Signe(s) particulier(s) :
– premier spin-off de la saga "Fast & Furious", centrée ici sur les personnages Lucas "Luke" Hobbs (Dwayne Johnson) et Deckard Shaw (Jason Statham), alors que le premier a rejoint la bande à Dominic Toretto (Vin Diesel) dans "Fast and Furious 5" (2011), tandis que le second est apparu en caméo non-crédité dans "Fast & Furious 6" (2013), avant d’être l’antagoniste principal de "Fast & Furious 7" (2015).
Résumé : Depuis que Hobbs, fidèle agent de sécurité au service diplomatique des Etats-Unis, combatif mais droit, et Shaw, un homme sans foi ni loi, ancien membre de l’élite militaire britannique, se sont affrontés en 2015 dans Fast & Furious 7 ; les deux hommes font tout ce qu’ils peuvent pour se nuire l’un à l’autre.
Mais lorsque Brixton, un anarchiste génétiquement modifié, met la main sur une arme de destruction massive après avoir battu le meilleur agent du MI6 qui se trouve être la sœur de Shaw, les deux ennemis de longue date vont devoir alors faire équipe pour faire tomber le seul adversaire capable de les anéantir.
La critique de Julien
Comme si on n’en avait déjà pas assez, voilà qu’Universal Pictures a eu la mauvaise idée de développer un spin-off autour de la franchise à succès "Fast ans Furious", tel que Vin Diesel l’annonçait en novembre 2015 dans une entrevue avec Variety. En attendant de retrouver toute la bande à Dominic Toretto dans "Fast and Furious 9" en avril 2020 (avec Justin Lin aux manettes, lequel revient après avoir réalisé "Tokio Drift", ainsi que les épisodes 4, 5 et 6), place donc à "Hobbs & Shaw"...
Dans ce film dérivé, il est donc question d’une histoire centrée sur les deux agents incarnés respectivement par Dwayne Johnson et Jason Statham, lesquels ne peuvent pourtant se cerner, mais vont devoir tout de même s’allier contre l’organisation terroriste Eteon et son agent Brixton Lore (Idris Elba), génétiquement amélioré et capable de réaliser des exploits surhumains, menaçant le monde d’un virus mortel, appelé le Snowflake. Dans leur mission, ils seront très vite rejoints par la sœur de Shaw (Vanessa Kirby), laquelle, faisant partie du MI6, s’est injectée le virus en tant que porteur momentanément endormi lorsque Brixton a tenté de leur dérober. Informée comme une traîtresse, et avec le soutient improbable des médias, Eteon parviendra à faire de ce trio des suspects à arrêter, lesquels devront échapper aux forces de l’ordre et résister à Brixton. Mais pour cela, il leur faudra faire preuve de bonne foi et d’esprit d’équipe pour extraire ce virus d’Hattie Shaw, et surtout empêcher l’organisation d’atteindre son but extrémiste d’extermination...
Dirigé par l’ex-cascadeur David Leitch, à qui l’on doit "Atomic Blonde" (2017) et "Deadpool 2" (2018), ainsi que la co-réalisation de "John Wick" (2014) avec Chad Stahelski (tout en n’étant pas crédité à la tâche), "Hobbs & Shaw" est un film de théâtre criard qui montre vite ses faiblesses. Tout d’abord, le duo principal, qui se chamaille sans cesse, est totalement lourdingue et fatiguant. Des répliques aussi pauvres que les autres fussent alors à balle de guerre. On a ainsi la mauvaise impression de voir deux grands enfants qui font constamment des grimaces et se chambrent, tout ça, au bout du compte, pour en arriver à se considérer comme des frères d’armes. Pathétique ! Sans parler de quelques caméos même pas marrants, censés jouer les relais pour nos deux héros du jour, qui traversent le monde aussi vite que... rien en fait ! Idris Elba quant à lui, dans le rôle de l’antagoniste-marionnette, ne brille pas par son originalité, ni son charisme. On sent dès le départ que sa situation ne pourra trouver un dénouement heureux. Reste peut-être Vanessa Kirby dans le rôle de la sœur de Shaw, peut-être aussi forte que ses deux collaborateurs, elle qu’on avait déjà vue dans "Mission : Impossible 6 - Fallout".
Parlons maintenant du scénario. Alors que la franchise "Fast and Furious" a profondément implanté son ADN par le thème de la famille, ce film-ci essaie également de nous le rabattre sans grande finesse, et même avec paresse. Ainsi, les deux mastodontes vont devoir se faire pardonner ou recréer le contact avec un frère ou une sœur, ce qui ne sonne évidemment pas très juste, et plutôt opportuniste. Le film met alors en place des ficelles aussi grosses que des camions, et en l’occurrence pas très rapides, ni très furieux. "Hobbs & Shaw" avance alors en pilotage automatique, tire en longueur, en proposant toujours les mêmes scènes, à la fois survoltées et bruyantes, jusqu’au final, surréaliste, sur l’archipel d’Hawaï (simulant les îles Samoa), où Dwayne Johnson et toute sa tribu se prennent pour des rugbymen...
Vous l’aurez compris, on est ici dans le grand n’importe quoi. De plus, l’intrigue tourne davantage ici vers le film de science-fiction plutôt que de l’action en bonne et due forme. Alors certes, les cascades ne sont déjà pas crédibles pour un sou dans les films originaux, mais elles sont au moins très passionnantes, car dangereuses et extrêmement bien exécutées. Mais dans "Hobbs & Shaw", elles sont écrasées dans un lot d’effets numériques illisibles, et aux couleurs saturées nauséabondes, tel qu’en témoigne la scène d’évasion sur le site reconstitué de la tristement célèbre centrale nucléaire de Tchernobyl.
Alors que d’autres spin-off étaient annoncés, on doute que le studio se lance toute de suite dans d’autres projets, étant donné le box-office domestique pour le moment décevant de "Hobbs & Shaw" vis-à-vis de son budget de production. Et on comprend pourquoi !