Signe(s) particulier(s) :
– vingt-troisième film du MCU et deuxième opus des aventures de "Spider-Man" joué par Tom Holland (lequel a signé pour six films), après "Spider-Man : Homecoming du même réalisateur en 2017 ;
– Chris McKennaand et Erik Sommers, deux des scénaristes du précédent film, signent ici le scénario de cette suite, tandis que Michael Keaton, interprétant l’antagoniste (le "Vautour") du précédent film, fut un temps présenti pour reprendre ici son rôle, ce qui n’est finalement pas le cas.
Résumé : Peter Parker est profondément atteint par le décès de son mentor Tony Stark et a du mal à faire son deuil. Il part en voyage scolaire en Europe avec ses amis. Mais son voyage deviendra mouvementé lorsqu’il sera chargé par Nick Fury de faire équipe avec Mystério, et découvrira les terribles conséquences du claquement de doigts de Thanos : l’existence du multivers, c’est-à-dire plusieurs réalités temporelles différentes d’où viennent les Élémentaux, des monstres capable de contrôler les éléments comme le feu, l’eau, la terre et l’air, lesquels sont responsables de plusieurs attaques qui ravagent le continent.
La critique de Julien
Coup de tonnerre pour les fans du Marvel Cinematic Universe en avril dernier. Alors que "Avengers 4 : Endgame" s’apprêtait à déferler dans les salles du monde entier, le président de Marvel Studio, Kevin Feige, a déclaré que ce ne serait finalement pas ce film (tant attendu) qui allait clôturer la Phase 3 de son univers. Cette annonce, plutôt étonnante, venait finalement répondre aux conséquences de l’affrontement entre Thanos et les Avengers, desquelles Peter Parker n’en ressortait sentimentalement pas indemne (no spoiler), et auxquelles il fallait donc donner une suite. "Spider-Man 2 : Far From Home" joue donc aujourd’hui ce rôle, alors que "Endgame", toujours en salle, est à l’aube d’atteindre (on l’espère) la recette totale mondiale de "Avatar" de James Cameron, pour ainsi devenir le film ayant rapporté le plus d’argent à travers le monde (en dollars non-ajustés).
"Far From Home" se situe donc seulement quelques mois après les événements dudit film, alors que Peter part en voyage scolaire avec ses amis de classe, et certains de leurs professeurs, en commençant par la ville de Venise. Alors qu’il laissera son costume à la maison afin de profiter pleinement de la pause dont il a besoin, Peter ne pourra cependant pas échapper longtemps à Nick Fury, lequel désire dans un premier temps faire de lui un "Avenger" confirmé, mais surtout lui léguer les lunettes de Stark (destinées à son successeur), équipées de l’intelligence artificielle E.D.I.T.H., qui a accès à toutes les bases de données de Stark Industries, et commande une grande quantité d’armes orbitales. Mais le petit ne s’en sentira pas digne... Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, et alors que sa volonté était de conquérir le cœur de MJ, Peter n’aura que peu de répit dans sa vie de super-héros, étant donné qu’un monstre d’eau sèmera le chaos à Venise. Heureusement, un nouveau super-héros fera son apparition, en la personne Quentin Beck, dit "Mysterio". Beck affirmera alors que les monstres en question sont appelés les "Elémentaux", résultant du claquement de doigt de Thanos, lesquels ont tué sa famille, tandis qu’ils sont originaires d’une réalité différente, parmi beaucoup d’autres, dans le Multivers... Mais alors que l’élémentaire de feu (le puissant de tous) s’apprête à déferler sur Prague, Parker et Beck vont devoir faire équipe, en vue de l’éliminer. Pour Peter, pas de doute, Quentin mérite d’être, à sa place, le nouveau "Iron Man"...
Pendant de nombreuses minutes, on se demande bien vers où se dirige le scénario de ce "Far From Home". On sait juste qu’au travers de celui-ci, Peter est censé accepter son destin de super-héros, et dès lors assumer tout l’espoir, placé en lui par Tony Stark. Mais il lui faudra d’abord oser extérioriser sa peine, pour en sortir plus fort, tout comme écouter sa "petite antenne" ("Peter-Tingle" en VO), autrement dit un certain sens qui le différencie de ses autres compatriotes, et qui fera de lui un être unique... La mue du personnage n’est ici que logique dans cette suite, laquelle repose une nouvelle fois sur une ambiance très adolescente, où l’humour bon enfant côtoie une quête amoureuse où notre héros prend (enfin) les devants. En effet, Peter Parker ne se considère pas encore ici au départ comme un adulte, lui qui cherche beaucoup d’excuses, et ne se rend pas à l’évidence. Mais force est de constater qu’il va énormément grandir dans cet épisode, ce qui est sans doute la meilleure chose que nous offre le film, soit de pouvoir voir l’homme-araignée prendre du galon, et donc s’affirmer. Mais il le fera tout le long d’un affrontement avec des ennemis, dont des surprises pour lesquelles il est, pour l’occasion, difficile de ne rien dire. Mais on se taira. Malheureusement, la première partie du film n’est ni assez cohérente, ni assez fouillée pour ne pas sentir qu’il y a anguille sous roche. Ainsi, certains faits, gestes et manques d’explications ne trompent pas...
Outre le moment venu de prendre ses responsabilités, ce second épisode solo des aventures de Peter Parker (après le très frais "Homecoming") est aussi celui de la vérité autour du visage du super-héros, lequel n’aura jamais été aussi en danger que d’être démasqué. Et cette position de révélation autour de notre modeste Peter Parker pèse assez bien avec celle de son ennemi, lequel n’est ici qu’affabulation, falsification, prestidigitation, et frustration. Indirectement, le film présente donc des personnages totalement opposés, et en joue dans son déroulement. Par contre, l’idée de clôturer la Phase III du MCU par ce film n’est pas totalement justifiée, dans le sens où le passage du deuil à un seuil identitaire reste ici assez classique dans le schéma du personnage perdu, puis (re)trouvé. Alors certes, le jeune héros est toujours aussi touchant, et plein de surprises, mais il ne rivalise en rien à lui seul face eux imposants enjeux des deux derniers "Avengers"...
Face à Spider-Man, les "Élémentaux" font donc leur apparition, eux qui sont des êtres mystiques basés sur les quatre éléments. Alors qu’ils ont été créés par Tony Isabella et Val Mayerick, et sont apparus pour la première fois dans "Supernatural Thrillers" #8 en juillet 1974, ces monstres n’ont pourtant aucun lien avec l’univers de "Spider-Man", lesquels ont en plus une apparence humaine. Cependant, leur apparition détournée offre ici un joli mea-culpa quant à une autre menace qui plane sur Spider-Man, et des milliers de personnes. Quant à Mysterio, féru de cinéma et d’illusionnisme, il est apparu pour la première fois dans le comic book "Amazing Spider-Pan" (vol. 1)" #13 en juin 1964. Vêtu d’une longue cape verte, d’un casque sans tain en forme d’aquarium et armé de gazs asphyxiants (et de bien d’autres choses), ce personnage créé par Stan Lee et le dessinateur Steve Ditko s’ouvre ici une porte d’entrée dans l’équipe des Avengers (c’est ce qu’espère en tout cas Nick Fury), lequel vient ici mettre des bâtons dans les roues aux Elémentaux, alors qu’ils ont détruit son monde, et exterminé sa famille. Bien entendu, il sera aidé par Spider-Man, tandis qu’il va aussi montrer aux yeux du monde qu’il existe...
Bien qu’il ne possède aucun super-pouvoir, mais bien des armes biologiques (il est un expert en chimie) avec lesquelles il hypnose et neutralise, Mysterio manie la haute technologie visuelle, qu’il utilise pour tromper l’ennemi, telle que des illusions holographiques ou des effets spéciaux grandeur nature à l’aide de drones à projecteurs sophistiqués. Cela donne à voir d’exceptionnelles scènes cauchemardesques et de mise en abîme, où ses adversaires, pris dans son hallucinante machinerie, ne peuvent distinguer la réalité du virtuel.
Mais dans l’ensemble, si la menace permet son tour de passe-passe sympa, et offre son lot de scènes ébouriffantes, elle est au fond très grotesque...
"Spider-Man 2 : Far From Home" donne donc à voir un spectacle estival et fun, et une nouvelle fois propre au savoir-faire du MCU en termes de divertissement. Tourné aussi bien à Venise, Prague, et à Londres, cet opus mise sur l’évolution de son personnage central, toujours aussi enjoué par Tom Holland, bien plus convaincant dans son rôle que l’est Jake Gyllenhaal dans celui de Mysterio, alias Quentin Beck. Mais les condisciples de Peter, de MJ (Zendaya), Ned (Jacob Batalon) à Harold "Happy" (Jon Favreau), et sa relation avec Tante May (Marisa Tomei), viennent compléter avec efficacité ce tableau toujours aussi tendre et fougueux.