Signe(s) particulier(s) :
– cinquième et dernier (?) film centré sur le célèbre vétéran de la Guerre du Vietnam, John Rambo, faisant ainsi suite à "Rambo" (1983), "Rambo II : la Mission" (1985), "Rambo III" (1988) et "John Rambo" (2008), lui-même basé sur le personnage de John Rambo créé par l’auteur David Morrell pour son roman "First Blood" (1972) ;
– second film réalisé par Adrian Grunberg après "Kill the Gringo" (direct-to-DVD) en 2012, lui qui a également œuvré en tant qu’assistant réalisateur ou réalisateur de seconde équipe sur d’autres films traitant de la thématique de la mafia mexicaine, comme sur la série à succès "Narcos" ;
– Sylvester Stallone a présenté les premières images du film au Festival de Cannes en mai dernier à l’occasion d’une master-class.
Résumé : Onze ans après les événements en Birmanie, John Rambo vit dans l’ancien ranch de son père à Bowie, dans le comté de Cochise dans l’Arizona. Il gère les lieux avec sa vieille amie Maria Beltran et la petite-fille de celle-ci, Gabrielle, orpheline de mère et abandonnée par son père. Cette dernière se rend au Mexique, pensant y rencontrer son père biologique, mais elle est kidnappée par un Cartel de la drogue mexicain. Rambo va alors tenter de la sauver.
La critique de Julien
Cela fait maintenant onze ans qu’on a quitté John Rambo, alors qu’il se rendait aux États-Unis pour rendre visite à son père, dans son ranch, à Bowie, en Arizona, après avoir renversé le commandant Pa Tee Tint et ses troupes en Birmanie. Alors qu’il souffre aujourd’hui d’un stress post-traumatique, le célèbre vétéran de la Guerre du Viêt Nam y vit désormais, mais littéralement sous terre, où il a créé un réseau de galeries, loin du monde (soit sa manière à lui de se soigner). Mais outre de ses chevaux, Rambo est entouré de son amie Marie et de la petite-fille de cette dernière, laquelle considère Rambo comme un père de substitution.
Sauf qu’une de ses amies, Gizelle, peu fréquentable, dit avoir retrouvé son père biologique, au Mexique. Contre les souhaits de Marie et John, la jeune demoiselle se rendra secrètement au Mexique, afin de connaître les raisons de son abandon, en parlant de vive-voix à son père. Après coup, Gizelle emmènera alors Gabrielle dans un club local, où elle sera malheureusement droguée et kidnappée par les forces d’un cartel de narcotrafiquants mexicains, ce qui, entendez-le bien, aura le don de ne pas plaire à Rambo...
Suite au semi-succès rencontré par "John Rambo" en 2008, ce cinquième épisode, maintes fois annoncé, puis annulé, a finalement été confirmé par Stallone lui-même en mai 2018, tandis qu’il coécrirait le film avec Matthew Cirulnick (scénariste d’épisodes de la série "South Beach" et "Absentia"). Malgré ses 73 ans, Sly n’en démord toujours pas, même s’il a pris un sérieux coup de vieux... Intitulé "Last Blood", en clin d’œil au titre en version originale du premier film "Rambo : First Blood" sorti en 1983, papy fait (encore) de la résistance !
On a beau avoir beaucoup d’admirations pour ce personnage, force est de constater qu’il a mal vieilli, au contraire, par exemple, d’un Rocky Balboa, lequel a connu récemment une seconde vie dans "Creed" (2015) de Ryan Coogler (et sa suite sortie l’année passée), alors que l’acteur a même reçu pour ce rôle le Golden Globe du Meilleur acteur dans un second rôle en 2016, ainsi qu’une troisième nomination aux Oscar dans la même catégorie. Or, peu de chances qu’il en obtienne une supplémentaire pour ce "Rambo : Last Blood". Et la raison est simple, tout autant que l’argument de ce nouveau film, où il n’est question que d’une pure vengeance, alors que Rambo avait plus ou moins trouvé une certaine stabilité dans sa vie, et sacrée voie de garage.
Alors certes, si les scénaristes, dont Stallone, tentent de nous montrer comment le personnage combat ses épisodes psychotiques d’après-guerre, ainsi que sa culpabilité d’être le dernier survivant de son bataillon du Viêt Nam, le film traîne des pieds au sein d’une intrigue téléphonée, beaucoup trop opportuniste pour sonner juste, avec ses messages autour de l’importance de la famille, d’honorer les personnes qu’on aime, et, en filigrane, ses piques à la frontière américo-mexicaine de Trump. Oui, tout ça, au final, pour que Rambo puisse mettre en place une rébellion pour venger le mal fait, par de dangereux mexicains, à une jeune demoiselle pour laquelle il s’est épris de sentiments paternels. Or, il faudra vous armer de patience, car ce rendez-vous manqué n’arrive qu’en toute fin de film, dans un bain de sang poussif, expédié, et assez grotesque dans l’ensemble.
Mise en scène sans amplitude, scénario cousu de fil blanc, visuel dépassé (le background bidon qui défile pendant que Rambo conduit sa voiture n’est plus de ce monde), violence gratuite, et clichés peu charmants envers les Mexicains et leurs autorités, "Rambo : Last Blood" enterre définitivement la saga. Bref, il est temps de raccrocher la machette, et de nous faire un sang d’encre...