Synopsis : Près du Lac de Côme en Italie. Les familles de la richissime Carla Bernaschi et de Dino Robelli, agent immobilier au bord de la faillite, sont liées par une même obsession : l’argent. Un accident la veille de Noël va brutalement changer leurs destins.
Acteurs : Valeria Golino, Fabrizio Bentivoglio, Valeria Bruni Tedeschi, Fabrizio Gifuni, Luigi Lo Cascio, Giovanni Anzaldo, Guglielmo Pinelli.
Si le titre d’origine (Le capital humain) ne se comprend qu’après le dernier plan du film, en revanche, le titre français "Les Opportunistes" manque cruellement de pertinence.
Le film se présente en six parties : un prologue, quatre "actes" et un épilogue.
Il s’agit de l’adaptation du roman Human Capital publié en 2004 par Stephen Amidon (1959), romancier et critique cinéma américain. Le réalisateur transpose l’intrigue des USA (Connecticut) en Italie (Brianza, Lombardie). Le film pourrait s’apparenter par certains aspects à un film comme 11:14 de Greg Marcks (2004) et donc au genre du mindfuck. Pourrait car l’analogie ne porte que sur le fait que trois points de vue bous sont montrés, trois approche, trois regards sur un événement.
Ainsi le prologue nous montre l’accident de la route de Fabrizio (serveur dans une soirée lors des fêtes de Noël) qui rentre plus tôt que prévu chez lui, à vélo et qui est renversé par un automobiliste en 4x4 qui prend la fuite.
Les quatre parties suivantes nous feront découvrir les itinéraires de trois personnes dans les mois qui précèdent l’accident et dont l’existence aura un lien plus ou moins direct/indirect avec l’accident. Ainsi Dino, un agent immobilier en quête d’un bon placement pour son argent... et pour sa fille. Ensuite, Carla, épouse oisive de Giovanni Bernaschi dont le fils, Massimilano, est amoureux de la fille de Dino, Serena. Celle-ci sera au centre du troisième et dernier "acte" qui nous permettra de découvrir qu’elle est amoureuse d’un autre garçon Luca Ambrosini. Celui-ci est élevé par un oncle délinquant et en fait les frais car il est lui aussi considéré comme tel (alors qu’il n’a pas voulu dénoncer son oncle). De ce fait, Luca doit être suivi psychologiquement. C’est Roberta, psychologue et épouse de Dino qui est chargée de ce suivi.
Le dernier acte nous fait découvrir la "solution" : qui est coupable, pourquoi et comment les choses sont arrivées et surtout comment celles-ci sont liées à des petits riens, des grains de sable, insignifiants qui ont conduit au drame. Celui-ci aura encore des conséquences en aval.
L’épilogue se situe quelques mois plus tard. Tout s’est "stabilisé" voire amélioré et le "coupable" (les guillemets sont ici essentiels et qui aura vu le film les comprendra) en prison. Restera un chiffre 218 976,00 € celui que le propriétaire de la voiture devra verser à la famille du cycliste décédé. Cette somme correspond "au « capital humain » calculé par les assurances sur la base de l’espérance de vie, du revenu potentiel, du nombre et de la qualité des relations affectives du défunt" (source Wikipedia).
Tout l’art du film réside en la double approche. La première, clairement visible, les jeux troubles et admettons "opportunistes" pour se réconcilier avec le titre français !, d’hommes et de femmes issus de la haute société (ou qui tentent d’y accéder). Qu’elle soit italienne (du Nord) est ici de peu d’importance à mon estime. Il y a là des éléments qui même transposés des USA (du roman) à la Lombardie (dans le film) dépassent les cadres géographiques. Toutefois, il s’agit aussi, ici, pour ce film, d’un regard tragique mais également "tragi-comique" sur une façon de vivre, de s’intégrer et de se rêver en société. Ainsi Dino qui rêve d’ascension sociale et de placements financiers rentable en envisageant une alliance de sa fille avec le fils d’un homme d’affaire. L’épouse de celle-ci qui rêve de réhabiliter un théâtre que l’on veut détruire et qui sera finalement sacrifié par son époux pour gérer ses affaires et ses finances.
Mais une seconde est quasi cachée, presque absente et révélée par le chiffre final qui nous fait découvrir le "prix" de la vie. Il s’agit du serveur qui au gré d’une nuit où il quitte une heure plus tôt son job - en quelque sorte l’heure de trop - perdra sa vie à la suite d’un banal et terrifiant enchainement de circonstances terriblement fortuites...
Ce chiffre, quel que soit la validité du montant, vient remettre au coeur du récit celui que nous avons oublié, cet homme-là, hors des "jeux de société" et qui perd la vie une nuit de fête.
Enfin, il y a la découverte qu’il aurait suffit de très peu de choses, un kairos qui n’a pas été saisi, pour que les choses se passent autrement. ...si Carla avait décroché le téléphone alors qu’elle était occupée à batifoler avec son jeune amant en rêvant de sortir de la futilité et de l’insignifiance de sa vie grâce à la réhabilitation d’un théâtre !
Il peut aussi être intéressant de lire cette interview du réalisateur.