Signe(s) particulier(s) :
– après "Patients" (2017), "La Vie Scolaire" est le second long métrage co-réalisé par Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, et Mehdi Idir, lequel réalise aussi ses clips vidéo.
Résumé : Une année au cœur de l’école de la république, de la vie... et de la démerde ! Samia, jeune CPE novice, débarque de son Ardèche natale dans un collège réputé difficile de la ville de Saint-Denis. Elle y découvre les problèmes récurrents de discipline, la réalité sociale pesant sur le quartier, mais aussi l’incroyable vitalité et l’humour, tant des élèves que de son équipe de surveillants. Parmi eux, il y a Moussa, le Grand du quartier et Dylan le chambreur. Samia s’adapte et prend bientôt plaisir à canaliser la fougue des plus perturbateurs. Sa situation personnelle compliquée la rapproche naturellement de Yanis, ado vif et intelligent, dont elle a flairé le potentiel. Même si Yanis semble renoncer à toute ambition en se cachant derrière son insolence, Samia va investir toute son énergie à le détourner d’un échec scolaire annoncé et tenter de l’amener à se projeter dans un avenir meilleur...
La critique de Julien
Il y a deux ans, Grand Corps Malade adaptait avec succès son roman "Patients" au cinéma, avec l’aide de son ami Mehi Idir. Autobiographique, ce livre racontait alors son année de rééducation dans un centre après son terrible accident. Sans chercher à épater, le film nous immergeait dans les couloirs d’un établissement de réhabilitation physique, où des relations étaient créées entre cinq jeunes victimes, et des émotions vécues. L’amitié, l’entraide, la peine et surtout l’espoir se reflétaient alors dans leur histoire, et cela avec une belle justesse, tandis que le film parlait aussi des maladresses de la vie, de nos choix de vie, et que celle-ci ne s’arrête pas avec l’handicap, mais se vit, d’une certaine manière, en connaissance de cause.
Mais changement de cap pour leur second film en commun, intitulé "La Vie Scolaire", puisqu’ils ont souhaité aborder le sujet de l’école, et plus précisément la période du collège, étant donné qu’ils en gardent de très bons souvenirs, et qu’il s’agit selon eux de celle où l’on se construit davantage, et découvre la vie.
On y suit alors l’arrivée de Samia Zibra (Zita Hanrot) en tant que nouvelle conseillère principale d’éducation (CPE) dans un collègue réputé comme difficile, et situé dans la zone d’éducation prioritaire de la cité du Franc-Moisin, à Saint-Denis. Originaire de l’Ardèche, elle a alors décidé de quitter sa région afin de pouvoir rendre régulièrement visite à son compagnon, incarcéré depuis peu en prison à la capitale. Bien qu’elle s’occupera de l’ensemble des élèves de l’école, les deux scénaristes penchent leur caméra sur la classe des "SOP" (sans options), avec laquelle elle rencontrera de nombreux problèmes, lié aussi bien à la discipline qu’à la réalité parfois dure de ces élèves... Elle y guidera alors le jeune Yanis, un élève brillant, mais qui, ne sachant quoi faire de sa vie, est insolent et gâche son année scolaire, ainsi que celle de ses professeurs. Tout en se questionnant sur son futur à Paris, Samia va alors essayer de sortir Yanis de son échec, en le prenant sous son aile...
"La Vie Scolaire" n’est pas le premier film à traiter de l’enseignement et ses problèmes, tout comme du relationnel qui y naît dans ses murs. Mais le film n’a pourtant pas à rougir de ses prédécesseurs dans le domaine. En effet, le film affiche une mise en scène rythmée et des dialogues souvent percutants, tout comme il développe ses personnages avec générosité, lesquels finissent par toucher (Liam Pierron - et son sourire en coin - est une belle révélation). Le film se veut alors vivant, et dégage une belle humanité. Maintenant, là où l’on découvrait un lieu peu de fois raconté au cinéma dans "Patients", ce second film n’offrent pas de surprises quant à ses propos, tandis que le principal message que l’on retiendra de "La Vie Scolaire", c’est que le système scolaire actuel n’est pas adapté à tous, et que certains en paient cher le prix. Mais il le transmet sans critique ni jugement, et encore moins envers ses personnages secondaires, et donc jeunes collégiens, aux agissements pas toujours très pertinents, bien que les adultes ne sont pas non plus en reste...