Signe(s) particulier(s) :
– nouvelle adaptation des personnages créés en 1938 par Charles Addams, qu’il dessina à l’origine pour le magazine américain "The New Yorker", avant d’être adaptés dans une série télévisée (créée par David Levy) homonyme dès 1964, et de connaître " ensuite bien d’autres adaptations, dont celle de Barry Sonnenfeld en 1991 ;
– en 2010, alors qu’Illumination Entertainment avait acquis les droits sur les bandes dessinées de la famille Addams, un film d’animation en stop motion devait être réalisé par Tim Burton et produit par Chris Meledandri, avant d’être finalement abandonné ;
– après "Sausage Party" (2016), les réalisateurs Conrad Vernon et Greg Tiernan se retrouvent ici pour "La Famille Adams", tandis qu’ils en signeront également sa suite, déjà prévue aux Etats-Unis pour le 22 octobre 2021.
Résumé : La plus déjantée des familles est de retour sur grand écran dans sa première comédie animée. Drôle, excentrique et complètement iconique, la famille Addams redéfinit ce que signifie être un bon voisin.
La critique de Julien
S’il y a bien une famille que l’on ne présente plus, c’est bien les Addams ! Dans ce nouveau film d’animation adapté des personnages créés par Charles Addams, le duo de réalisateurs Conrad Vernon et Greg Tiernan (connus pour avoir mis en scène le controversé film d’animation "Sausage Party", devenu le plus gros succès du genre classé R - moins de 17 ans accompagnés d’un adulte) reviennent en quelque sorte aux origines de célèbre famille, tout en ne reproduisant pas à l’identique les personnages de la bande dessinée, mais bien en conservant leur état d’esprit aristocratique macabre.
Inversion satirique de la famille américaine idéale du XXe siècle, les Addams sont ici chassés de leurs terres avec le reste du clan lors de leur mariage, et cela par une foule en colère, qui désapprouve leur nature. Ils décideront alors de s’installer dans le New Jersey, avec la Chose (la célèbre main désincarnée), dans leur maison "parfaite", soit un asile abandonné, et hanté, situé sur le flan d’une colline. Ils rencontreront alors en chemin Lurch, qui deviendra leur majordome. Puis, treize ans plus tard, alors que la famille vit loin des humains dans un épais brouillard résultant des marécages, Gomez prépare son fils Pugsley pour sa Mazurka (un rite de passage familial), tandis que Morticia a bien des difficultés à empêcher sa fille Mercredi de s’intéresser à l’expérience du monde extérieur. Pendant ce temps, une certaine animatrice de télé-réalité Margaux Needler est en train de faire le ménage en bas de la colline, en vue de créer une communauté planifiée. Bref, les ennuis recommencent pour les Addams !
Même si c’est toujours un plaisir de réécouter le thème musical composé par Vic Mizzy en 1964 pour la série télévisée, et surtout de retrouver chacun des membres hors du commun de la famille, ce film d’animation est une belle déception.
Trop gentillet et dénaturant les personnages originaux, le scénario tente de familiariser la famille avec autrui, tout en leur faisant perdre, à petit feu, ce qui les caractérise. D’un côté, Gomez tente d’initier son fils, et de l’autre, Morticia essaie de canaliser la curiosité de sa fille pour la protéger du monde extérieur. Et au milieu, il y a cette bonne femme antagoniste superficielle, prêtre à tout pour faire déguerpir la famille. Tout cela est bien peu audacieux, voire primaire pour de tels personnages. On aurait ainsi aimé quelque chose de plus mordant, d’un peu plus terrifiant, correspondant à l’ADN des Addams, car cette quête initiatique, mais aussi d’acceptation de la différence et du "vivre ensemble", manque fatalement à ses devoirs. Certes, Mercredi et Pugsley s’adonnent toujours à leurs jeux morbides tandis que l’oncle Fester, Grand-mère, Lurch (le maître d’hôtel ressemblant à Frankenstein), la Chose ou encore le Cousin Machin (le monstre plein de cheveux et de poils) imprègnent ce récit de leur personnalité monstrueusement décalée, mais cela ne suffit pas à sauver l’ensemble, étonnement fade, et voire aussi blafard que le teint de Morticia, tout comme à l’humour aux abonnés absents (et ce n’est pas le doublage de Kev Adams en Gomez qui arrange ici les choses).
"La Famille Addams" ne brille pas non plus par son animation, peu audacieuse, qui pourrait d’ailleurs sortir tout droit d’un dessin-animé télévisuel, surtout lorsqu’on la compare à celle d’autres studios d’animation. Malgré cela, les couleurs, les décors, et globalement le soin apporté au visuel propre à l’univers développé par Charles Addams est ici conservé.
En attendant sa suite (qu’on espère moins infantile), on vous conseillerait de ne pas découvrir ce film au cinéma avec vos enfants, mais plutôt de les replonger dans les épisodes de la série télévisuelle, disponible en DVD.