Signe(s) particulier(s) :
– second film mis en scène par Héctor Cabello Reyes après "7 Jours Pas Plus" (2017) avec Benoit Poelvoorde, lui qui était le co-scénariste de tous les films d’Eric Lavaine jusqu’à "Retour chez ma Mère" (2016) ;
– l’idée originale du scénario de ce film vient de Bruno Bénabar, lui qui tient aussi l’un des quatre rôles principaux du film, et qui avait d’ailleurs écrit un chanson sur la séparation d’un couple et la tendance des ex-beaux-parents à prendre fait et cause pour leur ex-gendre, plutôt que pour leur fille ;
– dans le film, le père d’André (Didier Bourdon) est campé par le chanteur d’opéra (baryton basse) Ruggero Raimondi, selon, une fois de plus, une idée de Bénabar.
Résumé : Coline et André sont en parfaite harmonie avec leur fille, Garance, et leur gendre Harold. Mais Garance se sépare d’Harold et ordonne à ses parents de ne plus jamais le revoir. Les beaux-parents ne peuvent s’y résoudre : elle l’a largué, mais pas eux ! Ils devront mener une double vie pour continuer à voir leur gendre adoré, en cachette de leur fille, qui ne va pas les lâcher...
la critique de Julien
Voilà près de dix ans jour pour jour que le cinéaste Héctor Cabello Reyes et (Bruno) Bénabar se sont rencontrés pour les besoins du film "Incognito". Le premier en était le co-scénariste, tandis le second l’accompagnait dans cette tâche (au même titre que son réalisateur Eric Lavaine), alors qu’il y tenait également l’un des rôles principaux, avec le regretté Jocelyn Quivrin, auquel il a dédié la chanson "Les Mirabelles" dans son album "Les Bénéfices du Doute" (2011). Depuis, Cabello Reyes et l’auteur-musicien-compositeur-interprète et acteur ont notamment écrit ensemble la pièce de théâtre à succès "Je Vous Ecoute" (2016), mise en scène par Isabelle Nanty. Aujourd’hui, les deux amis se prêtent une nouvelle fois au jeu de la comédie cette fois-ci vaudevillesque, qu’ils ont co-écrit, laquelle met également en vedette Josiane Balasko et Didier Bourdon, eux qui avaient déjà tourné quelques scènes ensemble dans "Le Grand Partage" (2015) d’Alexandra Leclère.
"Beaux-Parents", c’est l’histoire d’Harold (Bénabar), largué par sa compagne Garance (Charlie Bruneau, avec ses airs de Rebecca Fergusson), alors qu’ils s’apprêtaient à faire un enfant, ce dont rêvaient en plus ses beaux-parents, d’autant plus qu’ils adoraient leur gendre. Mais ça, c’était avant qu’Harold ne reçoive de drôles de messages de la part de Chloé, l’épouse de son meilleur ami Hervé (Bruno Salomone), en chaise roulante, sur lesquels est tombée Garance, alors que Chloé court après Harold depuis pas mal de temps, sauf qu’il ne s’est pourtant jamais rien passé entre eux... Évidemment, cette fausse découverte va être assez rude pour Garance, elle qui est un peu extrémiste dans ses réactions et choix, et cela malgré les explications de son homme. Mais ses beaux-parents ne vont pas avoir aussi facile à couper le cordon avec leur ex-beau-fils, qu’ils vont continuer à voir en cachette, dans le dos de leur fille, qui guette...
Héctor Cabello Reyes et Bénabar ont dû beaucoup s’amuser à écrire cette comédie. C’est que le personnage principal a beau essayé de s’expliquer auprès de sa compagne à plusieurs reprises, il lui arrive à chaque fois une situation qui l’enfonce encore plus dans son cas ! Autrement dit, les scénaristes n’ont pas manqué ici d’imagination... Quiproquos tendancieux et coïncidences malencontreuses sont donc au programme de cette histoire jouant dans les mêmes contrées que celles du film "Le Gendre de ma Vie" (2018) de François Desagnat, avec Kad Merad.
Tout comme on peut le lire sur l’affiche du film, on s’attendait à découvrir des beaux-parents "attachants, affectueux, possessifs et envahissants". Campés par Didier Bourdon et Josiane Balasko, s’il faut bien avouer que leur choix de continuer à voir leur ex-gendre dans le dos de leur fille est particulier et cocasse, c’est finalement cette dernière en question qui sera au centre des situations humoristiques. C’est en effet chacune de ses apparitions qui mettra ses parents et son ex dans des moments embarrassants, lesquels il faut l’avouer, rythment le film avec beaucoup d’efficacité. Mais concernant la marchandise que l’affiche nous vendait, ce n’est pas totalement la bonne...
"Beaux-Parents" hésite aussi entre cinéma et théâtre filmé. À chacune des confrontations entre personnages, la caméra du cinéaste se pose pour alors laisser entièrement place au jeu des acteurs en premier plan, quitte à en oublier le cadre, ainsi que le réalisme. À ces moments-là, les mots accentués, les mimiques prononcées, ou encore la chorégraphie des acteurs prennent un tout autre sens, tel que si étaient sur scène. On a alors la curieuse impression d’assister à de nombreux moments déconnectés du reste, lesquels s’emboîtent tout de même avec le reste. Et puis, cela donne un certain charme désuet, sans prétentions, et comique au film.
Le spectateur appréciera les mésaventures d’Harold, lequel n’aura vraiment pas de chances, bien qu’on se doute que tout rentrera dans l’ordre pour lui. C’est finalement peut-être à ce niveau-là que la comédie de Héctor Cabello Reyes ne sort pas du lot, elle qui reste tout de même prévisible dans sa trame scénaristique centrale, mais pas tout le tant dans ses ressorts. Mais qu’importe, puisque le sourire est bien présent, d’autant plus que la plupart des personnages secondaires ont droit à une écriture bien typée, laquelle amène également, à un moment ou à un autre, son moment savoureux.