c’était le cadeau de sa femme avant qu’elle ne meure !
Nous nous retrouverons même dans un hôtel de luxe pour criminels, avec un règlement à respecter et des sanctions quand il y a transgression. Il y a un service de nettoyage de crimes à domicile : moyennant finances on vient enlever les corps et nettoyer le sang. Tout est clean ensuite. Et même si un policier passe par extraordinaire pour tapage nocturne, il repartira sans rien constater après un "John, tu as repris du service ?".
C’est totalement immoral comme histoire de vengeance mais comment ne pas adhérer à cette démarche toute cathartique ? Passons encore sur le vol de la Mustang de collection mais le chien, non. On ne tue pas les chiens ni les chevaux au cinéma, n’est-ce pas !
A un moment, j’ai dit à un de mes confrères et ami journaliste : "Ce n’est pas tellement une bande dessinée ; c’est plutôt un jeu vidéo". Quelques instants plus tard, dans le film, une véritable mise en abime, le coeur du film et un énorme clin d’oeil : des "mauvais" (enfin, plus mauvais que John Wick qui est certes mauvais... mais repenti... et puis, on a tué sa chienne !) jouent à un jeu vidéo où l’on tire sur tout ce qui bouge et cela avec force volume sonore. Un jeu vidéo qui copie le cinéma : mise en miroir du film, lui-même jeu vidéo cinématographié...
Le premier plan du film nous montre John Wick blessé, mourant, regardant une vidéo de sa femme sur son smartphone, qui lui échappe des mains au moment où il s’écroule. Le film est donc un flashback qui nous montre comment on en est arrivé là.
Et à la fin ? La morale est-elle sauve ? Qu’arrive-t-il au héros ? Bah, je dois bien laisser un peu de surprise à ce film, certes ultra prévisible dès que l’on a compris quelles seront les règles du jeu... un film qui, disons, à du chien jusqu’à la fin !
A noter que du côté des acteurs, il n’y a pas que l’éternel Keanu Reeves (en mode "God" donc en vocabulaire de jeu vidéo), égal à lui-même, avec même un jeu expressif supplémentaire : un très léger voile d’ombre sur le visage lorsque l’on tue sa chienne (et l’acteur a exécuté lui-même la majorité des combats et cascades en voiture). Il y a aussi Willem Dafoe en bon (mais peut-être pas totalement ?) et un vraiment mauvais Iosef Tarasov, interprété par Alfie Allen qui a joué, dans Game of Thrones mais aussi, cela ne s’invente pas, dans un épisode de Gay of Thrones (il n’y a pas de faute d’orthographe) !!!!